Vincent Philippon comparaît devant la cour d'assises de la Marne depuis ce lundi 23 septembre 2024. L'homme de 35 ans est accusé du meurtre de sa conjointe, Coralie Kempf, retrouvée sans vie dans leur appartement de Reims (Marne), le 11 mai 2021. Le premier jour d'audience était notamment l'occasion d'entendre les policiers qui ont enquêté sur cette affaire.
Depuis ce lundi 23 septembre 2024, Vincent Philippon, accusé du meurtre de sa compagne Coralie Kempf, comparaît devant la cour d'assises de la Marne à Reims.
L'affaire remonte au 11 mai 2021. Ce jour-là, une collègue de Coralie Kempf, qui travaille avec elle dans une société d'aide à la personne, s'inquiète de ne pas la voir revenir de sa pause déjeuner. En fin de journée, elle se rend devant chez elle avec son patron et ils décident de prévenir les secours.
Les pompiers, qui pénètrent par le balcon dans l'appartement situé au troisième étage d'un immeuble de la rue de Courlancy, découvrent un corps étendu sur le sol du salon. Il baigne dans une importante quantité de sang. Le logement est verrouillé. C'est le cas également de la salle de bain. C'est là que les policiers, après avoir dû utiliser une hache pour ouvrir la porte, retrouvent Vincent Philippon, le conjoint de la victime.
Il est en caleçon, recouvert de sang, hagard. À califourchon sur la fenêtre, il a une jambe encore dans la pièce, mais l’autre qui balance dans le vide. Il présente plusieurs plaies saignantes, si bien qu’il est transporté au centre hospitalier de Reims avec un pronostic vital engagé.
Malheureusement pour Coralie Kempf, il est trop tard. La jeune femme de 30 ans est décédée, victime de plusieurs plaies très profondes par arme blanche. Dans le salon, un mot manuscrit est retrouvé. Il est adressé à la mère de Vincent Philippon et se comprend sans mal comme une lettre d'adieu qu'il lui adresse avant de vouloir mettre fin à ses jours.
"Je ne voulais pas qu'on se sépare"
Pourtant, au cours de l'instruction, Vincent Philippon tente dans un premier temps de se dédouaner. Il explique que le couple a été agressé dans leur appartement, pour une histoire lié à la drogue. Finalement, en septembre 2021, il admet être l’auteur des faits. "J’ai tué ma compagne Coralie, je ne voulais pas qu’on se sépare. Je voulais qu’on meure tous les deux, pour qu’on reste ensemble", indique-t-il, comme en fait lecture la présidente de la cour d’assises, Émilie Philippe, dans sa présentation des faits au premier jour du procès ce lundi.
L'homme aux courts cheveux châtain tord les doigts alors qu’il prend place à la barre, vêtu d'un polo noir souligné d'un liseré jaune et d'un pantalon sombre. "Quelle est votre position par rapport aux faits ? Est-ce que vous reconnaissez les faits ?", demande la présidente, vêtue de la robe rouge qui la distingue du reste de la cour. "Oui", répond simplement l’accusé avant de reprendre sa place sur le banc, le regard planté sur le parquet de la salle d’audience.
Dans le public, les proches de Coralie Kempf ont pour la plupart choisi de s'habiller de noir et de nouer un ruban rouge autour de leur cou ou de leur bras. Au premier rang, deux portraits de la jeune femme sont tenus par sa tante et sa belle-mère.
Coralie Kempf n'avait pas déposé de plainte contre son compagnon. Elle avait toutefois évoqué auprès d'amies son intention de quitter son compagnon. Vincent Philippon est décrit par certains comme possessif et manipulateur, ayant un problème avec l'alcool. L'examen psychiatrique met lui en avant un trouble de la personnalité narcissique, ainsi qu'une dépendance à l'alcool. Il n'était toutefois pas alcoolisé lors des faits, selon les analyses.
Une scène de crime particulièrement abjecte
L’un des policiers qui est intervenu dans l’appartement le soir des faits est amené à témoigner à la barre. Les faits ne ressemblent pas, selon lui, à une dispute qui aurait pu dégénérer. Il n’y a pas de traces de désordre. "L’appartement, malgré le sang, est extrêmement bien tenu et bien rangé".
Des photos de l'appartement sont diffusées sur les écrans de la salle d'audience. Avant d'entamer leur visionnage, la présidente prévient ceux qui en ressentent le besoin de quitter la pièce. Des bancs se vident aussi bien du côté des proches de la victime que de celui de l’accusé.
En une seconde, l'horreur décrite jusqu'ici simplement dans les mots se matérialise. L'image de l'entrée de l'appartement montre de nombreuses traces de pas sur le sol de l'appartement. Elles ont été tracées avec du sang. Les photos des couteaux, maculés de sang, défilent. L’un a une lame de plus de 15 cm, l’autre dépasse les 30 cm.
Le policier poursuit sa description méticuleuse des faits. La présidente fait alors apparaître l’image du corps de la victime. Une rumeur parcourt la salle d’audience. Certains répriment un sanglot.
L’officier de police judiciaire explique être malheureusement habitué aux scènes de crimes. "Sans vouloir paraître pédant, je suis celui qui a eu à gérer le plus de dossiers de ce type à la Sûreté départementale de la Marne". Il se dit toutefois frappé par la "gravité" et la "force" de la blessure qui a touché Coralie Kempf au niveau du cou.
Un accusé qui reste impassible
Vient ensuite le moment de visionner les images de la salle de bain, où l'accusé s'était retranché. "La photo parle d'elle-même", indique l'enquêteur. Les traces de sang recouvrent presque tout le sol de la pièce. Le rebord de la fenêtre est lui aussi ensanglanté. L'eau de la baignoire, où a été retrouvé le plus petit couteau, a changé de couleur.
Un autre policier, lui aussi intervenu ce soir-là, est interrogé à son tour. Cette affaire était alors pour lui son premier crime de sang. "Le plus choquant, hormis la quantité de sang énorme dans l’appartement, c’était l’odeur du sang. C’est difficile à expliquer, ça fait comme une barrière invisible qui prend tout de suite lors de l’entrée dans l’appartement", décrit-il.
Pendant tous ces témoignages, Vincent Philippon reste impassible sur le banc des accusés, les yeux toujours rivés au sol. Le procès doit se poursuivre jusqu'à mercredi 25 septembre.
La journée de mardi doit notamment être l'occasion d'entendre le médecin légiste qui a examiné le corps. L'interrogatoire de l'accusé doit avoir lieu dans l'après-midi. Vincent Philippon encourt la réclusion criminelle à perpétuité. En attendant la décision de la cour d'assises, il reste présumé innocent.