Pourquoi deux tonnes d'ivoire vont être détruites à Reims ce mardi

Une importante destruction d'ivoire est organisée ce mardi 28 novembre dans l'agglomération rémoise. Une action qui vise à lutter contre un trafic responsable de la mort de milliers d'éléphants chaque année. Dans ce sens, depuis 2015, les particuliers ont aussi la possibilité de faire des dons d'ivoire et se mettre ainsi en conformité avec la réglementation.

Ce mardi 28 novembre, dans l'agglomération de Reims, un important stock d'ivoire sera broyé puis incinéré sous les yeux de Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Biodiversité. Cette opération de destruction organisée par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) et l'Office français de la biodiversité (OFB) est aussi une manière de communiquer sur la lutte contre le trafic de cette substance.

L'ivoire est la matière principale contenue dans les défenses d'éléphants, ce qui vaut à ces derniers un braconnage intensif. Selon IFAW, il reste aujourd'hui 400 000 éléphants en Afrique, soit un déclin de 70 % par rapport aux années 1970 durant lesquelles la population d'éléphants s'élevait à 1,3 million d'individus. En un siècle, c'est même 90 % de la population d'éléphants qui a disparu.

2000 kg d'ivoire = 200 éléphants tués

Concrètement, les 2000 kilos d'ivoire détruits dans la Marne représentent environ 200 éléphants dont les défenses sont convoitées pour des articles de décoration notamment. "Procéder à la destruction de cet ivoire permet d’en retirer un maximum du circuit afin d’éviter de futures mises en vente, qui seraient illégales", explique Olivier Thibault, directeur général de l'OFB.

Une partie du stock qui sera détruit provient de la campagne «Je donne mon ivoire» lancée depuis 2015 par IFAW. L'ONG incite les personnes possédant tout objet en ivoire – défenses, bibelots, bijoux – à le remettre à des fins de destruction. Une action qui semble porter des fruits. Lors de la dernière campagne en 2018, une tonne d'ivoire a pu être ainsi récupérée et détruite. IFAW est ainsi régulièrement sollicitée par des particuliers souhaitant se débarrasser de leurs objets.

"La demande exponentielle pour la prise en charge de ces objets depuis la première collecte en 2015 témoigne du réel besoin d’offrir aux particuliers une solution pour se dessaisir de leur ivoire, que ce soit par conviction éthique ou faute de pouvoir le vendre légalement suite aux dernières évolutions de la réglementation", déclare Mia Crnojevic-Cherrier, chargée de campagnes chez IFAW, dont l'antenne française est basée à Reims.

Pour chaque kilo d’ivoire collecté par IFAW, l’association s’engage, avec son partenaire Wild is Life, à planter un arbre indigène tels que les acacias et les baobabs afin de contribuer à la restauration de certains habitats des populations d’éléphants au sein des Forêts Panda Masuie et Fuller au Zimbabwe.

Avec cette opération de destruction organisée à Reims, en présence de la secrétaire d'État à la Biodiversité, IFAW envoie aussi un message au gouvernement français. Car au-delà de ces opérations médiatiques ponctuelles, l'objectif serait de pérenniser ces processus de dons de manière sécurisée, d'où l'idée d'une prise en charge de ces campagnes par l'État, comme c'est le cas en Belgique ou aux Pays-Bas.

Que dit la réglementation sur l'ivoire ?

Depuis quelques années, l'Union européenne a fortement restreint le commerce de l'ivoire, interdisant les importations et les réexportations tant d’ivoire brut que d’ivoire travaillé. Quelques exceptions subsistent, pour les antiquités et certains instruments de musique. En France, un arrêté interdisant le commerce de l'ivoire d'éléphant a été pris en 2015 à l'initiative de Ségolène Royal, alors ministre de la Transition Écologique.

En France, on peut vendre de l'ivoire travaillé ancien (c'est-à-dire datant d’avant 1947 et sculpté), mais seulement dans certaines conditions très restreintes. Les personnes qui vendent légalement de l'ivoire travaillé doivent disposer d'un certificat (CIC) visé à l’article 10 du règlement de l’UE, délivré par la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) qui autorise de vendre légalement l'objet en question. Toute vente d'ivoire brut est désormais interdite.

Ramener de l’ivoire de l’Afrique ou de l’Asie n’est possible que dans des cas très exceptionnels (concernant principalement de l’ivoire ancien, les instruments de musique et seulement avec les autorisations nécessaires). Il est en effet illégal de vendre de l’ivoire récent.

Dans l'Union Européenne, de nouvelles réglementations sont entrées en vigueur en janvier 2022 :

◦ Suspension des réexportations et importations d’ivoire brut, avec dérogations (très limitées) selon certaines conditions ;
◦ Suspension du commerce intra-UE d’ivoire brut, sauf pour la restauration et dans des cas spécifiques.
◦ Suspension du commerce intra-UE d’ivoire travaillé post-1947
◦ Restrictions sur les permis d’importation et de réexportation concernant l’ivoire travaillé, dans certaines situations seulement.

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