"N'oubliez pas les paroles" : des résidents autistes en foyer spécialisé vont assister au tournage, dans le public

Le mardi 15 octobre 2024, le public de l'émission "N'oubliez pas les paroles", présentée par Nagui sur France 2, comptera des hôtes venant d'un foyer spécialisé de Cormontreuil (Marne), en banlieue rémoise. Il s'agit d'une activité culturelle proposée par deux travailleuses sociales de l'établissement.

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C'est une sacrée occasion. Des personnes autistes résidant en foyer spécialisé à Cormontreuil (Marne), dans la banlieue rémoise, vont intégrer le public de N'oubliez pas les paroles

La participation se limite à trois de ces émissions, enregistrées dans les studios de la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le mardi 15 octobre 2024. Elles sont présentées par l'inénarrable animateur Nagui, et diffusées sur France 2, où elles rencontrent une large audience.

Pour savoir comment cette belle histoire s'est écrite, il faut demander à Anaïs Aïchi. Travailleuse sociale au sein du Foyer d'accueil médicalisé pour autistes (Fama) Murielle Renard de Cormontreuil, elle raconte à France 3 Champagne-Ardenne avoir y avoir pensé "avec ma collègue, Léa Lamoureux".

"On a eu l'idée lors de mon service civique en 2023 [elle a depuis été recrutée, au mois d'avril; ndlr]." Le projet a commencé à s'ébaucher à partir du mois de mai. Les deux collègues, qui envisagent de devenir éducatrices spécialisées reconnues, ont fait appel à l'Agence Cassandra, qui s'occupe des placements du public de nombreuses émissions, parmi lesquelles Quotidien avec Yann Barthès. 

Les petits plats dans les grands pour l'accueil

"On peut certes réserver directement sur la plate-forme, mais il fallait qu'on s'assure avant que les conditions soient bonnes pour nos résidents, s'il y avait des possibilités d'adaptation... Tout ce qui est attente, temps morts, c'est très compliqué pour les personnes autistes. Ils font venir super tôt à l'avance, pour au final nous faire patienter dans des halls pendant deux heures." Mais point ici. 

"On s'est arrangé pour pouvoir venir plus tard. Elle nous permet aussi d'assister à trois émissions, pour un temps de tournage de deux heures. C'est quand même assez long, mais quand on regarde sur le site, on voit des horaires de cinq heures. Je crois qu'elle a l'habitude : elle était assez alerte, a proposé des dates en fonction, prévenu qu'il y avait beaucoup de bruit. Elle est bien sensibilisée à tout ça."

Même bonne surprise au niveau du parc de stationnement. "Pour le parking du studio 107, sachant que c'est dans le 93, on vient avec un véhicule assez gros. Ils nous le mettent à disposition, il faut juste qu'on montre la carte invalidité pour qu'ils l'ouvrent." (voir emplacement sur la carte ci-dessous)

Côté procédures, "il a fallu faire remplir les autorisations de droits à l'image aux parents. On a d'ailleurs eu un souci. On voulait emmener un troisième résident du Fama, mais il a une tutrice. Elle a refusé, au motif qu'il n'avait pas la capacité intellectuelle de donner son consentement éclairé... On était un peu triste, mais c'est eux qui ont la décision finale. En plan B, on a contacté un autre foyer de vie, L'Aurore à Reims. Un résident et une professionnelle vont venir avec nous : ça aurait été bête de perdre deux places." Anaïs Aïchi et sa collègue Léa Lamoureux seront aussi du voyage : six personnes au total. 

Sans oublier un bagage particulier : une grande pancarte. "On a écrit dessus : là où les mots échouent, la musique parle." Une citation très adaptée au vu de la situation. "On a mis la petite tête de Nagui. Les résidents ont aussi fait des dessins pour lui." Le grand départ est prévu à 13h00, le mardi 15 octobre. "On veut être large. Le retour est prévu à 21h00. Ça va nous prendre toute la demi-journée." Tout le monde "est au courant depuis près de deux semaines", et donc très enthousiaste. "Ils ont bien compris de quoi il s'agissait, ils ont dit qu'on les verrait peut-être à la télé, qu'ils pourraient peut-être dire bonjour à Nagui. Ils nous en parlent tous les jours."

