Zone à faibles émissions de Reims : véhicules concernés, bénéfices attendus… on fait le point sur le dispositif

Une zone à faibles émissions a été mise en place sur une partie de la ville de Reims. Dans ce secteur, les véhicules les plus polluants ne peuvent plus pénétrer. Alors que de nouvelles catégories de voitures seront concernées par les restrictions en 2023 et 2024, nous vous proposons de faire le point sur ce dispositif.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Comme toutes les agglomérations françaises de plus de 150  000 habitants, Reims est tenue de mettre en place d'une zone à faibles émissions (ZFE). Dans la plus grande ville de la Marne, on n'a pas attendu le dernier moment pour se lancer.

Dès janvier 2022, l'accès d'une partie de la ville a été interdit aux véhicules classés Crit'air 5 ou non classés. Le dispositif va monter en puissance en janvier 2023 avec l'exclusion des véhicules Crit'air 4 de la ZFE. Un dernier palier doit être franchi en janvier 2024, avec le bannissement des Crit'air 3.

L'extension de ce dispositif suscite la grogne de certains. L'association 40 millions d'automobilistes a par exemple prévu d'organiser une "Grande Boucle des Exclus", dans plusieurs villes de France, pour demander la suppression des ZFE. La première étape est prévue à Reims, le 7 octobre.

L'association a travaillé avec la députée Rassemblement national de la deuxième circonscription de la Marne, Anne-Sophie Frigout. Cette dernière a rédigé une proposition de loi pour supprimer les ZFE. Elle a en parallèle lancé une pétition en ligne début septembre pour soutenir son action, et dit avoir reçu autour de 10  000 signatures.

Combien de voitures sont concernées ?

Cette question a été l'occasion d'une bataille de chiffres lors de notre émission Dimanche en politique Champagne-Ardenne, diffusée le 25 septembre. Le débat opposait l'adjointe au maire de Reims (Renaissance) en charge de l’écologie, de la nature en ville et des aménagements publics Laure Miller et la députée (Rassemblement national) Anne-Sophie Frigout.

"Le titre de votre pétition est faux du début à la fin. Plus de la moitié des Marnais ne pourront plus rentrer dans Reims en voiture. C'est faux, a expliqué Laure Miller. C'est issu de statistiques qu'on trouve très facilement sur Internet", lui a répondu Anne-Sophie Frigout.

Plus précisément, le titre de sa pétition est celui-ci : "la moitié des Marnais bientôt privés de circuler dans Reims en voiture". La députée précise toutefois un peu plus loin dans son texte : "En janvier 2024, 40% des Marnais seront concernés par cette interdiction de circuler dans Reims".

La zone à faibles émissions mise en place à Reims ne concerne pas toute la ville. Elle est limitée au centre-ville et à la traversée urbaine entre Tinqueux et Cormontreuil. Alors vrai ou faux ?

Pour savoir combien de véhicules sont concernés, nous nous sommes tournés vers le service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il ressort du fichier du parc automobile français au 1er janvier 2021, le plus récent disponible, que 35,8% des voitures particulières de la Marne sont Crit'air 3, 4 ou 5 ou non classées.

C'est donc un gros tiers des voitures particulières immatriculées dans le département qui seront concernées en 2024 lorsque la ZFE mise en place à Reims s'étendra aux Crit'air 3.

Si on se concentre sur les véhicules immatriculés dans la seule communauté urbaine du Grand Reims, ce taux est même légèrement inférieur, avec 33,8% de véhicules Crit'air 3, 4 ou 5 ou non classés. C'est 38,1% au niveau national.

Quelles évolutions attendues sur la qualité de l'air ?

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a publié en septembre 2020 un rapport qui étudiait les résultats des ZFE déjà mises en place dans plusieurs pays européens.

L'analyse réalisée sur une vingtaine d'études comparatives a permis de dégager plusieurs tendances. Tout d'abord, la mise en place de zones à faibles émissions a eu "un effet limité sur les concentrations en NO X [oxydes d'azote] et/ou NO 2 [dioxydes d'azote] lorsque les restrictions concernent les véhicules diesel jusqu’à la norme Euro 4". Mais là où les restrictions s'étendaient aux "véhicules diesel jusqu’à la norme Euro 5", il était constaté "un effet beaucoup plus important sur les concentrations en NO X et/ou NO 2."

Enfin, ces ZFE ont eu "un effet significatif sur les concentrations en particules (PM10 et PM2.5), ainsi que sur le black carbon, lorsque les restrictions ont favorisé le renouvellement du parc diesel antérieur à la norme Euro 5", ajoute l'Ademe.

Pour ce qui concerne le Grand Reims, Atmo Grand Est a réalisé une étude en 2020 à la demande de la communauté urbaine. L'association a d'abord envisagé les évolutions d'émissions polluantes sans ZFE, avant de simuler les gains supplémentaires qu'elle pourrait permettre. 

"L'évaluation de la situation aux horizons prospectifs 2022 et 2025 sans ZFE montre une tendance favorable avec une baisse des concentrations en polluants et une diminution de la population exposée", explique l'association. Les parcs automobiles évoluent en effet d'eux-mêmes avec un remplacement de véhicules anciens par des modèles moins polluants. Et la pollution automobile n'est pas la seule à influer sur la pollution de l'air.

Mais l'instauration d'une ZFE "appliquée aux véhicules légers, véhicules utilitaires et poids lourds apporte une amélioration complémentaire", précise Atmo Grand Est. "Le dioxyde d’azote est le polluant le plus favorablement impacté en cohérence avec l’origine majoritairement trafic de ce polluant, alors que les particules proviennent également d’autres sources telles que le chauffage ou l’industrie. Si l’amélioration s’avère faiblement significative avec une restriction aux classes CRIT’Air NC et 5 quel que soit le périmètre, l’ajout des classes CRIT’Air 4 et surtout 3 permet des gains en émission, concentration et exposition notables."

Atmo Grand Est a estimé qu'à horizon 2025, la mise en place d'une ZFE permettra une diminution des émissions de NO X de 3,5% dans les 16 communes du plan de protection de l'atmosphère de Reims, lorsque les véhicules Crit'air 3 ou pire seront interdits. Pour les particules fines PM10, la diminution est estimée à 1,3%. Pour les particules fines PM2.5, elle est de 2,1%.

L'association a également simulé les gains que permettrait une ZFE étendue à l'ensemble du "district" de Reims. Ils étaient alors bien plus importants, avec des simulations de -15% pour les NOX, -6,8% pour les PM10 et -10,7% pour les PM2.5 avec une interdiction des Crit'air 3 ou pire. Mais le Grand Reims a finalement décidé d'une zone plus réduite, limitant les contraintes qui pèsent sur les habitants.

Les émissions d'oxydes d'azote dépendent majoritairement du secteur routier (47%, contre 37% pour l'industrie et 7% pour le résidentiel en 2018 autour de Reims). Les particules fines PM10 et PM2.5 dépendent, elles, majoritairement du secteur résidentiel (32% pour les PM10, contre 26% pour l'industrie et 20% pour le transport routier / 51% pour les PM2.5, contre 23% pour le transport routier et 16% pour l'industrie).

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information