Ce mercredi 24 juin, sous un soleil de plomb, une quarantaine d'enseignants se sont réunis pour demander plus de moyens. Ils réclament l'arrêt des suppressions de postes en cours, l'abrogation des dernières réformes concernant le baccalauréat et une revalorisation salariale.
"On déconfine notre colère et on crie plus que jamais notre besoin de moyens pour l'école." Laurence Corpel, secrétaire académique pour la CGT Educ'action, fait partie de la quarantaine d'enseignants mobilisés ce mercredi 24 juin devant le rectorat de l'académie de Reims. Sous un grand soleil, ils expriment leur colère et réclament plus de moyens.
La mobilisation n'est pas impressionnante ce mercredi, faute à la période, disent les syndicats. "C'est la fin de l'année et puis beaucoup d'enseignants sont encore en télétravail ou n'ont pas encore repris. On évite aussi la salle des profs", explique Laurence Corpel. Et la professeure d'anglais de pointer : "Ce qui nous inquiète, c'est qu'il n'y a aucun signal de moyens forts à la rentrée pour cette prise en charge."
La rentrée 2020, source d'inquiétudes
Quand on mentionne la rentrée de septembre 2020, Laurence Corpel est catégorique : "Tout enseignement, tout personnel consciencieux doit la redouter." En cause, l'après crise sanitaire mais également les 30 postes qui seront supprimés dans le primaire et les 70 postes supprimés dans le secondaire, relève un communiqué de la CFDT. Comme ses collègues, elle assène :
On ne peut pas se passer d'école pendant six mois. On le redit haut et fort, la continuité pédagogique a été un contact, une liaison, pour ne pas laisser les jeunes de côté, mais ce n'est pas l'école. Ce manque va devoir se concrétiser par plus de moyens, plus d'humain, plus de soutien, de travail individualisé et de prise en charge par petits groupes.
Les représentants syndicaux sont unanimes. Malgré la crise économique et sociale qui arrive, c'est le bon moment de réclamer plus de moyens : "Il faut se poser les bonnes questions. Comment endiguer la crise sociale? En commençant par former la jeunesse de ce pays qui ne doit aucunement être sacrifiée. On demande aux entreprises de faire des sacrifices, nous on dit non, ce n'est pas aux salariés de faire des sacrifices. C'est pareil pour l'éducation nationale, ce n'est pas aux enseignants de se sacrifier. Encore une fois c'est un choix de société." Et de poursuivre, sans relâche :
On dit que l'école doit être plus forte, pour mieux armer, pour éviter que les gens se retrouvent au chômage. Nous devons proposer un panel de formations suffisamment large pour garder un maximum de personnes à l'école et ne pas aller galérer sur un marché de l'emploi complètement amorphe. L'école c'est la réponse, et ce plus que jamais.
Un nouveau statut des directeurs d'école qui ne convainc pas
À ses côtés ce mercredi, les représentants de Force ouvrière et Solidaires sont également présents. Ancien directeur d'école et tout jeune retraité, Luc Neuhauser secrétaire départemental de la FNEC éducation nationale, partage l'avis de sa collègue. L'après crise sanitaire est "le moment des revendications. Il y a eu l'urgence sanitaire, maintenant, place à l'urgence éducative." Il développe : "On donne beaucoup d'argent aux entreprises, qu'il y ait covid-19 ou non, les revendications sont toujours là. Au contraire, la crise sanitaire a révélé que les professeurs se sont tués à la tâche avec l'enseignement à distance et qu'il y a des besoins de postes. Ce qui nous inquiète, c'est que Blanquer aimerait poursuivre dans l'enseignement à distance. Ça, on en veut pas du tout, le présentiel est essentiel. On est en train de transformer l'école en vaste garderie, où on confiera de multiples activités aux collectivités territoriales."
Le jeune retraité liste les différentes revendications. Tout d'abord, l'abandon des 2S2C, soit "l'externalisation des domaines comme le sport et la culture". "C'est-à-dire de retirer la compétence de la musique, des arts plastiques ou du sport aux professeurs et de demander à des clubs, des conservatoires, de l'enseigner, c'est pour ça que nous parlons d'externalisation", détaille-t-il.
Autre point de crispation : la proposition de loi sur les directeurs d'école. Le suicide de Christiane Renon, directrice d'école de 58 ans retrouvée morte dans le hall de son école à la rentrée 2019, est encore très présent dans les esprits. Depuis, les enseignants réclament plus de moyens aloués à la fonction, comme de l'aide de personnel administratif. Les syndicats dénoncent une proposition de loi qui vise à faire des directeurs d'école "des supérieurs hiérarchiques", "ce qu'on nous propose c'est d'en faire des délégataires de l'inspecteur académique, c'est-à-dire de mettre en place ce que l'inspecteur académique décide. Nous sommes opposés à cette proposition de loi", abonde-t-il.
Enfin, les trois syndicats souhaitent également l'arrêt des suppressions de postes (100 dans l'académie de Reims à la rentrée 2020), la création d'un vrai statut et avec un "vrai salaire" pour les auxiliaires de vie scolaire, l'abrogation de la réforme du baccalauréat et du lycée, l'augmentation des salaires et la revalorisation du point d'indice ainsi que l'arrêt total des mesures et procédures engagées contre tous les personnels ayant participé à des actions syndicales contre les réformes et le "Bac Blanquer".