Reims : une quarantaine d'exilés évacués de leur squat tôt ce jeudi matin

Des personnes migrantes, notamment des enfants en bas-âge, ont été délogés de l'immeuble qu'ils occupaient par les forces de l'ordre, allée Bocquaine à Reims. 5 ont été acheminées au centre de rétention administrative de Metz. 4 obligations de quitter le territoire français ont été prononcées

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Les taxis vont et viennent dans l'allée Bocquaine, à Reims. Encadrées par une quinzaine de camions de police, des familles y déposent leurs valises et embarquent calmement. Le logement désaffecté qu'ils occupaient illégalement a été évacué dans la matinée du jeudi 3 décembre. Ces étrangers en situation irrégulière, dont beaucoup sont des femmes et des enfants, seront logés pour la plupart dans des hôtels du Grand Reims. 

Sur le trottoir d'en face, des membres du collectif de soutien aux exilés Sövkipeu regardent l'évacuation, impuissants. Alertés tôt le matin par des exilés sur place, ils avaient préparé du lait en poudre et de la nourriture pour les enfants. Ils n'ont pas pu s'approcher, refoulés par les forces de l'ordre. Alors ils appellent, essaient de savoir dans quels hôtels ils sont emmenés. "Nous avions demandé à l'ARS de faire des tests pour le Covid-19 dans le camp", explique Denis Toussaint, médecin et membre du collectif, "mais, finalement, il y a eu une évacuation à la place"
 

Entassés dans des conditions précaires

Cette évacuation était pressentie, à la suite des opérations de police la semaine dernière. Des contrôles d'identité et des arrestations avaient alors été réalisés. Depuis juillet dernier, ils étaient près d'une quarantaine à avoir trouvé refuge dans un immeuble au fond de l'allée Bocquaine. Entassés à plusieurs dans quelques mètres carrés, dans des "conditions pas possible humainement", note Fabien Tarrit du collectif. Il ajoute : "Ils sont dans des conditions très précaires matériellement, mais aussi moralement. Ils stressent, car ils ne savent pas quoi faire de leur vie, certains ont peur de rentrer dans leur pays"
 

Le collectif Sövkipeu est en colère : Depuis plusieurs jours, les forces de l'ordre font subir aux familles qui sont...

Publiée par Collectif Sövkipeu sur Mercredi 18 novembre 2020


Un avis d'expulsion dans une poche, une carte censée le mener à son hôtel dans l'autre, Mikel se tient à côté d'une poussette vide. Le jeune homme d'une vingtaine d'années a été séparé de sa compagne, enceinte. Il ne comprend pas : "Ma femme est dans un hôtel à Reims, moi je vais à Châlons-en-Champagne". Il montre son obligation de quitter le territoire français. Il a maintenant 48h pour faire un recours de cette décision et trouver un avocat, accompagné par le Collectif Sövkipeu.
 

Comme la plupart des exilés logés allée Boucquaine, il vient d'Albanie. Si leur pays n'est pas en guerre et est considéré comme sûr par certains pays de l'Union européenne, les Albanais sont aux côtés des Afghans et Géorgiens les principaux demandeurs d'asile en France selon les chiffres de l'Opfra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Mais en 2018, selon Le Monde, seulement 17 % des demandes d'asile albanaises ont donné lieu à une protection. Quoi qu'il arrive, Mikel est catégorique : il ne veut pas retourner dans son pays.
 

Réponse de la préfecture de la Marne

"En application de quatre décisions de justice, les services de l’État ont procédé, ce jeudi matin à partir de 6h30, à l’évacuation de 4 immeubles, propriété de la communauté urbaine du grand Reims (CUGR), situés chaussée Bocquaine à Reims, occupés illégalement. Ce camp comptait 43 personnes : 24 adultes et 19 enfants, dont la très grande majorité était en situation irrégulière au regard du droit au séjour.

Cette évacuation, qui s’est déroulée sans incident, s’est accompagnée d’une prise en charge des occupants, en fonction de leur situation et de leur vulnérabilité. L’ensemble des situations administratives a été vérifié sur place.
6 personnes ont été conduites dans les locaux des services de police pour mise à exécution d’une mesure d’éloignement, dont 5 qui ont été acheminées au centre de rétention administrative de Metz. 4 obligations de quitter le territoire français ont été prononcées ainsi que 3 assignations à résidence à l’encontre de personnes faisant déjà l’objet d’une mesure d’éloignement. A l’exception des personnes conduites en centre de rétention administrative, toutes se sont vues proposer une prise en charge à l’hôtel; 2 ont décliné."

L’opération s’est achevée aux alentours de 10 heures.



 
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