Témoignages. Journée internationale des droits des femmes : "femme, mère et cheffe d'entreprise, c'est possible"

Publié le Écrit par Marjorie Le Meur

"On se sent parfois seules au monde". A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars, on vous parle de celles qui ont créé leur entreprise tout en étant maman. Un rythme de vie pas toujours simple que Sophie Guerriero et Pauline Legras ont tenu à partager en créant une antenne marnaise du réseau national Mampreneures.

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Pauline Legras s’est écoutée : l’année dernière, elle est devenue architecte d’intérieur à son compte comme elle le voulait.  Deux ans plus tôt, elle travaillait encore dans la promotion immobilière. Un métier que cette Troyenne d’origine a exercé pendant dix ans, notamment à Paris. " Il fallait s’adapter au planning des clients, être disponible lorsqu’eux l’étaient ", se souvient-elle. En 2020, elle tombe enceinte. Au même moment, Pauline Legras observe différemment le rythme de ses collègues : "Je me suis dit que je n’allais pas beaucoup voir ma fille… ".

Après des années de salariat, elle s’installe à son compte

Une question revient souvent dans son esprit : comment gérer son emploi du temps comme elle le souhaite pour profiter de son enfant ? C’est là qu’elle fait le choix de devenir sa propre patronne. Un an de formation à distance plus tard pour se former à la décoration d’intérieur, Pauline Legras devient cheffe d’entreprise. Le 1er janvier 2022, sa société "REnovMOI" voit le jour à Reims.

Elle a sa boîte, elle peut enfin choisir ses horaires, adapter son emploi du temps en fonction de sa fille, être présente et profiter d’elle. « Sans compter qu’un enfant, c’est tout le temps malade », sourit-elle. Et d’ajouter : « Mais dans ce cas, sa baby-sitter ne la prend pas. Alors, nous la gardons. Imaginez si à chaque rhume, j’avais dû demander à mon chef de rester à la maison », laisse-t-elle en suspens.

« Il n’y a personne au dessus de moi pour me dire comment travailler »

Sandra Jacquemin, à son compte depuis 2011.

Mère et entrepreneure : un quotidien tout terrain

Désormais nouvelle dans l’entrepreneuriat, la jeune maman se sent très vite « seule ». « On se retrouve face à son propre ordinateur après avoir passé dix ans avec des collègues », poursuit Pauline Legras. Sans compter la difficulté de gérer à la fois sa nouvelle société et son nouveau-né. « Quand on se lance, on doit tout gérer, mais on ne peut pas être sur tous les fronts. Puis, il faut se former seule : la décoration, c’est un pan de mon activité, mais à côté, il y a aussi la communication, la trésorerie, la création du site internet, etc. », énumère la mère de deux enfants. « Donc, on a tout de même une liberté relative », modère l’architecte d’intérieur.

Pauline Legras souhaite rejoindre un réseau de professionnels pour écouter les témoignages d’autres entrepreneurs. « Mais je trouvais que c’était très business et très masculins », raconte-t-elle la femme de 32 ans.

"Quand on est mère, se lancer dans l'entrepreneuriat peut parfois être compliqué avec les banques qui demandent si une entreprise et un enfant à gérer ne va pas être compliqué"

Sandra Jacquemin

Après maintes recherches, elle trouve une association qui lui correspond : les « Mampreneures ». Mais l’antenne la plus proche se trouve dans l’Oise. Ce réseau de partage d’expériences entre mères cheffes d’entreprises, Pauline Legras décide alors de l’importer dans la Marne. Le problème ? Il lui faut une collaboratrice, car sa tâche demande du travail.

Elle ne la connaît pas encore, mais Sophie Guerriero, naturopathe et sophrologue à Bazancourt (Marne) a le même projet. Et, depuis deux semaines, elle cherche également une partenaire pour créer ce nouveau réseau. Un coup de téléphone plus tard, le premier « MamCafés » marnais est lancé.

"Mam' Cafés" : le rendez-vous mensuel pour parler boulot, femme et mère

C’était en novembre 2022 et depuis, les deux mamans se retrouvent toute une matinée, une fois par mois, pour échanger avec une dizaine d’adhérentes de la région qui ont également rejoint l’association. Des rencontres dans des cafés, salons de thé, espaces de coworking. « En août, on aura même les Mam Terrasses ! », s’exclame Sophie Guerriero, avec un sourire dans la voix.

À chaque nouveau rendez-vous, un nouveau thème est abordé en fonction de leurs besoins. Au sommaire : yoga du rire, gestion du stress, stratégie de communication, organisation du temps. Avec, à chaque fois, un intervenant bénévole qui livre ses compétences. 

Un cercle de "Supers Nanas" pour se soutenir

« On a parfois l’impression d’avoir six bras ! Donc on a besoin de s’épauler et se rebooster », étaye Sophie Guerriero, la thérapeute de 37 ans. Pauline Legras, sa collaboratrice qui vient d’avoir un deuxième enfant, poursuit : « Quand on n’est pas encore maman, si on le souhaite, on peut travailler toute la journée. Quand on l’est, il faut jongler avec plusieurs situations : le travail mais aussi l’école, les devoirs, le bain. Si les temps ont changé, en réalité les problématiques restent les mêmes ».

Depuis ces rencontres, Sophie Guerriero, à la fois mère et belle-mère de trois enfants, se sent plus entourée. « On a l’impression de faire partie d’un petit cercle de Supers Nanas. C’est notre bulle, on se livre sans filtre et sans jugement :ça fait du bien ! », lâche-t-elle.

« Il faut apprendre à être organisée, structurée et tenace »

Sandra Jacquemin

Pour sensibiliser les jeunes filles à entrepreneuriat, Sandra Jacquemin, adhérente de l’association, ancienne infirmière libérale, aujourd’hui agent immobilier, interviendra le 14 avril prochain au lycée Clémenceau, à Reims. Un projet lancé par l’association 100.000 entrepreneurs. L’idée ? Expliquer ce qu’est l’entrepreneuriat aux jeunes avant leurs études supérieures et montrer également qu’il en existe dans tous les corps de métier. « On veut aussi dire que patron n’existe pas qu’au masculin. Qu'être femme, mère et cheffe d’entreprise, c’est possible ».

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