Le 29 janvier 2024 auront lieu les élections du président de la communauté urbaine du Grand Reims. La démission de Catherine Vautrin, désormais ministre du Travail, de la Santé et des solidarités, a précipité l'organisation d'un nouveau vote. Si la candidature d'Arnaud Robinet ne faisait aucun doute, celle de Charles Gossard, maire divers gauche de Fismes, est arrivée dans la boîte mail des 206 élus du Grand Reims, ce vendredi 19 janvier en fin de journée.
Ils ne se sont sûrement pas donné le mot, mais à quelques minutes d'intervalle, leurs candidatures sont arrivées dans les boîtes mails des élus et des conseillers communautaires.
Arnaud Robinet, maire Horizon de Reims, et Charles Gossard, maire divers gauche de Fismes, sont tous deux candidats au poste de président de la communauté urbaine du Grand Reims.
Si la candidature d'Arnaud Robinet n'est pas une surprise, il a même reçu le soutien de Catherine Vautrin et des 14 vice-présidents de la communauté urbaine, celle de Charles Gossard, maire de Fismes et conseiller communautaire, l'est davantage.
Mais qu'est-ce qu'on veut ? On en veut de la campagne ou on n'en veut pas ?
Charles Gossard, maire de Fismes, candidat à la présidence de la communauté urbaine du Grand Reims
"Ce n'était pas mon objectif premier de prendre la présidence du Grand Reims, explique Charles Gossard. Mme Vautrin n'étant plus là, il est temps peut-être de faire une alternance à une gouvernance. Vous avez des communautés urbaines ou des communautés de communes qui sont gérées soit par le maire de la plus grande ville, soit par un maire extérieur comme à Lyon, Stransbourg. C'est également le cas tout près de chez nous à Châlons-en-Champagne où c'est le maire de Saint-Martin-sur-le-Pré qui est le président. Il n'y a pas toujours la même vision des choses ce qui permet d'équilibrer les territoires".
Mi-mandat, l'opportunité de faire valoir le monde rural
Le maire divers gauche affiche clairement la couleur. Le changement de cap, il le souhaite ardemment. Que la communauté urbaine du Grand Reims, dirigée par un élu de la ville de Reims depuis sa création, change de mains. "Si jamais nous avions été à six mois d'une élection, cela n'aurait pas servi à grand-chose, précise Charles Gossard. Là, nous sommes à mi-mandat. Lors de ses vœux, mais aussi dans la presse, Arnaud Robinet a insisté lourdement sur le fait qu'il fallait prêter attention aux petits villages. Cette insistance montre bien que naturellement, il y a un problème. Les petits villages se sentent quelque part mal informés, il y a peut-être des choses à refaire, peut-être un manque de débats. Il faut essayer de renouer. Nous sommes obligés de travailler ensemble. C'est bien une communauté urbaine "XXL". On n'a pas toujours les mêmes visions. Quand on nous donne les chiffres et que l'on nous dit que la part financière des villages a augmenté, mais que la campagne coûte cher. C'est normal. Il y a plus de routes, des bois intercommunaux à soigner, à entretenir par exemple. Mais qu'est-ce qu'on veut ? On en veut de la campagne ou on n'en veut pas ?"
Dans son mail envoyé à l'ensemble des maires de communauté urbaine et des conseillers communautaires, Arnaud Robinet, actuel 2e vice-président, s'adresse aux communes rurales : "Nous sommes sur le même navire, d’Aubilly 52 habitants, à Reims 180 000 habitants, et nous avons une seule et même destination, celle de la réussite de notre territoire. D’autant que maire de Reims ou d’une commune rurale, ce qui peut sembler bien différent de prime abord, nous partageons en réalité tellement de choses."
Quand vous apprenez par la presse différentes choses et que les élus ne sont pas au courant, ça ne peut pas aller.
Charles Gossard, maire de Fismes candidat à la présidence du Grand Reims
Convaincre pour changer de cap et remettre les "petites" communes au centre du débat. C'est le souhait du candidat de Fismes. Convaincre pour continuer le travail entamé depuis la création de la communauté urbaine, c'est celui d'Arnaud Robinet. Les deux candidats ne sont pas du même bord politique, et aucun d'entre eux ne souhaite entrer dans ce jeu-là. "Ce n'est pas une opposition, dit encore Charles Gossard. Je ne travaille pas avec l'opposition mais avec une alternance. On peut avoir d'autres idées pour travailler autrement". Dans la lettre qu'il adresse aux élus pour les informer de sa candidature il reprend une formule de l'ex-présidente Catherine Vautrin : "ce n’est pas au conseil communautaire que les affrontements politiques doivent avoir lieu, mais au sein des conseils municipaux où les oppositions jouent leur rôle".
Une alternance pour quel projet ?
Mettre du lien. Mettre du liant entre tous. Commune de 50 habitants, villages de plusieurs centaines de personnes aux bourgs plus importants, jusqu'à la ville de près de 190 000 habitants. Un exercice qui peut vite être périlleux si tous les élus ne vont pas dans le même sens. Certains pourraient se sentir oppressés voire isolés, "C'est tout à fait ça, reprend Charles Gossard, je pense qu'il faut le travailler plus en amont ce liant. Quand vous apprenez par la presse différentes choses et que les élus ne sont pas au courant, ça ne peut pas aller. Le débat c'est démocratique. On y a droit sans que les choses soient imposées. La personne qui dit : la communauté de communes c'est bien comme ça... ce n'est pas possible. Obligatoirement le monde avance et l'agglo doit avancer avec des modifications".
C'est bien de faire un état des lieux de temps en temps. Se demander ce qui est bien, ce qui est moins bien et de concerter tous les maires et les élus.
