A l'appel du collectif féministe "Nous Toutes 51", une marche blanche a réuni jeudi 20 mai à Reims (Marne) une centaine de personnes, en mémoire d'une trentenaire découverte égorgée le 11 mai dernier à Reims, victime présumée de son compagnon.
Le collectif féministe "Nous Toutes 51", organisait une marche blanche jeudi 20 mai à Reims (Marne). Une centaine de personnes étaient réunies en mémoire d'une femme trentenaire découverte égorgée le 11 mai dernier à Reims, victime présumée de son compagnon. "Nous voulons lui rendre un dernier hommage", explique Laura G, porte-parole du collectif. "Et qu'il y ait une vraie prise de conscience de la société en général", ajoute-t-elle. La victime, une aide à domicile de 30 ans, avait été retrouvée "ensanglantée, mutilée", l'autopsie démontrant "qu'elle avait reçu plusieurs coups de couteau, et qu'elle avait été à plusieurs reprises égorgée", selon le parquet.
"Elle était jeune, dévouée. Elle voulait quitter son bourreau. Il l'a tuée. C'est un meurtre barbare", a dénoncé la porte-parole, réclamant "une réelle implication du parquet de Reims dans la protection des femmes battues et violentées". Après une déambulation dans les rues rémoises, le cortège s'est regroupé devant le parvis du palais de justice où des roses et des bougies blanches ont été déposées sur les marches. Le cortège a ensuite observé une minute de silence, avant de se disperser.
La justice mise en cause
Jeudi soir, le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, a réagi à "une mise en cause" des services de police du commissariat et du parquet par une représentante du collectif dans le journal L'Union. "Si en la matière, on peut toujours faire mieux et s'améliorer, (...) je souscris au démenti apporté par les services du commissariat de Reims (...), et peux témoigner de leur plein investissement", a-t-il écrit dans un communiqué, soulignant par ailleurs que "les peines prononcées pour des faits d'atteintes aux personnes, notamment de violences conjugales, font l'objet d'une mise à exécution prioritaire".
Un rendez-vous est fixé le 27 mai entre la représentante de l'association "Nous toutes 51" et le procureur de la République de Reims au palais de justice. "Je pourrai, affirme le procureur, lui présenter tous les dispositifs judiciaires existants, y compris ceux mis en oeuvre depuis janvier 2021, répondre à ses questions , écouter ses suggestions, par delà les polémiques vaines et stériles qui ne me paraissent pas à la hauteur des défis que la justice, la police et leurs partenaires doivent relever dans la lutte contre les violences intrafamiliales et conjugales".
En amont de cet échange, l'association lance via les réseaux sociaux, un appel aux témoignages. "Nous avons un rendez vous jeudi à Reims avec le procureur du tribunal suite à l'article de presse et sur sa demande. Celui-ci nous demande des renseignements sur les femmes ayant porté plainte récemment et insatisfaites de la prise en charge policière (notamment) : refus de plainte, suggestion de requalification des faits, jugement de valeurs, moqueries. Nous invitons donc les femmes en question à venir nous voir en privé pour une amélioration (j'espère) de la prise en charge de leur plainte".
Le procureur précise également que "la juridiction rémoise, en liaison avec celle de Châlons-en-Champagne, et en partenariat avec la seule association d’aide aux victimes du département habilitée par le ministère de la Justice, l’association France victimes 51, a mis en place depuis plus de trois ans un partenariat permettant la prise en charge des auteurs de violences conjugales, dès le stade du contrôle judiciaire, c’est à dire plusieurs semaines avant l’audience, pour assurer la meilleure protection de la victime (obligation de soins, interdiction d’entrer en contact avec la victime, éviction du conjoint et interdiction de se rendre au domicile de la victime), système de contrainte qui se poursuit régulièrement dans le cadre du prononcé de la peine de sursis probatoire".
Mercredi, le compagnon de la victime, 32 ans, a été mis en examen pour meurtre par conjoint et placé en détention provisoire. Il avait été retrouvé "lourdement blessé" dans la salle de bains du domicile du couple, avec sur le corps "près de 15 blessures par arme blanche, qui n'avaient pu être réalisées que par l'intéressé lui-même" selon le procureur.
Selon l'enquête, "la défunte s'était confiée à des proches en indiquant avoir été victime de violences conjugales, et avait décidé de quitter" son conjoint, qui "selon plusieurs témoins avait également tendance à boire". Il encourt la prison à perpétuité. La victime n'avait toutefois jamais déposé plainte.