La boulangerie de Claire et Olivier Dimanche, située place de Stalingrad, à Reims, est une des seules boulangeries de la Marne ouverte la nuit. Personnel hospitalier, fêtards, travailleurs... Depuis bientôt dix ans, la boutique a trouvé sa clientèle. Les deux artisans recherchent des boulangers.
Dévorer un croissant en sortie de boite de nuit, acheter sa baguette fraîche après son service de garde. Le fournil d'Olivier et Claire Dimanche, place Stalingrad, à Reims, est la boulangerie des fêtards, mais aussi du personnel hospitalier, des éboueurs et autres travailleurs de la nuit.
Tous les jours de la semaine, excepté le lundi, la boutique ouvre à 2 heures du matin, quand la majorité d'entre elles lève le rideau à 6 ou 7 heures. "Dans la Marne, ça doit être les seuls", constate Philippe Chaumelle, président départemental de la Fédération des boulangers et pâtissiers.
"Quand on veut rester indépendant, il faut se battre"
C'est en 2012 que ces deux artisans ont mis en place ces horaires atypiques, pour palier la perte de clientèle entraînée par les travaux du tramway. "Lorsqu'on veut rester indépendant, comme nous, il faut plusieurs cordes à son arc, assure Olivier Dimanche. Il faut se battre."
Quand on aime, on ne compte pas... ses heures ! "On fait 90 heures par semaine chacun", assure ce chef d'entreprise pour qui le chiffre d'affaires gagné la nuit permet de "mettre du beurre dans les épinards". "Il y a de la fatigue, c'est sûr, mais ça équilibre les comptes. Ce qui est gagné dans la nuit n'est plus à faire dans la journée..."
Au carrefour de nombreux bars et discothèques, la boulangerie profite de l'effervescence du monde de la nuit. "Les fêtards, à un moment ou l'autre, passent devant chez nous", observe Olivier Dimanche. Alors que les établissements de nuit étaient fermés pendant la crise du Covid-19, le boulanger a accueilli un autre type de clientèle. "On a vu beaucoup de gens qui travaillaient à l'hôpital, et qui passaient à la sortie du boulot."
Recherche main d'oeuvre
Aujourd'hui, le couple qui compte cinq collaborateurs, a trouvé sa routine et cherche à s'agrandir. Problème, les boulangers se font rares ces temps-ci. "On en recherche en permanence et depuis le Covid c'est plus compliqué, explique-t-il Olivier Dimanche. Nos annonces ne sont pas honorées."
Philippe Chaumelle confirme cette pénurie de main-d'oeuvre : "c'est assez compliqué de recruter, et pourtant, dans les centres de formation, les classes sont pleines." Rythme de travail, salaire... Le métier "souffre d'une image" peu attirante pour les nouvelles générations. "A nous de faire des efforts sur les jours fériés, les dimanches et les grilles de salaires", assure le président de la fédération des boulangers et pâtissiers de la Marne, qui en 2022 a prévu d'aller à la rencontre des jeunes dans les écoles.
En France, selon la Confédération Nationale de la Boulangerie Pâtisserie, 9 000 postes d'apprentis attendent encore d'être pourvus.