Les étudiantes du campus rémois de Sciences Po organisent la projection du film "L'homme qui répare les femmes", en l'honneur de Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix. Deux professionnelles de santé sont également invitées. L'occasion de sensibiliser les Rémois aux violences faites aux femmes.
Trois associations et deux professionnelles sont réunies ce 26 avril, dans le cadre de la projection du film L'homme qui répare les femmes, en l'honneur du prix Nobel de la Pairs, le Congolais Denis Mukwege, au cinéma Opéra de Reims. Parmi elles, l'association Reims rayonnement international, qui organise le festival international du film des villes jumelées, du 24 au 30 avril, avec pour thème "histoires de familles, histoires de femmes".
S'il est question de violences faites aux femmes dans le film et lors des débats, "c'est aussi "l'opportunité de lever le tabou sur la pratique de l'excision auprès des jeunes", explique Maider Olivier, secrétaire de l'association féministe "Period, the menstrual movement", qui organise des distributions de protections hygiéniques pour les femmes précaires. Il faut dire que le thème a résonné de manière particulière aux oreilles de l'étudiante, qui a immédiatement pensé à mettre l'association de Sciences Po pour l'Afrique dans le coup.
Sur sa page Facebook, l'association communique sur la projection du film L'homme qui répare les femmes.
"Je voulais qu'on aborde le thème de l'excision, un sujet encore très tabou, qu'on dise qu'en France, il existe aussi ce genre de violences, que cela ne se passe pas uniquement sur le continent africain."
- Maider Olivier, secrétaire de l'association Period, the menstrual movement.
"Les cas d'excision ont triplé en dix ans"
Un discours qui a conquis Dominique Fuchet, ancienne sage-femme et présidente de l'association Gams Grand Est, qui vient en aide aux femmes victimes de mutilations génitales. "J'ai de suite accepté de participer à cette projection", dit-elle. Car à ses yeux, la projection est une occasion supplémentaire de faire de la prévention.
Il faut dire que le combat contre l'excision et les violences faites aux femmes est le combat de sa vie. Depuis des années, tous les mercredis, dans la maison de quartier Croix-Rouge, elle tient une permanence pour écouter et aider les femmes victimes d'excision, avec Sophie Soumaré, la directrice de l'association.
Les deux femmes écoutent, aident et soignent les femmes victimes de violences. "Beaucoup d'entre elles viennent pour compléter leurs demandes d'asile, détaille Dominique Fuchet. Quand c'est le cas, nous leur donnons des constats d'excision, qui font partie de leurs dossiers de demandes d'asile auprès de l'Ofpra (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides)."
Outre les certificats, Dominique Fuchet forme aussi les personnels médicaux et sociaux de la Marne, des Ardennes et de l'Aube.
A 65 ans, Dominique Fuchet forme aussi du personnel médical, "encore trop peu sensibilisé à ces problèmes". "Je veux passer le relais, souhaite-t-elle. J'ai d'ailleurs convaincu un jeune étudiant en gynécologie de venir à la projection.""En 10 ans, les cas d'excision ont été multiplié par trois. Les personnels des Cada (Commission d'accès aux documents administratifs) de Charleville, Troyes et Epernay par exemple, ne sont pas du tout informés. En moyenne, on a quatre à cinq demandes par semaine de femmes qui veulent qu'on leur délivre un constat d'excision ou qu'on les reconstruise."
- Dominique Fuchet, secrétaire de Gams Grand Est.