Charles Gossard maire de Fismes et candidat au poste de président du Grand Reims
"La priorité est de stabiliser l'équipe car il n'y a plus de directeur général des services. Il est parti", explique encore le maire de Fismes. Plus de DGS, plus de directeur de cabinet, tous deux ont rejoint Catherine Vautrin au ministère du Travail et de la Santé. "Ça va être la première chose à faire. Et puis, ensuite il va falloir engager un cercle de concertation par les pôles. On a différents pôles et donc s'engager avec un cercle de concertation pour écouter les gens. C'est bien de faire un état des lieux de temps en temps. On est à mi-mandat, c'est peut-être le moment de le faire. De se demander ce qui est bien, ce qui est moins bien et de concerter tous les maires et les élus. C'est un point d'étape".
Savoir le point de vue des élus sur les nouvelles offres de mobilité, ce nouveau contrat qui régit les transports en commun. Développement suffisant ? Renégociations à la hauteur ? Toutes les communes du Grand Reims sont-elles satisfaites ? "Voilà une question à poser à tous les maires", reprend Charles Gossard avec enthousiaste. Cela veut-il dire, qu'en amont, il n'y a pas eu suffisamment de concertations ? "Il semblerait que cela peut s'améliorer" explicite encore le candidat.
Charles Gossard reste sur la retenue. L'heure n'est pas aux critiques mais à l'amélioration des pratiques. "Je n'ai pas envie de polémiquer parce que je pense que ça n'est pas le moment. Tomber dans une campagne politique, polémique, cela n'avancera à rien. Arnaud Robinet, le maire de Reims, il n'est pas comme ça non plus. On avance tous les deux avec des optiques, lui de la ville, moi de la campagne. Pour peut-être se rassembler. Si je suis élu, il me paraît naturel qu'Arnaud Robinet soit le 1er vice-président. Il faut que l'on travaille ensemble. Que l'on est une optique différente, que l'on crée le débat, que l'on crée les discussions".
ll va falloir aussi accélérer notre décarbonisation. Quelle est la trame verte du Grand Reims ? Il va falloir s'affirmer par rapport à cela.
Charles Gossard, maire de Fismes et candidat à la présidence du Grand Reims
Au-delà de la stabilité de la direction générale, de la mise en place de cercles de discussions, Charles Gossard, dans sa lettre aux élus, évoque aussi des points importants voire prioritaires à instaurer comme "mettre en place des guichets de proximité aux habitants et améliorer leur accès aux services publics intercommunaux". Ou encore "engager une totale transparence sur tous les sujets d’investissement. Favoriser l’éducation de nos enfants, dans les pôles concernés. Renforcer sur tout le territoire notre attractivité économique et touristique. Accélérer notre décarbonation, réfléchir à un projet de ceinture verte maraîchère autour de Reims. J'ai vu qu'Arnaud Robinet propose aussi de favoriser les services aux petites villes, de faire un bureau central administratif pour aider tous les maires qui sont tout seuls. C'est très très bien, on aurait dû les mettre beaucoup plus tôt. Parce que nous, on a quand même de la chance. Je suis maire d'une petite ville de 5800 habitants, j'ai un DGS, j'ai un comptable, j'ai la police, mes adjoints. Tout cela, ce sont des services. Mais un maire d'un village, ces responsabilités-là, il les a tout seul".
Le maire de Reims, effectivement, évoque ainsi son soutien aux petites communes : "Nous devrons étudier la possibilité de créer une plateforme « Grand Reims Services » permettant de mettre des moyens à disposition des communes comme des balayeuses, des manitous, du matériel (...) Il serait aussi intéressant d’expérimenter, dans un ou deux pôles territoriaux, la mise en place d’une équipe de deux agents disposant d’une camionnette pour réaliser les petits travaux d’entretien. De la même manière, je pense qu’il sera impératif de renforcer le fonds de soutien aux investissements communaux et d’élaborer un Guide des aides du Grand Reims (...) "
Une opportunité
Aider les plus petits que soit. Leur donner plus de visibilité. Leur permettre l'accès à des services mis à disposition par des villes qui en sont déjà dotées. C'est ainsi que Charles Gossard envisage son arrivée à la tête du Grand Reims s'il est élu. Quant au projet global de la communauté urbaine, il est en place et il compte bien s'appuyer dessus.
"On a écrit un projet de territoire, explique encore le maire de Fismes, conseiller communautaire. C'est Mr Fortuné, le maire de Tinqueux, qui l'a mené et il a été adopté par tout le conseil communautaire et on est dans cette réalisation et dans cette continuité. On ne va pas refaire un projet de territoire. On est sur le travail du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) et du Plan Local d'urbanisme intercommunautaire et habitat (PLUIH). Ce dernier est hyper important et la campagne, elle a sa place à prendre là-dessus et son mot à dire par rapport à cela. Comment cela va s'orienter, comment on va travailler sur le monde agricole ? Ça va être compliqué. Il va falloir aussi accélérer notre décarbonisation. Quelle est la trame verte du Grand Reims ? Il va falloir s'affirmer par rapport à cela. Comment peut-être limiter la voiture sur certains endroits, Tout cela est à travailler. Mais il est évident, et je suis clair, que l'on ne va pas abroger les projets qui ont été faits. Si le maire de Reims veut enlever le pont Charles de Gaulle, il le fera. C'est la politique de sa ville. Jamais on ne doit s'interférer dans la politique du maire. Le maire fait ses choix".
Une opportunité pour la communauté urbaine d'avoir à sa tête un maire d'une petite ville ? "C'est ce que je pense", insiste le maire de Fismes.