Mercredi matin, près de deux cents membres de la CGT ont fait irruption dans le centre commercial Cormontreuil, à Reims, pour sensibiliser les salariés à la cause syndicale. C'est la deuxième étape d'une campagne de syndicalisation lancée en septembre dernier.

Des chants, des slogans, des sirènes… Mercredi matin, le réveil du centre commercial Cora Cormontreuil a été bruyant. Pour les clients comme pour les salariés des différentes enseignes de la galerie marchande, il était difficile d’ignorer que la CGT avait investi les lieux pour y mener une opération séduction. Les gilets rouges se comptaient par dizaine, jusqu’à deux cents environ, et avaient tous pour mission de prêcher la bonne parole syndicale.

Après avoir mené une action similaire, en septembre dernier, en Seine-et-Marne, c’est Reims qui a été choisie pour être la deuxième étape de cette campagne de syndicalisation. « L'idée, c'est de montrer qu'il y a un intérêt à se syndiquer quand on est dans une entreprise du commerce et des services », explique Cédric Hafner, responsable de la communication de la fédération CGT commerces et services. « Il y a toujours des motifs qui font qu'on aurait des raisons de s'organiser dans son entreprise », ajoute-t-il, « Là, il y a la réforme des retraites, et il y a aussi pas mal de suppressions d’emplois, des gros PSE, et l’inflation. » 

Les salariés pensent que le syndicat est exclusivement réservé aux grosses entreprises.

Patricia Revoux, secrétaire CGT Commerces de Reims

Entre un gouvernement qui veut changer les règles du départ à la retraite et des enseignes de l’habillement qui mettent la clé sous la porte, l’actualité sociale offre un terrain favorable et une oreille peut-être plus attentive aux arguments des syndicalistes. « On se déploie pour montrer aux salariés qu'on est là, qu'ils peuvent venir nous rejoindre ». Patricia Revoux, la secrétaire CGT Commerces de Reims, compte sur cette journée pour sensibiliser les salariés à l’intérêt du syndicalisme, mais elle se heurte aussi à la méconnaissance que les uns et les autres peuvent avoir de leurs droits. « Ils pensent que le syndicat est exclusivement réservé aux grosses entreprises, le but c'est de leur montrer que non. Même si vous êtes deux ou trois dans votre boutique, vous avez le droit de vous syndiquer. », assure-t-elle. 

L’union faisant la force, les syndicalistes locaux ont pu compter, mercredi matin, sur des dizaines de leurs camarades venus de toute la France. Ils sont arrivés en terre champenoise avec leurs arguments, leur parcours et leur histoire. C’est le cas de Fatima, par exemple, venue de Fresnes le matin même. Cette salariée du secteur de la restauration avoue avoir franchi le pas parce qu’elle voyait « trop d'injustices au travail, trop de problèmes ». « J'ai pris cet engagement pour me défendre moi, et les salariés aussi. » dit-elle.

Tous les acquis sociaux ne sont pas arrivés comme ça.

Ali, syndicaliste marseillais

A quelques mètres de là, deux hommes discutent. Ali, le Marseillais, et Alain, le Parisien. Ils n’aiment pas le même maillot mais ils ont la même passion : la défense des droits sociaux. Pour Ali, l’histoire syndicale s’inscrit d’abord dans ses gènes, « c'est de père en fils, ça fait plus de 20 ans que je milite, ça me tenait à coeur. » Employé commercial, il fait de la mise en rayon dans la grande distribution, et il est en première ligne quand il faut faire entendre sa voix : « Tous les acquis sociaux ne sont pas arrivés comme ça. » Alain, lui, est syndiqué depuis 2001. D’abord tapis dans l’ombre, il a appris plus tard comment il pouvait se rendre utile pour les autres. « J'étais comme beaucoup de syndiqués, reconnait-il, je ne m'en préoccupais pas, jusqu'au jour où j'ai vu défiler l'injustice sociale dans mon magasin ». Fort de son expérience, il avait à coeur de venir à Reims pour porter un message qu’il a rodé auprès de ses collègues : « Ne nous regardez pas mais rejoignez-nous ».

Un taux de syndicalisation en recul entre 2013 et 2019

Décidée en septembre dernier, bien avant le lancement du projet de réforme des retraites, cette campagne de syndicalisation a forcément pour objectif de recruter, même si Cédric Hafner s’en défend. « On ne fait pas ça pour avoir plus d'adhérents ou dire qu'on a fait +10% d’adhérents. Le but, c'est que dans les entreprises où la CGT n'est pas organisée, on aide les travailleurs à se former et à prendre connaissance de leurs droits ». Les gilets rouges ont arpenté les allées du centre commercial de Cormontreuil avec des arguments, mais ont-ils été suffisamment convaincants pour inverser une tendance qui voit baisser le nombre de salariés syndiqués ? Selon la DARES, si 11,2% des salariés déclaraient adhérer à une organisation syndicale en 2013, ils n’étaient plus que 10,3% en 2019. Si on se penche sur le secteur privé, on tombe à 7,8%… Les syndicats ne vont pas manquer de travail s’ils veulent inverser la courbe.

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