Antoine Le Guilloux, 25 ans, est un jeune papa rémois épanoui. Il vient de co-écrire une tribune diffusée dans plusieurs médias régionaux et nationaux pour réclamer un allongement du congé paternité d'au moins un mois. Son credo "#1moisminimum" défraye depuis la chronique. Rencontre.
Antoine Le Guilloux est vidéaste, blogueur et youtubeur, installé à Reims avec sa compagne, elle aussi, à son compte. Leur premier enfant, Jean, est né le 16 février dernier. Une belle surprise, pas forcément prévue au départ, mais qui a donné au futur papa alors l'envie de s'impliquer à fond dans l'aventure de la parentalité.
Devenir papa
"Devenir papa n'a pas changé toute ma vie, mais cela a changé mon quotidien", explique Antoine. Ce dernier s'est mis à lire de nombreux livres, à se renseigner sur des sites de références en la matière. Il a même suivi une formation à Rouen délivrée par un papa éducateur qui a crée un "atelier du futur papa" réservé aux pères de famille où l'on apprend les gestes pour changer, porter son enfant par exemple. Un lieu où l'on échange sur les thématiques diverses autour de la parentalité et de la petite enfance. "Cela m'a passionné. J'ai appris plein de choses: qu'est ce que le liniment? A quoi ça sert? Qu'est-ce que la mort subite du nourrisson?"Il a d'ailleurs créé son propre blog "devenir papa" pour aider les pères à s'investir pendant et après la grossesse. Sur mon compte Instagram, je m'apprête à lancer une "to do list" de choses à faire ou à penser que les futurs parents pourront remplir ou lister à deux. Une fiche à accrocher sur son frigo par exemple en attendant bébé ou à l'arrivée de bébé. "Avec des choses très concrètes, précise le blogueur, comme noter les rendez-vous médicaux, les achats indispensables avant la naissance, la liste des produis à acheter en pharmacie ou encore les codes CAF de sa compagne pour actualiser son compte ameli, des choses qui soulagent la maman ou des tâches que l'on peut partager".
Trouver sa place
A la naissance de son fils, Antoine a fait le choix de mettre un mois son activité en stand-by pour s'occuper de lui, aider sa compagne et prendre du temps ensemble. Le confinement et la crise du Covid-19 lui ont permis de gagner deux mois supplémentaires. "Un grand luxe", ironise-t-il. "Je me suis rendu compte que pendant la grossesse je n'avais fait que 30% du job de papa alors que je pensais m'être hyper investi! Ça a été le déclic. En France le congé paternité est limité à 11 jours week-ends inclus. Or j'ai trouvé que même un mois n'avait pas été suffisant. Il faut du temps pour créer du lien avec son enfant. Pour le papa comme pour la maman. Je me suis alors posé la question : comment aider les papas à plus s'investir? Car durant la grossesse et le congé maternité, c'est un fait dans notre société: tout est tourné autour de la maman. Pas facile pour nous les papas de trouver notre place. Pourtant, acheter des bodys, changer des couches ou chercher une nounou, c'est cela aussi mon rôle de père".Aujourd'hui, Jean a 4 mois et Antoine est un papa épanoui.
Plus je passe du temps avec lui, plus j'éprouve du plaisir à m'occuper de lui. Mais pour cela il faut prendre l'habitude dès le départ, avoir les infos en même temps que la maman à la maternité par exemple. Le bain, l'habillage, etc... Cela s'apprend, il faut nous inclure dans l'éducation de l'enfant le plus tôt possible et surtout plus que durant 11 jours.
#1moisminimum
Le sujet le passionne tellement qu'il réfléchit même à en faire une partie de son activité professionnelle. Et le Rémois ne s'arrête pas là. De forums de discussions en forums, il a rencontré d'autres papas très investis eux aussi un peu partout en France. Ensemble, ils ont rédigé une tribune, parue symboliquement quelques jours avant la fête des pères du 21 juin. Leur texte a été relayé dans de nombreux médias régionaux et nationaux et il a fait grand bruit sur les réseaux sociaux avec le hashtag #1moisminimum. Ces papas espèrent ainsi mobiliser tous les acteurs possibles en faveur d'une paternité épanouie, hommes et femmes confondus.Nous demandons un congé d'un mois minimum, en même temps que celui de la mamant. Et l'idéal, même si j'ai conscience qu'il s'agit d'une utopie pour l'instant- serait comme dans les pays nordiques d'avoir chacun père et mère la même durée de congé plus deux semaines chacun seuls ensuite avec l'enfant. Car c'est passant du temps seul avec son enfant que l'on apprend vraiment.
Le gouvernement favorable
Peu après la publication de leur tribune, les réactions ne se sont pas faites attendre. Ils ont réussi à toucher et à obtenir des promesses. Sans aucune garantie. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye s'est prononcée favorablement en faveur de l'allongement du congé paternité à un mois. Et la secrétaire d'Etat chargée de l' Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations Marlène Schiappa a elle aussi annoncé -sans donner de date exacte- que l'allongement du congé paternité à 4 semaines serait mis en place d'ici la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.Dans l'attente de mesure concrète, chacun de leur côté, ils ont ainsi contacté des élus et députés. A Reims, la député LREM de la Marne Aina Kuric, a reçu Antoine Le Guilloux et s'est dite elle aussi sensible à la cause et lui a avoué qu'elle soutiendrait une proposition de loi en ce sens. Il attend également un positionnement du maire de Reims Arnaud Robinet qu'il a récemment contacté.
Et les mamans dans tout ça ?
"Ma compagne dit à ses amies qu'elle se considère comme chanceuse car nous sommes tous les deux indépendants et pouvons organiser nos journées sur un modèle similaire. Nous sommes habitués à être souvent ensemble, à travailler dans les mêmes espaces, donc le partage des tâches avec bébé nous a paru naturel et simple," précise le jeune père de famille, avant d'ajouter "et puis on communique beaucoup, c'est la clé. Elle est aussi pour un congé paternité plus long. Ma présence durant trois mois à la maison, entre les tétées et les changes, l'a beaucoup aidé et l'ai aidé à mieux récupérer." Et le papa de conclure : "Ce que je préfère dans mes journées désormais ? C'est réveiller mon fils et découvrir son sourire le matin."