Le restaurant universitaire du campus Croix Rouge de Reims est fermé pour an. Des travaux de rénovation énergétique et une restructuration de la salle du self ont débuté début janvier. Prévenus, pour certains par mail pendant les vacances de Noël, les étudiants se demandent s’ils vont pouvoir tous se restaurer chaque jour.
Elles sont venues avec leurs repas tirés du sac. Léa et Lou-Marie, toutes deux étudiantes boursières à Reims, ont préféré assurer leur pause repas. "Nous avons en moyenne entre 30 minutes et une heure pour déjeuner le midi. Déjà en temps normal c’est compliqué, car il y a entre 20 et 25 minutes de queue avant de pouvoir manger. Là, avec la fermeture du self, nous ne savons pas si nous aurons le temps, ni la place pour s’installer et surtout si les menus à 1 euro seront encore accessibles".
Comme elles, dans les couloirs menant aux amphithéâtres du campus universitaire Croix-Rouge de Reims, des étudiants ont pris la même option et s’assurent ainsi un minimum dans l’estomac. "Parfois, au self, lorsque nous arrivons à 13 heures, les cuisiniers ne peuvent plus nous servir un menu complet, car il n’y a plus de desserts, d’entrée, voire même de plats correspondant au menu des boursiers, expliquent les deux jeunes étudiantes. Là, le self est fermé. Nous avons reçu un mail laconique pendant les vacances de Noël sans informations vraiment précises notamment sur le nombre de places disponibles".
Effectivement, le 21 décembre dernier, le mail de la direction du Crous expliquait en quelques mots : "Le Crous de Reims vous informe que les travaux au restaurant Jean-Charles Prost débuteront le 3 janvier 2023. Le 1er étage du bâtiment (self) ne sera pas accessible. Vous pourrez vous restaurer, sur place, à la cafétéria située au rez-de-chaussée ainsi qu'à la pizzeria au 2ème étage (avec au choix, une offre self ou pizza). De plus, un foodtruck Crous sera installé à proximité de la bibliothèque du campus Croix-Rouge.
L'offre sociale à 3€30 (1€ pour les étudiants boursiers) sera disponible sur ces différents points de vente, ainsi que le menu pizza sur le pôle dédié".
Le pari osé du Crous
8 000 étudiants sont inscrits au campus Croix Rouge. 1000 à 1500 fréquentent, chaque jour, les points de restauration. Le self, actuellement fermé, accueillait 400 à 800 repas quotidiens. La cafétéria et la pizzéria se partageant le reste.
Le pari du Crous est donc de faire rentrer ces 1 500 repas dans deux lieux agrandis, plus un food truck. "Nous avons réaménagé la cafétéria en densifiant les places assises et en apportant un point d’encaissement supplémentaire pour fluidifier le passage, explique Sandrine Cloarec, directrice du Crous de Reims. Au niveau de la pizzéria, nous avons apporté une chaine de distribution supplémentaire pour servir 400 prestations en format plateau restauration chaude, plus la pizzéria. On a aménagé des places supplémentaires pour accueillir les étudiants".
Des informations que n’ont pas reçues les étudiants. "On peut craindre qu’il manque des places. Il fait froid et l’alternative proposée par le Crous, c’est notamment un food truck… Mais où les étudiants vont-ils manger ? s’interroge Sacha Delabruyère, président de l’association Intercampus. Des salles supplémentaires doivent être ouvertes par l’université, mais nous n’avons pas plus d’informations que cela. Les étudiants devront-ils rentrer chez eux ou manger dans leurs voitures ? Nous les accueillerons dans les locaux de nos associations d’étudiants pour ceux qui décideront d’apporter leurs repas. Nous travaillons aussi à l’ouverture d’autres salles".
Des cuisiniers sous tension
Les deux premières semaines de janvier sont transitoires sur le campus Croix Rouge, l’ensemble des étudiants n’étant pas encore revenus. Beaucoup sont en examen et tous attendent leur planning du second semestre. "Nous n’avons, en ce moment, que nos cours non obligatoires, expliquent Lou-Marie et Léa. Nous ne mangeons à la fac que deux jours par semaine. Mais nous attendons notre planning complet". Et c’est là où cela va s’intensifier en nombre d’heures de présence sur le campus et restreindre drastiquement la pause repas.
Les cuistots nous ont dit : si ce n’est pas vous, les étudiants, qui manifestez votre mécontentement ça ne fonctionnera pas… nous on a essayé, sans succès.
Amine, Yassine et Wassil, trois étudiants du campus Croix Rouge de Reims.
La direction du Crous ne semble pas s’inquiéter de cela, nous indiquant que la période la plus intense se situe entre septembre et décembre avec "50% du chiffre d’affaires réalisés à ce moment-là, reprend Sandrine Cloarec, directrice du Crous de Reims. On réfléchit à des process complémentaires (pour la rentrée de septembre 2023) pour accompagner davantage les étudiants durant cette période".
"Toujours un féculent, un légume, une viande, un poisson", précise l’un des cuisiniers servant les jeunes au self improvisé coté pizzéria. Dans la file d’attente, trois étudiants, Amine, Yassine et Wassil. Une fois servis et installés à leurs tables, ils nous précisent que les cuisiniers s’inquiètent aussi. "Ils nous ont dit qu’ils ne pourraient servir que 300 repas maximum par jour, précisent-ils. Les cuistots nous ont dit : si ce n’est pas vous, les étudiants, qui manifestez votre mécontentement, ça ne fonctionnera pas… nous on a essayé, sans succès. Pour l’instant ça va, parce qu’on anticipe et nous venons à 11h30. Mais depuis quelques jours, nous constatons un triplement de la fréquentation. Aujourd’hui nous avons attendu 15 minutes pour manger, qu’est-ce que ce sera quand tous les étudiants seront de retour ?"
Je vais donc manger le repas que j’ai apporté, ma tarte au thon et mes tomates. C’était mon repas du soir. La fermeture du self va générer aussi cela : des frais supplémentaires.
Lou-Marie, étudiante boursière sur le campus Croix Rouge
Lou-Marie et Léa ont finalement décidé d’aller à la cafétéria pour se restaurer. Pour être au chaud, aussi. Il est 13h15 et dans les menus à 1 euro, une seule proposition possible de sandwich, une seule proposition de salade et un dessert. Lou-Marie voulait du consistant avec un sandwich, il n’y en a plus. Léa opte pour la salade et la compote en sachant qu’elle aura du mal à tenir jusqu’à 18h30. "Je vais donc manger le repas que j’ai apporté, ma tarte au thon et mes tomates, précise Lou-Marie. C’était mon repas du soir. La fermeture du self va générer aussi cela : des frais supplémentaires".
Pendant un an, les étudiants du campus Croix Rouge vont devoir s’adapter. Pas le choix. En mars 2024, ils auront un self flambant neuf, en attendant, ils demandent plus de communication et d’attention. Et pas question d’aller au restaurant universitaire de médecine, le plus proche… "Là-bas c’est 45 minutes d’attente", nous ont précisé des étudiants.