Un robot devenu guide dans un musée, un village entièrement modélisé : quand le numérique fait rayonner le patrimoine

Les outils et les projets numériques qui mettent en valeur le patrimoine ne cessent de se multiplier : des visites virtuelles en trois dimensions aux robots dotés d’intelligence artificielle, la culture et le patrimoine sont désormais accessibles depuis une simple connexion internet, sans bouger de son canapé. Exemples.

“Bonjour ! Je suis Anna, étudiante en école d’arts et guide virtuelle au musée de Reims”. Lorsque l’on arrive sur la page d’accueil du musée numérique de Reims, un simple clic sur une icône à l’effigie d’Anna permet de lancer la conversation. Anna, qui n’a pas de nom de famille, et qui semble vivre éternellement dans les jardins de la basilique Saint-Remi de Reims, est un bot, comprenez un robot, doté d’intelligence artificielle. Sa mission ? Guider le visiteur du musée numérique dans les collections de la ville.  

C’est ainsi qu’elle pourra vous présenter les incontournables des musées, des œuvres insolites ou même, les coups de cœur des équipes qui travaillent sur ce projet. Mais il est aussi possible de lui poser des questions. “Quand vous posez une question à Anna, par exemple, 'Peux-tu me montrer des fleurs ?’ Elle va analyser la question, elle va rencontrer le mot 'fleur' et elle va chercher dans le commentaire des œuvres le champ lexical du mot fleur, explique Valérie Duthoit Saint-Georges, chargée de projets numériques au sein des musées de la ville. “Ensuite, elle va vous proposer une série d’œuvres qui correspondent à votre demande”.

Toutes ces œuvres - il y en a 20 000 dans le catalogue du musée numérique - sont issues des six musées de Reims : le musée Saint-Remi, le musée Hôtel Le Vergeur, le fort de la Pompelle, le musée de la Reddition, la chapelle Fujita et bien sûr, le Musée des beaux-arts. Sur les 20 000, Anna n’en connaît que 1 800, mais sur le bout des doigts. L’internaute peut donc être particulièrement directe avec le robot. Nous avons testé avec cette question : "Anna, peux-tu me parler du tombeau de Jovin ?" Et Anna de répondre consciencieusement : “Il représente une scène de chasse au lion. La scène et diviser en deux registres”... Elle est intarissable.

“Quand vous êtes en ligne, vous pouvez zoomer sur l’œuvre, vous approcher, vous l’approprier même, précise Valérie Duthoit Saint-Georges. Vous avez toutes les informations classiques, la date, l’auteur, la taille, les commentaires, les œuvres en rapport, les expositions dans laquelle l’œuvre a été présentée. Ce sont des choses que vous ne trouvez pas sur les petits cartels du musée”. Mais la chargée de projets numériques tempère malgré tout : “ En même temps, on n’est pas face à l’œuvre, ce n’est pas du tout la même rencontre qu’en physique, l’un ne remplace pas l’autre".  

Le but ultime c’est que vous découvriez des œuvres dans votre canapé et que ça vous donne envie de vous déplacer, de pousser la porte de nos musées et de rencontrer l’œuvre en vrai.

Valérie Duthoit Saint-Georges, chargée de projets numériques aux Musées de Reims

Anna représente pour la ville un investissement de 30 000 euros. Ce qui permet de faire rayonner les collections rémoises au-delà du territoire, de les rendre accessibles, aussi, à celles et ceux qui ne peuvent se déplacer, ou aux chercheurs du bout du monde qui auraient besoin d’y accéder. Mais il s’agit surtout de déclencher des envies de rencontre directe avec l’œuvre, la culture, le patrimoine.  

Les visites en trois dimensions, outil touristique 

Déclencher l’envie de se déplacer, c’est aussi l’objectif des visites en trois dimensions qui, depuis quelques années, se multiplient et permettent de pénétrer, sans bouger de son canapé, dans de nombreux bâtiments du patrimoine... Notre-Dame de l’Epine, dans la Marne, a par exemple été numérisée, tout comme la Duduchotèque, à Châlons-en-Champagne, consacrée au dessinateur Cabu. Mais depuis un an, il est aussi possible de visiter sans quitter son salon l’entièreté d’un petit village champenois depuis son canapé, avec en prime, la possibilité de se prendre pour un oiseau. 

À Oeilly, dans la Marne, la commune a en effet fait le choix de modéliser en trois dimensions l’intégralité du village, mais aussi de nombreux acteurs touristiques. “On peut vraiment se projeter, grâce à cet outil informatique, dans l’ensemble des musées de la ville, l’ensemble des partenaires touristiques, les gîtes, les chambres d’hôtes, les maisons de champagne, aussi, qui ont joué le jeu, énumère Stéphane Boulant, le maire (SE) d’Oeilly. L’objectif, c’est de dire que les gens qui ne connaissent pas forcément la vallée de la Marne, et Oeilly en particulier, puissent déjà se faire une visite virtuelle et leur donner envie de venir physiquement”. 

Parmi les acteurs qui ont participé à l’élaboration de cette carte interactive où l’on plonge en trois dimensions dans les secrets de ce territoire, il y a la maison de Champagne Tarlant. L’internaute peut, en ligne, se promener dans les parcelles du domaine, mais aussi plonger dans les caves, vieilles de plusieurs siècles, qui serpentent sous la maison. Des vidéos accompagnent la visite, où l’on peut rencontrer celles et ceux qui tiennent le domaine aujourd’hui. Pour ces vignerons, l’oenotouriste cherche un tout, une rencontre avec un terroir, il fallait donc tout montrer : “Notre village est accroché à une vallée, et ainsi on avait cette vue de la nature au départ, et après on rentrait dans le cœur de l’histoire, des caves, des sous-sols, se souvient Mélanie Tarlant, la vigneronne. En tant que Champenoise, c’est aussi important d’avoir le sous-sol que l’extérieur. Et le résultat est joli, vraiment joli”.  

Ce nouvel outil a permis à la commune comme aux acteurs touristiques d’attirer de nouveaux visiteurs dans ce petit coin de la vallée de la Marne. Souvent, les professionnels renvoient même leurs clients lointains à la découverte de leurs domaines et de leurs musées via la carte interactive et les visites virtuelles. Mais peut-être manquera-t-il toujours dans ces visites numériques, le ressenti, le vivant : la légère fraîcheur de l’air, l’odeur si particulière du raisin suspendu sur son cep, l’humidité des caves, et la poussière qui vole dans la lumière des musées. Le patrimoine s’explore en ligne, mais il se vit aussi et surtout. Deux expériences complémentaires pour des découvertes remplies de plaisir.

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