Alors qu’une enseignante a été menacée par un élève au lycee Joliot Curie, le 12 novembre, un enseignant nous raconte son quotidien entre peur et manque de reconnaissance.
La référence à Samuel Paty a choqué le personnel du lycée Joliot Curie à Reims. Les faits se sont produits le 12 novembre. Comme nous le révélions hier une enseignante a été menacée par un élève de 16 ans. « Dans le quartier, nous avons peur qu’après les insultes envers nous, suivent à présent les menaces et les actes. » Un enseignant, dont nous préserverons l’anonymat, est choqué par la situation et les faits qui se sont produits jeudi dernier dans cet établissement du quartier Croix Rouge de Reims. « On est passé dans un côté permissif : les élèves se permettent beaucoup de choses sans sanction. On nous demande de faire des rapports mais derrière il ne se passe rien. Dans certains établissements, la sanction tombe rapidement ici on hésite et le résultat, on le voit sur le moral des enseignants : quand on se fait insulter, et ça arrive assez fréquemment, il n’y a pas de rapport à faire, la sanction doit tomber ! », poursuit cet enseignant.
"Je sens que mes collègues sont au bord du burn out"
Quand on l’interroge sur son quotidien le constat est sans appel. « Je sens que des collègues sont au bord du burn out parce qu’il y a des problèmes mais il ne faut pas faire de vague sans doute pour la raison suivante : moins nous remontons les informations mieux l’établissement est valorisé. Or il y a beaucoup d’élèves en difficultés scolaires et on manque de moyens notamment en assistants d’éducation. On devrait avoir aussi davantage de surveillance policière.»Se pose aussi la question de l’évolution de carrière. « On n’a pas de prime alors que nos collègues des collèges avoisinants notamment ceux du collège Joliot Curie touchent des primes et ont des bonifications de points pour muter plus rapidement, alors que nous, nous n’avons rien et nous récupérons majoritairement ces élèves issus de ce collège étant classé lui en milieu difficile.»
« Nos élèves sont en difficulté scolaire mais ça fait des années que beaucoup sont en décrochage scolaire malgré des initiatives personnalisées comme le tutorat ou l’accompagnement personnalisé. Le fait d’être classé zone sensible pourrait donner davantage de moyens et permettrait aux élèves ainsi qu’aux enseignants de mieux vivre ensemble et par ailleurs justifierait la reconnaissance due à ces personnels de l’éducation nationale, bien méritant de travailler dans ces conditions difficiles ». A suivre...