En mai 2023, un jeune homme de 21 ans avait été grièvement blessé par arme blanche chez lui à Reims (Marne). Sa compagne de 28 ans avait été placée en détention provisoire. Les deux étaient jugés devant le tribunal correctionnel mardi 22 octobre.
Dans la nuit du 28 au 29 mai 2023, un homme de 21 ans avait été grièvement blessé par arme blanche, chez lui, à Reims (Marne). Sa compagne de 28 ans, soupçonnée d'être l'auteure de la blessure, avait été placée en détention provisoire.
Devant le tribunal correctionnel de Reims, mardi 22 octobre 2024, les deux ont bien du mal à expliquer les circonstances des faits. Ce soir-là, ils sont seuls chez eux. Leur fils d'un an et demi dort dans une chambre à côté. Ils ont consommé de l'alcool, beaucoup d'alcool. Une habitude pour le couple, tout comme l'usage de stupéfiants.
Vers une heure du matin, Quentin C. reçoit un coup de couteau. La lame lui perfore le cœur au niveau du ventricule gauche. Il est transporté en urgence absolue à l'hôpital.
Un coup de couteau qui aurait pu être fatal
À la barre du tribunal, Gwladys E., les cheveux soigneusement tressés, dit ne plus avoir aucun souvenir de l'agression. Encadrée par l'escorte qui l'a transportée depuis sa prison, elle raconte se voir retirer le couteau et placer un linge pour tenter de stopper le saignement. Mais c'est le trou noir pour tout ce qui est arrivé avant.
Avant de prévenir les secours, elle a pourtant téléphoné à sa mère. "J'ai planté Quentin. Je viens de le planter", dit-elle dans un message laissé sur son répondeur.
"C'est une blessure de haine qui a été infligée ce soir-là", tonne l'avocate du jeune homme. Elle mime le mouvement du couteau pour démontrer que la blessure ne peut pas être consécutive à un geste défensif. Le coup porté au cœur aurait pu être fatal. "Cela relève du miracle qu’il soit là aujourd’hui", souligne la procureure.
L'avocate de Quentin C. rappelle que son client a eu une enfance difficile, avec un père absent, une mère confrontée à des problèmes d'alcool. Il sera placé dès l'âge de quatre ans et ballotté de foyers en foyers.
La procureure pointe toutefois les accès de colère du jeune homme. S'il assure ne pas être violent envers sa compagne, ce qu'elle dément, les murs du logement portent les marques de ses énervements. La procureure lit également certains de ses SMS, truffés d'insultes. Le jeune homme, vêtu d'un survêtement bleu et gris peine à se défendre.
"Deux naufragés de notre société"
Lorsque les débats évoquent le jeune fils du couple, reconnu tardivement par Quentin C., des larmes coulent sur le visage de Gwladys E. "C'est la seule chose qui la fait tenir", pointe la procureure. La jeune femme peut le voir une fois par semaine en détention.
Concernant le moment décisif, sans autre témoin que les deux prévenus, difficile d'établir la vérité des faits. "On devra se contenter de la vérité judiciaire", admet la procureure. Elle réclame six ans de prison dont un avec sursis pour Gwladys E. Huit mois avec sursis pour son compagnon.
"Ce dossier, c'est l'affaire de deux naufragés de notre société", enchaîne l'avocat de Gwladys E. "Je vous demande de tenir compte du fait que ce qui s'est produit aurait pu se produire dans un autre sens", tente-t-il.
Le tribunal, après en avoir délibéré, a décidé de relaxer Quentin C. des violences pour lesquelles il était poursuivi. Gwladys E. est condamnée à cinq ans de prison dont un avec sursis. Elle est aussitôt repartie en détention.