Le mois de juillet est synonyme de vacances pour une partie des Français. Au moment de faire une pause sur l'autoroute, les voyageurs doivent choisir entre le budget et la commodité. Certains amènent leur glacière quand d'autres se laissent tenter par les produits de l'aire de repos, avec des prix bien gonflés par rapport aux grandes surfaces.
Vendredi 7 juillet, il est midi. Le parking de l'aire d'autoroute de Reims Champagne sud, sur l'A4, est presque plein. Il y flotte comme un air de vacances, avec quelques porte-vélos bien garnis accrochés aux véhicules et des enfants qui s'agitent entre les tables de pique-nique.
C'est l'heure du déjeuner. D'un coup d'œil sur la terrasse, on distingue aisément les deux catégories de vacanciers : ceux qui ont amené avec eux leur glacière, et ceux qui préfèrent faire leurs achats sur l'aire de service en essayant de ne pas trop regarder les étiquettes.
"On se fait plaisir"
Stéphane, venu du Pas-de-Calais, fait partie de cette deuxième partie de vacanciers. Avec ses enfants, ils ont choisi de se faire plaisir en prenant un menu au fast-food de l'aire, avant de reprendre la route vers Fréjus (Var). "Ce sont les vacances, donc on se fait plaisir. Mais, c'est dommage que les prix soient quand même plus chers qu'en dehors des autoroutes", confie-t-il en se penchant sur ses frites. "On a payé le menu un euro cinquante plus cher qu'ailleurs."
Un peu plus loin, la grosse glacière bleue, qui trône au pied de la table de pique-nique où sont installés Virginie, Toufik et leurs enfants, les classe tout de suite dans l'autre catégorie. "On a préféré ramener notre pique-nique plutôt que d'acheter sur place. En sachant qu'il y allait y avoir du monde, on a prévu le coup", explique la mère. Mais, ce n'est pas la question du prix qui a décidé la famille lilloise à être prévoyante. Elle comptait surtout éviter la perte de temps en faisant la queue. Il faut dire que la route est encore longue avant d'arriver à Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales.
Nathalie, touriste belge, a fait le choix d'un sandwich triangle et d'une boisson. "C'est plus simple d'acheter sur l'aire", nous explique-t-elle. Et tant pis pour le prix. Car si l'on prend le temps de regarder les étiquettes, il y a de quoi perdre l'appétit.
Des prix bien plus élevés qu'en grandes surfaces
Il n'y a pas que le carburant qui est plus cher sur l'autoroute. Sandwichs, bouteilles d'eau et gâteaux aussi prennent de l'embonpoint quand vient le moment de passer à la caisse. 5 euros 60 le sandwich triangle, 6,99 euros la box de pâtes à réchauffer au micro-ondes.
Au rayon boisson, ce n'est pas mieux : 1 euro 80 le demi-litre d'eau gazeuse, 1 euro 60 pour le même volume d'eau plate. La marque la moins chère d'eau plate est vendue à 1 euro 40 le litre. D'accord, tout est au frais, idéal pour se rafraîchir. Mais la différence avec la grande distribution est criante.
Nous avons comparé les prix de l'aire d'autoroute avec deux supermarchés : le magasin Leclerc Reims-Champfleury, situé au bord de l'autoroute quelques kilomètres en amont, et l'Intermarché de Châlons-en-Champagne, qui nécessite un détour d'un quart d'heure avant de revenir sur l'autoroute.
Le gagnant est sans surprise l'hypermarché, suivi par le supermarché et l'aire d'autoroute. Le sandwich au poulet vendu 5,60 euros se retrouve ainsi plus de deux fois moins cher (2,40 euros dans les deux enseignes). La bouteille de cola d'un demi-litre (2,60 euros sur l'autoroute) est presque à moitié prix dans le supermarché (1,61 euros) et l'hyper (1,35 euros) et elle est fraîche.
La différence la plus flagrante se constate avec la bouteille d'eau plate la moins chère. En version un litre, on l'a payée 1,40 euros sur l'aire. En grande surface, c'est 19 centimes pour un litre et demi (mais tiède).
Comment expliquer ces différences ?
Les sociétés qui exploitent les autoroutes ont signé un contrat avec l'État pour en obtenir la concession. Ce document prévoit un certain nombre d'obligations. Les aires de repos et de service en font partie, et certains services doivent y être présents.
La Sanef, qui exploite notamment l'autoroute A4, indique dans son règlement d'exploitation que les aires de repos disposent au minimum des équipements suivants : "des toilettes, un point d’eau potable, des poubelles, des tables et des bancs".
Les aires de services doivent proposer gratuitement, "des locaux sanitaires, un point d’eau potable", un "nécessaire de nettoyage de pare-brise", une "mise à disposition d'essuie-mains sur les pistes" et "une station de gonflage de pneumatiques". Ces équipements sont utilisables librement par les automobilistes, mais ils ont un coût. Ces aires doivent aussi avoir, entre autres, "une distribution de carburants" et des "produits alimentaires accessibles 24h/24".
"Cela demande beaucoup de personnel et des amplitudes horaires beaucoup plus fortes qu'ailleurs", pointait en juillet 2022 Florence Lemetais-Chaffiotte de Vinci Autoroutes, auprès de nos confrères d'Ouest France.
Les magasins doivent aussi verser une redevance au concessionnaire, pour pouvoir s'installer sur l'aire. "Quand un commerçant est sur une aire d'autoroute, il a payé le droit d'y être. Ça veut dire qu'en réalité, il a payé une concession auprès de la société d'autoroute pour installer son commerce à cet endroit-là. Cette concession, évidemment, n'est pas gratuite", expliquait le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers à nos confrères de France 2 en août 2022.
De quoi justifier, au moins en partie, la hausse des prix. Et le côté pratique de tout avoir à portée de main, sans rallonger son trajet, fait presque oublier la douloureuse.
Du côté des carburants, sans surprise, les stations accolées à un supermarché affichent un prix inférieur. 1,690 euro pour le gazole et 1,794 euro pour le SP95-E10 chez Intermarché à Châlons contre 1,774 euro pour le gazole et 1,899 euro pour le SP95-E10 sur l'aire d'autoroute. Chez Leclerc Champfleury, le litre de gazole est vendu 1,620 euro, celui de SP95-E10 1,723 euro.
