Thérapies de conversion : "la justice ne peut plus dire qu’elle n’est pas sûre car, là, l’ambiguïté est levée"

L’adoption, ce mardi 25 janvier, d’une proposition de loi pour interdire les thérapies de conversion apporte plus de clarté pour l’association rémoise de lutte contre les discriminations sexuelles et de genre Exaequo. Un signal positif qui n’éclipse pas pour autant les problèmes existants.

C’est un pas de plus vers l’égalité entre les femmes et les hommes. Une petite victoire pour l’association Exaequo. "Je pense que ça aidera beaucoup à faire évoluer les mentalités, notamment au niveau des parents qui parlent encore parfois de « maladie mentale ». Peut-être que maintenant, ils se poseront la question" nous explique Camille, militante LGBTQI+ et bénévole dans l’association depuis 3 ans.

Ce mardi 25 janvier dans la soirée, la proposition de loi visant à rendre délictuelle les thérapies de conversion a été adoptée à l’unanimité par le parlement. "Avant, c’était simplement considéré comme une pratique illégale de la médecine, un terme vague qui regroupe plein de choses. Et certains psychiatres, psychologues ou religieux pouvaient jouer sur le fait que ce n’était pas explicitement interdit" détaille la bénévole. Pour Exeaquo, le texte amène de la clarté et doit permettre à la justice de statuer plus facilement. Dorénavant, la pratique consistant à vouloir "guérir" une personne homosexuelle de son homosexualité pourra être punie de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Après 26 ans d’existence, c’était un des combats de l’association LGBTQI+ Exaequo à Reims. Hasard du calendrier, la veille, ses bénévoles avaient reçu dans leurs locaux rémois la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, Elisabeth Moréno. "On voit encore des familles qui, refusant l’homosexualité de leurs enfants, vont chercher à les guérir. Or, il est important de rappeler qu’il n’y a rien à guérir dans l’homosexualité parce que ce n’est pas une maladie" avaient dû rappelé la ministre interrogée sur la question.

La justice ne peut plus dire qu’elle n’est pas sûre car, là, l’ambiguïté est levée

Camille, bénévole pour l'association Exaequo

Rarement conscientes qu’elles sont des victimes, les personnes visées par des thérapies de conversion se font rarement entendre et peinent à porter plainte selon l’association Exaequo. Avec cette nouvelle loi, l’association rémoise espère que le travail de la justice sera facilité mais aussi que la parole pourra se libérer. "Les personnes concernées vont avoir le sentiment qu’elles pourront être plus facilement entendues par la justice. La justice ne peut plus dire qu’elle n’est pas sûre car, là, l’ambiguïté est levée", se réjouit Camille.

Et après ?

Pour Exaequo, cette nouvelle loi n’est que le début. "C’est un signe positif mais maintenant, il faut voir comment la loi va être appliquée. Reste à savoir comment les juges vont réagir et puis surtout est-ce que des personnes concernées vont s’en servir pour porter plainte ?" se demande la bénévole interrogée cet après-midi. Selon elle, "il y a encore certains psychiatres qui considèrent que c’est une maladie mentale et qui ne parlent pas de thérapie de conversion mais il y a toujours des biais."

Il n’existe pas de données officielles et chiffrées sur le nombre de thérapies de conversion qui ont eu lieu en France. En 1990, l’Organisation Mondiale de la Santé faisait disparaître l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Il faudra attendre 2019 pour qu’il en soit de même pour la transidentité.

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