TEMOIGNAGES. "Sans électricité et sans ventilation, je risque de perdre mes 200 truies"

En France, les modalités des coupures de courant tournantes sont maintenant connues pour cet hiver. 60% de la population est concernée, dont les agriculteurs. L’inquiétude est grande parmi les éleveurs de Champagne-Ardenne.

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Depuis quelques jours, les préfets ont reçu les instructions pour organiser des coupures d’électricité si nécessaire. Ce dispositif doit être mis en place si la consommation d’énergie est trop importante, cet hiver. Ces délestages sont prévus entre 8 heures et 13 heures, mais aussi entre 18 heures et 20 heures. Ils doivent durer deux heures et ne doivent jamais avoir lieu deux fois sur un même site.

Seuls certains lieux et usagers jugés prioritaires seront épargnés. Les commerçants ou encore les agriculteurs ne font pas partie de cette catégorie. Dans les Ardennes ou encore dans la Marne, les exploitants agricoles redoutent des conséquences importantes dues à ces coupures potentielles.

Risques mortels dans les élevages

Pour Valentin Tailliart, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs des Ardennes, les coupures électriques font peser un gros risque pour les agriculteurs. "Les porcheries et les poulaillers ont besoin d’une ventilation mécanique, qui dépend de l’électricité. Elle sert à extraire l’air intérieur des bâtiments et force à renouveler l’air. Une coupure d’électricité peut entraîner un risque de mortalité des bêtes, car la température ou le dioxyde de carbone vont augmenter à l’intérieur de ces élevages", s’inquiète l’éleveur ovin. C'est exactement ce que redoute aussi Albin Laurent, agriculteur à Bussy-le-Repos (Marne) et adhérent à la FDSEA. Il est à la tête d'un élevage de 70 vaches laitières et de 200 truies. "Sans électricité et donc sans ventilation, je risque de perdre mes 200 truies", craint l'exploitant agricole. 

À titre personnel, Valentin Tailliart indique ne pas trop subir de conséquences en cas de coupures. L'agriculteur ardennais de 31 ans, à la tête d’un élevage de 450 brebis, "n’a pas vraiment besoin d’électricité en continu toute l’année". "L’électricité me sert pour l’éclairage et mon puits. À la limite, j’arriverai à faire mon travail à la lumière des phares de mes tracteurs. Le seul problème que je peux avoir, c’est de subir une coupure à 8 heures, durant l’hiver ou à la tombée de la nuit", ajoute-t-il.

Le représentant départemental des Jeunes Agriculteurs tient tout de même à préciser que cela n’est pas le cas pour ses collègues, notamment les producteurs de lait : "l’électricité va être coupée pendant les heures où les machines de traite tournent". Même problème pour les robots de traite, qui fonctionnent 24 heures sur 24. "Cette coupure peut leur poser des problèmes, même s’il ne s’agit que d’un arrêt de deux heures", insiste l’agriculteur de Tagnon (Ardennes).

Des groupes électrogènes à la rescousse

Face à ce risque, le syndicat agricole a sensibilisé ses adhérents. "Nous avons recommandé aux agriculteurs de s’équiper de groupes électrogènes. Ceux qui sont déjà équipés devraient quant à eux s’assurer qu’ils sont en état de marche", détaille Valentin Tailliart.

Un conseil déjà suivi par Albin Laurent, son confrère de la Marne. "Je me suis équipé de mon côté d’un groupe électrogène, pour faire face aux coupures qui arrivent de temps à autre, en cas d’orage par exemple. Il nous a permis de tenir une journée entière. Pour ces coupures de deux heures, le groupe devrait faire l’affaire, même si sa mise en place est pénible", complète l’éleveur de Bussy-le-Repos (Marne).

Cet accessoire de secours permet de faire face à l’incertitude, à en croire Valentin Tailliart. Dans les instructions destinées aux préfets, il n’y a en effet pas de consignes spécifiques pour les agriculteurs. C’est ce qui inquiète le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs dans les Ardennes. "On ne sait pas exactement quand auront lieu ces coupes, chez nous : le matin ou l’après-midi ? En semaine ou le week-end ? Pendant tout l’hiver ? Sans compter que nous ne faisons pas partie des sites prioritaires. Même si Enedis n’a pas fermé la porte à l’idée de nous classer en tant que tels, par la suite", détaille-t-il.

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