Une mère était jugée ce 22 octobre 2024 à Reims pour avoir laissé seuls ses quatre enfants de deux à six ans pendant plusieurs heures dans son appartement en mai dernier. Elle a été reconnue coupable de soustraction à ses obligations légales en tant que parent et condamnée à 12 mois de prison avec sursis.
Quatre enfants de deux à six ans seuls dans un appartement. Voilà ce que les pompiers ont découvert le 26 mai 2024 en intervenant dans un immeuble du quartier Wilson de Reims (Marne).
Dans le logement se trouvaient "des couches sales, des culottes souillées d'excréments, des excréments à plusieurs endroits. L'un des enfants en avait le corps couvert. Les deux plus petits enfants étaient presque nus", selon ce qu'avait indiqué le procureur de la République de Reims, François Schneider, lors d'une conférence de presse deux jours après les faits. Les enfants avaient allumé une plaque électrique pour tenter de se faire à manger, une odeur de brûlé flottait dans l'air.
La mère était arrivée très énervée sur place. Son compagnon l'avait rejointe peu après. Alcoolisé, il hurlait dans le logement. Il n'avait pourtant pas le droit d'entrer en contact avec elle et ses enfants par décision de justice.
Ce mardi 22 octobre, la mère de famille était jugée devant le tribunal correctionnel de Reims. Toute la question était de savoir si elle avait ou non failli à ses obligations de parent.
"Le procès de la confiance"
La jeune femme de 32 ans aux longs cheveux ondulés se présente à la barre du tribunal avec une veste beige et une écharpe rose. Elle assure qu'elle avait demandé à un ami de garder ce jour-là ses enfants. Elle n'était qu'à cinq minutes de là, pour fêter l'anniversaire d'une amie. Partie vers 15h, elle devait être de retour deux heures plus tard.
Pourtant, les enfants ont été retrouvés seuls par les secours vers 19h. "À 17h, vous ne vous dites pas que vous devez rentrer ?", la questionne la procureure de la République. Elle dit qu'elle n'avait plus de batterie sur son téléphone et n'a pas vu l'heure passer.
"Le procès aujourd'hui, c'est le procès de la confiance", tente son avocate, Maître Delière. L'homme qui devait garder les enfants, "ce n'est pas quelqu'un qui passait par là". SDF, il était hébergé depuis quelques semaines par la jeune femme. "Je pensais qu'il allait rester le temps que j'arrive", balbutie-t-elle, derrière ses grandes lunettes rondes. Lui pourtant explique, selon les éléments de procédure cités par le président du tribunal, qu'il avait prévu de prendre un train vers 15h et qu'il n'était pas question qu'il reste.
Madame est loin d'être une mère parfaite.
L'avocate de l'association d'accompagnement éducatif de la Marne, partie civile, s'insurge. Elle rappelle que la mère est allée jusqu'à déposer plainte contre son ami parti, selon elle, avant l'heure convenue. "Elle est complètement inconsciente et ignorante de son devoir de mère de famille", tonne-t-elle. Elle pointe également l'absence de nourriture dans les placards et un logement qualifié d'insalubre, sans frigo.
L'avocate de la mère concède que "Madame est loin d'être une mère parfaite", mais "tout n'a pas été très simple dans sa vie". Elle a notamment dû partir à la hâte de Soissons (Aisne), victime de violences conjugales. "C'est aussi en partie pour cette raison que l'appartement n'était pas très meublé", assure-t-elle.
Conformément aux réquisitions de la procureure, le tribunal a condamné la mère de famille à 12 mois de prison avec sursis. Elle devra indemniser ses enfants à hauteur de 1 000 euros chacun pour le préjudicie subi. Son compagnon, absent de l'audience pour raisons de santé, a été condamné à 300 euros d'amende pour rébellion. Les quatre enfants, eux, sont placés depuis les faits.
