L'entreprise pharmaceutique AstraZeneca a annoncé ce mardi 20 septembre qu'elle allait quitter Reims (Marne). Plus d'une centaine de personnes y travaillent et s'insurgent, pointant les bénéfices financiers du groupe.
L'annonce, crainte de longue date, est tombée ce mardi 20 septembre. AstraZeneca va quitter son site de conditionnement et d'expédition de Reims (Marne).
"Au cours de ces dernières années, plusieurs produits de notre portefeuille ont été cédés, ce qui a impacté l’activité de certains sites de notre réseau, dont notre site de Reims avec un volume d'activité réduit. De plus, notre portefeuille de médicaments continue d'évoluer en mettant davantage l'accent sur des produits de soins spécialisés à faible volume qui nécessitent de nouvelles technologies et des compétences très spécifiques. Ainsi, nous devons nous préparer dès maintenant pour répondre au mieux à l’évolutions des besoins des patients actuels et futurs."
"Après une analyse approfondie et minutieuse de nos capacités industrielles", annonce l'entreprise dans un communiqué, "nous avons pris une décision difficile. [Elle] nous amène à présenter un projet de cession de nos activités opérationnelles de conditionnement et de distribution d'ici fin 2024 sur le site de Reims."
La surprise malgré l'expectative
Sur place (à revoir dans notre journal télévisé), Christophe Joudart, un salarié présent dans l'entreprise depuis 2002, témoigne. "Ça m'a quand même surpris, même si on s'y attendait. Depuis le début, on savait que ce serait fin 2024."
"C'est donc confirmé. Maintenant, ça va être un peu dur d'encaisser la nouvelle, et de voir comment retrouver un boulot derrière."
"AstraZeneca était une très bonne boîte. Savoir qu'elle va disparaître, devoir repartir à zéro : ce n'est pas évident."
L'indignation
Les syndicats dénoncent cette manoeuvre, arguant que ce géant pharmaceutique a engrangé de larges bénéfices. Baptiste Leroy, secrétaire général de la section champardennaise de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) section Chimie-Énergie, s'est exprimé auprès de France 3 Champagne-Ardenne. "On est complètement opposé à cette fermeture compte tenu des excellents résultats d'AstraZeneca, et du fait que globalement, sur le territoire français, l'activité est bonne : il peut y avoir des redéploiements d'activité sur cette usine."
"On va s'y opposer fortement. Ce qu'on dénonce, c'est qu'ils ferment l'usine de Reims alors qu'il n'y a toujours pas de packaging strategy - stratégie de conditionnement - dans cette entreprise. On la réclame depuis des années. Souvent, les grands groupes pharmaceutiques ont des stratégies sur leurs filières de conditionnement, ce qui concerne le site de Reims. Mais il n'y en a pas. On ferme Reims à l'aveuglette sans alternative pour cette partie-là d'AstraZeneca."
"Pourquoi Reims et pas un autre ? C'est ce qui nous interpelle, le délégué syndical l'a rappelé tout à l'heure lorsque la fermeture du site a été annoncée : qu'il n'y a pas de packaging strategy et que ça n'a aucun sens de fermer Reims, seul site en France dédié au conditionnement des médicaments sous forme sèche, c'est à dire les pilules, etc. Dunkerque, c'est plutôt le conditionnement des aérosols [une usine de production de médicaments sous forme d'aérosols selon le groupe; ndlr]. Mais au niveau mondial, il y a les usines pour la forme sèche en Angleterre, en Suède, en Russie quand même... Aujourd'hui, le groupe fait le choix de fermer une usine en France et d'en maintenir une en Russie. Chacun comprendra ce qu'il veut : ça peut poser question."
Nos activités en Russie se concentrent sur l'approvisionnement de médicaments vitaux aux patients dans ce pays.
AstraZeneca
Suite à cette déclaration ("d'un syndicaliste qui ne travaille pas dans l'entreprise"), AstraZeneca a tenu à préciser que "le site de Reims ne fabrique pas de médicaments. Il réalise le conditionnement de comprimés pour le marché français et un certain nombre de marchés européens et africains. Une grande majorité des produits conditionnés à Reims ont été acquis par d'autres sociétés qui reprendront leur conditionnement au cours des deux prochaines années. Une quantité très faible de conditionnement résiduel sera transférée en interne au sein du réseau européen existant d’AstraZeneca. Reims assure également la distribution de produits pour le marché français, activité qui sera sous-traitée à un prestataire de services logistique. Nos activités en Russie se concentrent sur l'approvisionnement de médicaments vitaux aux patients dans ce pays." Une manière d'indiquer que les activités de Reims ne seraient pas récupérées par ce site russe.
Réaction des autorités rémoises
Conjointement, le maire Arnaud Robinet et la présidente de l'agglomération Catherine Vautrin ont réagi par voie de communiqué. "Nous prenons acte avec tristesse de la décision de la direction d’AstraZeneca de fermer son site de Reims en 2024, qui emploie actuellement près de 125 salariés. Suite à des alertes des organisations syndicales depuis plusieurs mois, nous avions indiqué à la direction que nous souhaitions qu’elle apporte des garanties aux salariés dont la compétence n’est aucunement remise en cause."
Parmi les mesures d'ores-et-déjà évoquées figurent celles-ci. "Nous prendrons contact dès [mercredi 21 septembre] avec la direction pour nous assurer que le plan social sera scrupuleusement mis en œuvre et que chaque salarié se verra proposer une perspective d’avenir. Nous missionnons dès à présent notre direction du développement économique pour étudier, en lien avec la direction du groupe, toutes les possibilités de reprise du site dès 2024." La ville et le Grand Reims assurent avoir "une pensée pour l’ensemble des salariés et leurs familles qui ont vu leur avenir s’assombrir suite à la décision de ce matin. Nous nous tenons à leur disposition."
Les gens qui travaillent sur le site rémois (près de150 personnes selon les syndicats et 123 selon l'entreprise), même s'ils s'y attendaient depuis un moment, accusent effectivement le coup (voir son emplacement sur la carte ci-dessous).
AstraZeneca se défend en rappelant ses investissements effectués en France, notamment sur le site de production de Dunkerque (Nord). "Nous mesurons pleinement ce que ce changement signifie pour nos collaborateurs, et cette décision n’a pas été prise à la légère. Notre priorité est de soutenir nos collaborateurs pendant cette période de transition et continuer de répondre aux besoins des patients. "Les démarches pour trouver un repreneur devraient suivre prochainement.