Supporter de Bastia éborgné à Reims à 2016 : les collègues du policier accusé témoignent à leur tour devant les assises de la Marne

Le procès aux assises du policier accusé d'avoir éborgné un supporter de Bastia lors d'échauffourées à Reims en 2016 se poursuit ce mercredi 5 octobre à Reims. Après l'audition des camarades de la victime dans la matinée, la cour a ensuite entendu notamment les collègues de l'accusé.

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Le procès d'un gardien de la paix de la brigade anticriminalité de Reims a débuté mardi 4 octobre 2022 devant les assises de la Marne. Après un match de football opposant le Stade de Reims au Sporting Club de Bastia, des échauffourées avaient eu lieu dans le centre-ville de Reims entre supporters et policiers. C'est à ce moment-là que Maxime Beux, 22 ans à l'époque, avait perdu un œil.

La première journée a permis d'entendre notamment un enquêteur de l'IGPN ainsi que le responsable sécurité du Stade de Reims. Le procès se poursuit ce mercredi 5 octobre. 

Cet article est régulièrement mis à jour au fil de la journée d'audience.

20h35 : L'audience est suspendue et reprendra jeudi 6 octobre à 9h.

20h35 : La cour s'attache désormais à entendre un dernier témoin pour la journée. L'homme qui dépose à la barre à partir de 19h45 était alors affecté à la Bac, dans une autre équipe de celle de l'accusé Christophe Mercier.

C'est lui qui a tiré au flashball en direction de celui qu'il pense être à l'origine d'un jet de fumigène vers les voitures de police. Interrogé par la présidente de la cour d'assises, il revient sur l'enchaînement des faits lors des affrontements entre les supporters et la police dans le centre-ville de Reims.

Ses déclarations divergent sur certains points par rapport à ce qu'il disait en 2016. Interrogé par la présidente de la cour sur ce point, il répond : "Ce que j'ai dit, c'est ce que j'ai dû voir".

Un peu plus tard, la présidente demande : "Ce n'est pas une soirée qui vous a marqué particulièrement ?" "Si", rétorque le témoin. "Parce que vos souvenirs sont un peu flous…" Le policier rappelle que six ans se sont déroulés depuis les faits mais multiplie les "Je ne sais pas" en réponse aux questions. 

19h45 : Un nouveau témoin membre de la police prend place à la barre de la cour d'assises à 17h40. Il s'agit de celui qui était alors le chef du dispositif de sécurité mis en place autour de la rencontre sportive. C'est lui qui transmet l'ordre de procéder à des interpellations après que des projectiles ont été tirés.

Il se déplace sur les lieux rapidement après. La présidente de la cour d'assises l'interroge : "Vous ne voyez pas l'interpellation de Maxime Beux ?" "Je ne vois pas qui que ce soit à ce moment-là", répond-il.

Selon les éléments du dossier, une heure et dix minutes se sont écoulées entre le moment de l'interpellation de Maxime Beux et son transport à l'hôpital. "Vous saviez que ça avait pris ce temps-là ?", demande la présidente. "Non", assure le témoin. "Ça ne vous a pas préoccupé ?" "Pour moi, il était pris en charge."

17h15 : Un deuxième policier, également collègue de Christophe Mercier au sein de la Bac, est à son tour entendu par la cour d'assises. Crâne dégarni, en costume noir, il livre à son tour sa version des faits. Il est ensuite interrogé notamment sur le contenu de la main courante qu'il a rédigé suite à l'interpellation des supporters corses dans le centre-ville de Reims.

Il a du mal à répondre précisément à certaines questions. "Je ne me souviens même plus avoir rédigé cette note", explique-t-il. Après une heure d'audition, l'audience est suspendue pour une pause d'un quart d'heure.

16h20 : Un des collègues de Christophe Mercier au sein de la brigade anticriminalité est à son tour appelé à la barre. En blazer bleu foncé et en jean, il dépose à partir de 15h. "On est là pour protéger les supporters adverses des locaux et inversement, pour que tout se passe bien", répond-il pour décrire son travail les jours de match.

"Plus les heures avançaient, plus on a compris qu’on avait affaire à des gens qui ne voulaient pas seulement voir un match", raconte-t-il en revenant sur les nombreuses provocations et insultes dont il dit avoir été victime avec ses collègues avant le début du match. "Ça a duré 20 ou 25 minutes. On a l’habitude de se faire insulter dans le métier de policier, mais c’était la première fois que je voyais ça."

Le fonctionnaire de police revient ensuite sur l'enchaînement des faits dans le centre-ville de Reims, une fois le match achevé. Il ne peut pas s'exprimer précisément sur les circonstances de l'interpellation de la victime et de ses blessures, n'étant pas à proximité immédiate à ce moment-là. Il dit n'avoir pas pris conscience immédiatement de la gravité des faits. "On pense que c’est l’arcade ou la pommette. Sur le coup, on ne peut pas deviner", explique-t-il.

Un coup de matraque bien à l'origine des blessures, selon les experts

15h00 : Après une heure de suspension, l'audience a repris à 14h. Deux experts s'expriment devant la cour d'assises en visioconférence, il s'agit de deux médecins qui ont réalisé une expertise sur les blessures subies par Maxime Beux.

