La Polynésie française ferme ses écoles et durcit le confinement pour au moins deux semaines. C'est le cas à Tahiti où une famille de Reims vient de s'installer. Un air de déjà vécu pour ce couple et leurs six filles.
9h15 en France - 21h15 à Tahiti. Le décalage horaire est bien présent au moment de passer mon coup de fil à Isabelle et Fabrice. De mon côté, la journée de travail commence, mais pour la famille Avenel, "c'est presque déjà le moment d'aller se coucher". "On va au lit relativement tôt par rapport à Reims parce que les journées débutent vers 5 heures," explique Isabelle. L'organisation de la journée est très différente. Pas seulement à cause des fortes chaleurs.
En Polynésie, on vit au rythme du soleil. La plupart des gens commencent le travail autour de 6h du matin et finissent vers 16h30. Le soleil se couche également tôt : à 18h30, il fait nuit noire et à 21h tout le monde est au lit. "Le décalage horaire, le changement de vie et les nouvelles habitudes, on s'y attend et s'y prépare mais à vivre un nouveau confinement, certainement pas !"
Tout est allé très vite pour cette famille de six enfants, six filles âgées de 7 à 19 ans. Fabrice, lui, a 43 ans. Militaire, il est arrivé le 4 juillet pour prendre le commandement du service militaire adapté. Son épouse a un an de moins que lui, elle l'a rejoint avec leurs enfants le 3 août dernier. La plus jeune est en CE1, l'ainée est étudiante à Paris. Elle doit d'ailleurs repartir dans deux semaines. Mais en attendant tout le monde est confiné.
Cela leur est tombé dessus du jour au lendemain. "Un peu brutalement ! Au départ, il faut bien l'avouer, cela a été un vrai découragement. On pensait être préservé de la nouvelle pandémie, la Polynésie avait été peu impactée jusque-là. Mais rebelotte, nous voilà confinés comme à Reims, il y a quelques mois", lâche un brin désabusée Isabelle. Ce n'est d'ailleurs pas un très bon souvenir, "nous avions été malades à cause du Covid".
Crise sanitaire majeure
Très vite, le sourire revient : "notre condition de vie n'est pas catastrophique, on a de la chance pour ce nouveau confinement, on a de l'espace et du terrain dans notre maison." Et surtout "face à la situation sur place, il fallait bien agir," ajoute Fabrice. La Polynésie est en train de vivre une crise sanitaire majeure. "Le principal hôpital de Tahiti est au bord de la rupture. On manque déjà de lits de réanimation."
Les écoles, collèges et lycées ont fermé ce lundi matin en Polynésie française. "Nos filles avaient déjà fait leur rentrée, il y a un peu plus d'une semaine." Une situation pas facile à vivre pour la plus petite, "elle aime l'école ! Pour les autres, le confinement devrait bien se passer, on a déjà reçu un coup de fil du professeur principal au collège et au lycée, les cours en distanciel sont déjà organisés."
Un confinement pour deux semaines
En raison de cette flambée de Covid-19, le confinement à Tahiti est ordonné pour deux semaines à compter de ce lundi. Le taux d'incidence atteint 2.800 cas pour 100.000 habitants en Polynésie soit le plus élevé de France. Il est interdit de circuler, les loisirs sont fermés, tout comme certains commerces. Il faut se munir d'une attestation pour justifier d'une série de dérogations : se rendre au travail ou se former, assister une personne vulnérable, faire des achats de première nécessité, se faire soigner et bien sûr se faire vacciner.
En Polynésie française, les hôpitaux sont sous pression face à l'afflux de patients atteints du Covid-19.
— franceinfo plus (@franceinfoplus) August 23, 2021
Le Centre hospitalier de Papeete, à Tahiti, a même dû installer des lits en urgence dans le hall d'entrée, comme l'explique ce reportage d'@infofrance2. pic.twitter.com/1dU1jUEwgv
Car la vaccination est le nerf de la guerre. "Il y a une prise de conscience", insiste Fabrice, "on voit des files d'attente très longues. Tant mieux ! La campagne de vaccination s'accélère, les autorités ont pris le problème à bras le corps même si certaines familles traditionnelles ont encore des réticences liées à la nouveauté du vaccin et à la vaccination en générale".
De gros efforts sont faits pour vacciner les Polynésiens. La progression est assez forte. "Mais ce qui rend la situation encore plus compliquée, c'est la géographie des lieux. Les archipels sont églement touchés et là, c'est plus inquiétant car il faut évacuer les malades et les hôpitaux sont déjà saturés" explique Fabrice Avenel.
Malgré la situation sanitaire inquiétante, le confinement se vit de manière apaisée. Les gens sont gentils, il y a de l'entraide. Pas d'agressivité, ni d'énervement contrairement à ce qu'on a pu ressentir en Métropole.
"Les Polynésiens sont extraordinaires" ajoute Isabelle. Rien ne viendra entâcher leur bonheur de vivre à Tahiti, pas même ce nouveau confinement. Le goût du voyage restera le plus fort. Eux qui ont déjà déménagé en Martinique et au Burkina Fasso. "A chaque fois, ce sont des expériences enrichissantes." Cette fois encore, toute la famille était entousiaste au moment du départ. Confinement ou pas, rien ne viendra gâcher leur plaisir. Et Isabelle de rappeler qu'au Burkina Fasso, ils avaient déjà été confinés : "mais pour des raisons politiques à cause de tensions dans le pays!"