"On est assez libre pour proposer des projets. La direction a tout de suite accepté. On a rempli un projet écrit où l'on parle des objectifs des résidents, pourquoi ça serait bénéfique pour eux. Ça a été accepté directement." Les financements ont suivi : heureusement, il ne fallait pas qu'ils soient très élevés. "Pour l'émission, c'est gratuit. Le budget repas est de quinze euros par personne : on ira sans doute au McDo. On a aussi le budget autoroute : on a prévu large avec 60 euros."

Un public très, très fan

La sortie concerne une résidente et un résident du Fama Murielle Renard. Il n'accueille que des adultes présentant des troubles du spectre autistique, "souvent associés à une déficience intellectuelle. Certains parlent, d'autres non." 

Les deux personnes emmenées en Île-de-France peuvent parler. "Elles ont un niveau d'autonomie assez élevé." Et au sein du foyer, l'émission N'oubliez pas les paroles est importante. Et la musique, plus généralement. "Pendant leur temps libre, ils sont devant la [chaîne] 17, à regarder les clips. Et le soir, dès que c'est N'oubliez pas les paroles, ils changent de chaîne et mettent cette émission."

La musique a vraiment une place importante.

Anaïs Aïchi, travailleuse sociale au Foyer d'accueil médicalisé autisme (Fama) Murielle Renard

Elle ajoute "qu'un des deux résidents" qui fera le déplacement "est incollable sur plein de chansons. Il a vraiment des capacités de mémorisation énormes. Il chante, aussi." Des cours de musique sont aussi dispensés. À nouveau, l'une des deux personnes concernées "prend des cours de flûte, l'autre a un professeur de musique. Au Fama ou dans leur vie, la musique a vraiment une place importante." 

Elle évoque de nombreux bienfaits, comme "réduire l'anxiété, créer du lien. Y compris entre les résidents qui parlent et ceux qui ne parlent pas, et avec les soignants, les éducateurs. Ça permet de tolérer plus facilement la proximité, d'échanger même quand il n'y a pas la parole. On fait souvent des petites booms, et c'est l'activité où on voit le plus de résidents rassemblés, parfois certains qui d'habitude ne veulent pas sortir de leur chambre. Mais il suffit de mettre la musique", et c'est parti. 

Elle est bien occupée

En tant que travailleuse sociale, Anaïs Aïchi "accompagne sur les soins : douche, aller aux toilettes, etc. Ainsi que tout le volet éducatif. Tous les résidents de notre Fama ont des objectifs annuels à atteindre dans le cadre de leur projet personnel d'accompagnement : on appelle ça des PPA. On définit des objectifs à atteindre en fonction de leur niveau ou des difficultés qu'on peut observer chez eux. On met en place des exercices pour les faire travailler dessus, et les atteindre en fin d'année."

Une occupation qu'Anaïs Aïchi est ravie d'avoir, elle qui effectuait auparavant un travail qui avait perdu de son sens dans des services de communication basés à Paris. "C'est bien plus éprouvant que ce que je faisais avant et les budgets sont petits, mais au moins, je sais pourquoi je me lève le matin." 

En parallèle, elle occupe son temps à vadrouiller dans la nature et partager de magnifiques clichés animaliers aux internautes, objet d'un précédent article de France 3 Champagne-Ardenne. Un nouvel article sera très prochainement consacré à la belle aventure des résidents de ce Fama.

Avec peut-être à la clé un selfie (autoportrait) du groupe avec Nagui ? "On a demandé à l'agence s'il était possible d'organiser un moment de rencontre. Elle a répondu que niveau timing, on ne pouvait pas vraiment le prévoir, mais il sera peut-être possible de l'interpeller sur le moment... avec notre petite pancarte..." On verra bien : il ne faut jamais dire jamais.

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