Yacov Claudé aime nager, le sport, et le monde qui nous entoure. En réalisant un semi-marathon dans l'Aube et la Seine ce mercredi 25 mai, il veut que nous portions plus d'attention aux nombreux cours d'eau à côté desquels nous vivons.
Yacov Claudé a décidé de faire le semi-marathon, mais pas celui de Paris. Ce sera un semi-marathon de 21 kilomètres "en eaux vives", c'est à dire... dans la Seine. Rassurez-vous : en amont de la capitale, elle est plutôt propre et pleine de vie.
Ce qu'il faut savoir sur cet homme s'étant (à nouveau) lancé ce défi, "qui n'a pas 20 ans, mais pas non plus 40", c'est qu'il aime la nage et le sport (il s'entraîne depuis 2002). Et ce coordinateur d'une association humanitaire porte beaucoup d'attention à son environnement.
C'est pour cela que ce mercredi 25 mai 2022, à midi, il va relier à la nage deux communes en bord de rive : Saron-sur-Aube (Marne) et Pont-sur-Seine (Aube). La performance devrait lui prendre à peu près cinq heures (voir sur la carte ci-dessous).
France 3 Champagne-Ardenne a questionné Yacov Claudé.
Pourquoi vous faites ça ?
"Adolescent, j'ai aimé les rivières en France davantage que les lieux touristiques en eaux salées, comme en Espagne. J'ai trouvé que c'était beau de tous les côtés, gratuit; il n'y avait pas la même foule. J'ai été initié à cette simplicité et ça m'a ébloui. On peut y faire des petites nages, mais pour ce semi-marathon, il faut se préparer, que ce soit progressif. Et pour éviter l'hypothermie, je vais utiliser une combinaison en néoprène : on flotte, et on reste au sec et au chaud dedans."
Pourquoi aimez-vous l'eau ?
"On est dans un pays magnifique, sous ce rapport-là. J'ai regardé l'IGN [Institut national de l'information géographique et forestière; ndlr] : ils comptent 125.000 cours d'eau, dont 500 rivières et fleuves, et plus de 25.000 lacs. Notre pays est béni de ce côté-là : toute cette eau est à portée de nous. Je ne comprends pas pourquoi davantage de gens n'en profitent pas."
Il faut donc la protéger ?
"Oui. Je vais passer par Marcilly [où l'Aube se jette dans la Seine; ndlr], où le maire a un programme pour prendre soin de la rivière, là où ils sont, avec des volontaires pour nettoyer. On peut toujours le faire, car il y a des détritus et des plastiques qui se baladent au fil de l'eau : c'est à ça qu'on reconnaît une rivière sale, et c'est moche à tous points de vue. On ne peut pas oublier d'où on vient : le nouveau-né est composé de plus de 75% d'eau, la surface totale de la Terre c'est 72% d'eau, notre masse hydrique adulte va jusqu'à 60%... L'eau, ce n'est pas étranger à nous."
On ne peut pas oublier d'où on vient.
Yacov Claudé, semi-marathoniste en eaux vives et amoureux de la nature
Que voyez-vous là où vous nagez ?
"C'est propre. La Seine n'est pas polluée là où je nage. Il y a moins de poissons cette année, peut-être lié au réchauffement anormal de l'eau [22°C dans l'eau à Pont-sur-Seine le dimanche 22 mai; ndlr]. Mais on avait pas mal de goujons, qui ne nagent qu'en eaux propres. Je trouve parfois des bouteilles vides en plastique, mais c'est très rare."
"On nage facilement. Il y a des silures, de grands poissons mais sans dents, bien que je n'en ai jamais vu. Un seul m'a frôlé un jour. Les autres poissons sont craintifs et nous évitent, sauf si l'on est stable : alors, les petits viennent vous faire des bisous aux jambes, c'est assez drôle..."
"Il y a aussi des ragondins; des cygnes sauvages qui sont très beaux : je nage souvent avec eux, mais ils sont plus rapides. J'ai même vu un cygne noir une fois, c'est très rare. Il y a eu des grèbes huppés, ou encore des cormorans... La Seine a cette chance d'être sableuse avec des accès propres, contrairement à la Marne [très boueuse; ndlr]. Et il y a de beaux peupliers..."
Et pourquoi aimez-vous le sport ?
"C'est important pour chacun de nous. J'ai attrapé le covid à Londres en mars 2020. Et ça m'a pas mal secoué [il a ensuite nagé dans la Seine en soutien du personnel soignant et des malades; ndlr]. Puis en 2021, j'ai eu une opération... Et quand je vais en kiné, je vois des gens en très mauvais état. Toutes ces épreuves qui nous viennent, auxquelles on ne s'attend pas, on les vit mal si on n'est pas entraîné. Et le corps prend alors la mauvaise pente, avec d'autres problèmes successifs."
"Il faut donc marcher, ou trottiner, ou faire du vélo [il joint parfois l'utile à l'agréable en faisant du vélo d'appartement tout en regardant un film; ndlr], ou randonner... Tout ce qui peut garder le corps actif et en bon état [depuis peu, il s'intéresse aussi au ciel, via le parachutisme et l'ULM; ndlr]. Notre corps est notre seul bien, notre intérêt premier, et c'est par lui qu'on est heureux."
Mission accomplie
Yacov Claudé est à nouveau parvenu à remplir l'objectif qu'il s'était fixé, bien qu'avec plus de difficulté en raison "d'un débit d'eau très faible et de courants de surface contraires". Il exhorte la population à sortir de ses propres "confinements" (rien à voir avec la situation sanitaire). "On est TOUS pris dans des cadences et des systèmes de vie qui nous confinent en permanence, et qui nous rapetissent, nous éteignent. On devient cubiques, anémiés, à force de confinements intérieurs. Il faut sortir des cubes, des boxes, des cases, des gradins. Il faut y aller : à pied, ou avec des palmes, un vélo. Retrouver le goût de la nature, de la liberté, l'amour vital de la terre et de l'eau.
Pour nous ressourcer, nous regénérer." Par son action, son message aura peut-être été reçu, et donc été source d'inspiration. Tout comme les sources donnent naissance aux cours d'eau...