Ils confirment que le supporter bastiais a bien subi une mutilation. Sur l'origine de la blessure, ils écartent la possibilité qu'elle ait été causée par une chute sur un poteau ou par un tir de flashball. Les lésions constatées ne correspondent pas à ces hypothèses. Par contre, la blessure peut tout à fait correspondre à l'utilisation d'une matraque télescopique.

Après diffusion des images de la blessure à l'œil de Maxime Beux, la matraque en question est présentée à la cour. Elle passe de main en main parmi les jurés, la présidente de la cour d'assises, ses assesseurs et les avocats de deux parties pour que chacun prenne conscience de son poids et de sa rigidité.

À la question d'un des avocats de l'accusé sur la possibilité qu'un coup donné par Christophe Mercier à l'épaule ait pu ricocher sur l'œil, "ce n’est pas impossible", répond l'expert ophtalmologue.

13h00 : Depuis 11h30, un nouveau témoin s’exprime à la barre. L’homme aux tempes grisonnantes, rasé de près, est vêtu d’une veste bleu marine, d’une chemise blanche et d'un jean.

En 2016, il habitait à Paris. Il explique avoir fait le déplacement à Reims en rejoignant le groupe venu de Bastia en avion, qui s’était organisé en réservant un car partant d’un des aéroports parisiens. Il raconte à son tour sa version de la rencontre avec la police dans le centre-ville à l’issue du match. Il décrit avoir reçu un coup de matraque alors qu’il tentait de fuir les lieux. Après s'être déplacé vers le cours Langlet, il précise : "J’ai entendu un cri, c’était Maxime qui criait".

Alors qu’il se laissait interpeller sans opposer de résistance tout en recevant des insultes, il explique avoir vu Maxime Beux sur les pavés recevoir plusieurs coups de poing. "Je n’avais aucune confiance dans les fonctionnaires de police qui étaient présents sur ce cours Jean-Baptiste Langlet", précise le témoin. 

Lui aussi a été condamné en appel pour outrages après la soirée du 13 février 2016, une peine de 500 euros d'amende en ce qui le concerne. "Les faits d'outrage, je les trouve diffamants, abjects. On m'a accolé les insultes 'enculé de flic' alors que mon père est fonctionnaire de police", détaille-t-il.

Il répond ensuite aux questions de la présidente de la cour d'assises. Il est le seul dès le lendemain des faits à expliquer avoir vu un policier donner un coup avec ce qu'il décrit alors comme une matraque à son ami. Maxime Beux pensait alors avoir reçu un tir de flashball quand Christophe Mercier assurait que le supporter était tombé sur un poteau métallique.

À la barre, il réitère sa description. "Je vois le fonctionnaire avec un objet à la main donner un coup à Maxime". Six ans après les faits, il dit ne pas pouvoir être aussi affirmatif sur la nature de l'objet.

10h45 : Depuis 9h20, un membre du groupe de supporters Bastia 1905 raconte sa version de la journée du match et répond aux questions de la cour en visioconférence. En polo clair, les cheveux courts, son image apparaît dans les écrans accrochés aux murs de la salle d'audience. Il est actuellement incarcéré pour des faits de destruction de bien commis sur une résidence secondaire en Corse. Sa peine doit s'achever en 2028.

L'homme âgé aujourd'hui de 28 ans explique qu'après le match, il s'est retrouvé dans le centre-ville de Reims avec d'autres supporters car ils souhaitaient retrouver le bus qui les avait amenés dans la Marne et qui s'était stationné près de la cathédrale. Celui-ci avait en réalité été déplacé vers le stade à la demande des autorités, mais le supporter assure qu'il ne le savait pas. "Avec le recul, on aurait été mieux dans le bus", souffle-t-il.

Dans le centre-ville, ce supporter dit s'être retrouvé en plein milieu des affrontements avec la police et confronté à ce qu'il décrit comme une "chasse à l'homme". "J'ai été renversé par une voiture de police alors que je voulais prendre la fuite pour échapper à ça", explique-t-il. Suite à son interpellation dans le centre-ville de Reims, l'homme sera condamné par la cour d'appel de Reims pour outrages, rébellion et refus de prélèvement d'ADN. 

"Maxime était très amoché"

Il ne peut pas raconter le moment de l'interpellation de Maxime Beux, car ne se trouvait pas à proximité à ce moment-là. Mais il a été transporté vers le commissariat dans le même fourgon que son ami. "Ce que j'ai vu a été très difficile. Maxime était très amoché [...] Il était défiguré. Il crachait du sang et du sang", décrit-il. Sa voix diffusée par les haut-parleurs résonne dans la salle d'audience.

Selon son témoignage, la situation est très tendue à l'hôtel de police et il faut du temps pour que les policiers se rendent compte de la gravité des blessures du supporter. "Il a fallu que Maxime soit à bout de force, qu'il tombe par terre, toujours menotté pour qu'ils prennent conscience de la réalité de ce qui était en train de lui arriver", affirme-t-il. Selon lui, il s'est passé "peut-être trois quarts d'heure ou une heure" avant qu'il ne soit pris en charge. 

Alors qu'il répond aux questions de l'avocat général, l'appel vidéo est brusquement coupé. Après de longues minutes, la liaison parvient à être rétablie. Peu après, alors qu'un des avocats de l'accusé interroge le témoin sur la raison de la séparation des supporters en deux groupes dans le centre-ville, la visioconférence se stoppe à nouveau. Cette fois-ci, la connexion est rapidement réparée et l'audition de ce témoin s'achève sans autre difficulté.

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