Venue soutenir les candidats marnais aux législatives, la Rémoise Catherine Vautrin est favorable, en l'absence de majorité absolue pour le RN, à la création d'une nouvelle coalition gouvernementale.
Catherine Vautrin a beau disposer depuis janvier d'un des plus gros portefeuilles du gouvernement, elle ne s'éloigne jamais très longtemps de sa ville natale. Rien de surprenant donc de la retrouver ce jeudi matin sur une terrasse de la place du Forum à Reims pour soutenir les candidats de son camp aux législatives dans cette période cruciale de l'entre-deux-tours. "Je suis une élue de territoire et je suis encore conseillère municipale et communautaire à Reims, rappelle l'ancienne présidente du Grand Reims qui a dû quitter ce dernier poste lors de sa nomination dans le gouvernement de Gabriel Attal.
Son exercice de ministre mis par la force des choses entre parenthèses, Catherine Vautrin se mobilise dans cette campagne express des législatives auprès des candidats locaux. La voilà donc attablée aux côtés des quatre députés sortants dont la circonscription est en partie établie sur le territoire rémois. Xavier Albertini, Laure Miller, Eric Girardin et Lise Magnier, tous représentants de la majorité présidentielle et tous devancés par un candidat du Rassemblement national dans les urnes dimanche dernier, sont présents, ainsi que le maire (Horizons) de Reims Arnaud Robinet, la sénatrice de la Marne Anne-Sophie Romagny et le président du conseil départemental de la Marne Jean-Marc Roze.
À l’issue de ce premier tour, les résultats ne sont pas bons pour le camp présidentiel. L'objectif est donc clair : empêcher le Rassemblement national d'obtenir une majorité absolue, et aider ces élus locaux à prolonger leur mandat. Catherine Vautrin défend d'abord leur bilan depuis leur entrée au palais Bourbon. "Les candidats que nous soutenons, ce sont des élus de terrain, attachés au territoire. Ils expriment la voix du territoire à Paris et sont capables aussi, quand on leur propose des textes, de les regarder avec l'expérience qui est la leur. Je les vois à l'Assemblée nationale et je peux témoigner de leur engagement." Face à des candidats RN auxquels on reproche souvent le manque voire l'absence d'ancrage local, elle insiste sur l'argument de la proximité : "nos concitoyens savent qu'ils ont des élus qui leur ressemblent, qui les connaissent, qui portent leur voix."
Je ne peux pas accepter de voir le pays fracturé
Catherine Vautrin, ministre de la Santé, du Travail et des Solidarités
Pour la ministre, la France est à un tournant de son histoire politique et l'importance du scrutin de dimanche ne doit échapper à personne. "C'est un enjeu démocratique extrêmement important. La France, ce sont des valeurs, je souhaite que l'on se retrouve autour des valeurs qui fondent notre démocratie, c'est-à-dire le respect de chacun et le respect de la République." Des mots qui traduisent la volonté de faire barrage à tout prix au Rassemblement national, accusé de diviser le pays. "Je ne peux pas accepter de voir le pays fracturé, reprend la Rémoise. Quand j'entends l'histoire des binationaux (une mesure du RN pour limiter l'accès des binationaux à certains postes), il est question de faire une ségrégation de Français, c'est très grave."
Face à la progression du RN mais aussi du Nouveau Front Populaire, les stratégies évoluent. Pour Catherine Vautrin, en l'absence de majorité absolue en faveur du Rassemblement national, le salut pourrait venir d'une nouvelle coalition. "Il est important que chacun comprenne qu'il y a la volonté d'un arc républicain qui peut rassembler des Socialistes, des Verts, des Centristes, en résumé "la gauche de LR", et des représentants de la droite républicaine. L'objectif est de bâtir une majorité de projets. Tous les pays d'Europe qui nous entourent font cela, ils se mettent d'accord sur un nombre de projets, ils s'engagent dessus, c'est ce qu'on appelle une coalition."
Travailler avec la gauche
Si la perspective de gouverner avec des membres issus de La France Insoumise est toujours écartée, l'heure est à l'ouverture. "J'ai déjà été ministre de la Ville, présidente de l'ANRU, j'ai travaillé dans les quartiers, cela fait partie des endroits où l'on a appris à travailler ensemble avec la gauche, il faut continuer. Je me souviens de la phrase de Jacques Chirac lors de l'un de ses discours : "la force d'une nation c'est sa cohésion, son moteur c'est l'égalité des chances".
Si Catherine Vautrin reste prudente sur l'issue de ce second tour, un nouvel horizon politique semble se dégager. Même si rien ne dit qu'elle fera toujours partie de l'échiquier gouvernemental après les législatives. "Ce n'est pas du tout le sujet !", lance-t-elle en gardant le sourire.