Ce lundi 28 juin, la toute première Maison des femmes de la région ouvre ses portes dans le quartier du Chemin-Vert à Reims. Objectif : regrouper sur un même site tous les professionnels qui aident les femmes victimes de violences et leurs enfants.
"Là, devant cette fenêtre, on va mettre un voilage pour que ça fasse plus intime", indique Nazha Chtany. La directrice du Mars, l'association d'aide aux victimes de la Marne, peaufine avec son équipe les derniers ajustements. Le lieu sent la peinture fraîche. Plusieurs pièces sont encore vides. Mais la chaleur humaine se fait déjà sentir. Un large sourire aux lèvres, la responsable voit se concrétiser un projet que son association porte depuis plusieurs mois : l'ouverture d'une Maison des femmes à Reims.
Située dans le quartier du Chemin-Vert, au n°10 allée des Pervenches, ce lieu accueillera toutes les femmes victimes de violences. "Que ce soit des violences sexuelles, conjugales, intrafamiliales ou psychologiques comme le harcèlement", précise la directrice. L'an dernier, son association a principalement reçu des femmes violentées par leur conjoint ou ex-conjoint. Près d'un millier ont sollicité leur aide.
"Toutes les bonnes volontés en un seul lieu"
"L'objectif de cette Maison des femmes, explique Nazha Chtany, c'est de faciliter leur prise en charge, d'être le plus efficace possible en regroupant en un seul lieu tous les professionnels qui interviennent d'habitude, toutes les bonnes volontés qui veulent aider ces femmes et leurs enfants." L'association s'est inspiré de la première Maison des femmes créée à Saint-Denis, à l'entrée de l'hôpital, où la prise en charge des femmes victimes de violence est à la fois médicale, psychique, sociale et juridique. Le local leur a été trouvé par le Foyer Rémois.
"Avant une femme victime de violences se rendait dans le local de notre association et on lui disait d'aller chez l'assistante sociale, puis au CHU, puis au tribunal, avant de revenir nous voir. Forcément, s'il y a trop de démarches, trop d'endroits, on la perd, souligne la directrice. D'où l'idée de ce lieu unique avec toujours la même personne à l'accueil."
Un suivi sociojudiciaire...
Une intervenante sociale, Anaïs Carvenant, endossera ce rôle de coordinatrice. Elle recevra ces femmes et les écoutera. "C'est important pour la libéralisation de la parole qu'il n'y ait pas trop d'interlocuteurs, pour qu'elles puissent avoir un repère, savoir à qui elles s'adressent", observe la jeune femme.
"Au cas par cas", elle s'occupera de leur suivi socio-judiciaire, prendra rendez-vous pour elle avec un juriste, une assistante sociale ou une psychologue. Un rendez-vous qui aura lieu là aussi à la Maison des femmes. Ces professionnels y tiendront des permanences régulières.
... et bientôt médical
Dans un deuxième temps, des professionnels de santé devraient rejoindre la maison des femmes : sage-femme, gynécologue et médecin légiste. L'association travaille avec le CHU de Reims pour proposer une assistance médicale à ces femmes qui, trop souvent, négligent cet aspect."On s'est rendu compte que les femmes victimes de violences ne s'occupaient pas de leur santé, n'allaient pas voir un gynécologue, insite Nazha Chtany. Ce sont des patientes invisibles, il faut lever ce frein et proposer une prise en charge médicale, mais aussi faire de la prévention, parler de contraception, d'avortement et d'éducation à la sexualité."
Le second étage de la maison sera consacré à ce suivi médical. L'Agence régionale de Santé doit donner son accord pour financer le projet. "On espère que l'équipe du CHU pourra nous rejoindre à la rentrée de septembre, mais on a préféré ouvrir quand même en attendant car il y a urgence. On est en attente également d'autres financements, de la part du Grand Reims notamment."
Groupes de paroles et ateliers
Au premier étage, plusieurs partenaires prendront possession du lieu à tour de rôle, comme le centre d'accueil soins toxicomane (le CAST) "'pour la prise charge de toutes les addictions" ou le centre d'accueil et d'accompagnement des personnes prostituées (CAAPP). Paroles de parents accompagnera les familles en situation de crise ou de rupture.
Les artistes de La Boussole proposeront des ateliers d'art thérapie aux femmes et à leurs enfants. D'autres ateliers avec une plasticienne et une sophrologue seront aussi au programme. "Toutes les personnes qui souhaitent intégrer ce projet sont les bienvenues." L'appel est lancé.
La maison des femmes est ouverte au public le lundi de 14h à 17h30 et du mardi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h30. Son adresse : 10 allée des Pervenches.