Témoignages. "On est plus souvent à la maison d'arrêt de Reims que chez nous", ma vie de "maton"

Les surveillants pénitentiaires continuent de manifester un peu partout dans la région. Ce jeudi, ils étaient devant la maison d'arrêt de Reims, pour revendiquer plus de moyens matériels et humains. Un manque de moyen qui pèse aussi sur la vie privée des agents. Témoignages à Reims.

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Si la situation a fini par s'enflammer, c'est parce qu'ils sont à bout. Lassés de ne pouvoir concilier leur vie de surveillant pénitentiaire et celle de conjoint, épouse ou père de famille.

A la maison d'arrêt de Reims, ils étaient une dizaine à se réunir pour manifester leur colère et protester contre le manque de moyens humains et matériels.


Johan, 32 ans, surveillant pénitentiaire depuis cinq ans, à Reims depuis 2016


"Le premier jour on travaille du soir. Le deuxième, on est soit de coupure, soit du soir, ou de longue durée.

Quand on fait une longue journée, on commence à 6h45 et on repart à 19h. On arrive le matin, il fait nuit. On repart, il fait nuit. On a qu'une envie, c'est manger, prendre une douche et dormir.

Depuis que je suis à la maison d'arrêt de Reims, ma vie se passe beaucoup mieux, parce que je suis tous les soirs à la maison. Lorsque j'étais en région parisienne, je partais à la semaine. J'étais obligé de cumuler deux loyers : une colocation en région parisienne et un appartement à la maison. La vie de famille se passait très mal."


Gaëlle Lopez, 35 ans, dans l'administration pénitentiaire depuis février 2011


"Quand on rentre chez nous, on prend une douche. C'est la première chose que l'on fait, car la détention a une odeur particulière. Et on décompresse. C'est le meilleur moment de la journée.

Ce n'est pas simple d'expliquer nos conditions de travail. Ce n'est pas simple à comprendre de l'autre côté. Heureusement, j'ai un conjoint super, qui me comprend. J'ai un bon soutient chez moi. Mais je sais que ce n'est pas le cas de tous mes collègues."


Jean-Luc, 43 ans, depuis quatre ans


"Quand je rentre à la maison, mes enfants sont couchés, le lendemain, ils vont à l'école. Je ne les vois pratiquement jamais, surtout celui de trois ans. Je rate pas mal de choses dans sa vie de tous les jours.

Cela me pèse, je suis toujours à la maison d'arrêt. Je demande à faire plus d'heures pour gagner un peu plus, car on n'est pas si bien rémunérés… Le malaise, il est général."

► Retrouvez le reportage de Bintou Sidibé et Raphaël Doumergue

 

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