Vitry-le-François : élèves et enseignants mobilisés pour empêcher l'abattage d'un arbre dans leur éco-lycée

Un saule pleureur trentenaire devenu gênant devait être abattu au lycée François 1er de Vitry-le-François le 8 juillet. Elèves et enseignants y sont opposés. Ils ont remporté une première manche ce 9 juillet. 

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"On a découvert par hasard qu'il était prévu l'abattage du grand et beau saule pleureur trentenaire du lycée. On a vu une pelle mécanique le 6 juillet, et une collègue m’a dit : ils viennent abattre le saule, on a réagit immédiatement en garant nos voitures autour. On les a même laissées cette nuit. Le directeur nous a dit que l’abattage était prévu". A Vitry-le-François dans la Marne, au lycée François 1er, cet arbre immense collé à un bâtiment est un totem pour certains défenseurs de la nature, face au béton. Ils en ont fait leur combat en ce début juillet 2020. 

Un combat écologique et éco-citoyen, que mènent ainsi plusieurs élèves, personnels et enseignants du lycée. Ce jeudi 8 juillet à 8h du matin, ils ont encerclé leur saule pleureur, situé dans leur lycée pour empêcher qu'il ne soit abattu. Côté adverse, la Région Grand Est, en charge de l'entretien des lycées, et donc à l'origine du projet de l'abattage de cet arbre. Le saule pleureur risquait de gêner par ses racines, une canalisation située sous un bâtiment du lycée. Jules Balesi, jeune bachelier 2020 et vice président du conseil de la vie lycéenne, ne l'entend pas de cette oreille. Prenant la tête de la fronde, le futur étudiant en droit plaide l'écologie face à la bétonisation des lieux. Un idéal tendance qui semble parfaitement juste à ce futur procureur.
 

Combat pour la biodiversité

Coïncidence, la Région Grand Est vient tout juste de présenter le 7 juillet sa stratégie pour la biodiversité. "Des défis répondant à des objectifs précis : protéger l’existant, reconquérir les milieux dégradés, mieux connaître pour agir, limiter les pressions, mobiliser tous les acteurs, améliorer l’efficacité et la cohérence des politiques publiques en matière de biodiversité". Voilà qui pourrait donner des arguments solides aux pros-arbre. 
 

En attendant la mise en place du programme régional, à Vitry, les défenseurs du saule pleureur sont déterminés. "Ce matin (9 juillet), on était une quinzaine autour de l'arbre. Pour empêcher l'entreprise de l'abattre. La Région nous a dit hier vouloir couper ce gros saule pleureur. Avec des personnels de l’établissement, on s’est mobilisé pour trouver une autre solution, sauver cet arbre. Dès hier, nos personnels ont mis leur voiture autour de l’arbre pour le préserver. On est arrivé vers 8h, l’abattage était prévu, prof, personnels élèves, on s’est rassemblé pour voir l’état de l’arbre et les travaux entamés la veille. Finalement, l’entreprise d’abattage n'était plus là"
 

La ville a été prévenue. Sur place, l’un de ses adjoints au maire de Vitry-le-François voulait s’assurer de la légitimité de l’abattage de cet arbre. "Le chef d’établissement a contacté la Région, pour dialoguer avec nous ce matin. Ce dialogue a eu lieu, on a essayé de préserver cet arbre, les services de la région ont ordonné la suspension de l’abattage et la vérification sanitaire des arbres à côté", résume Jules Balesi. Un nouveau point sera fait début aout. 
 

 

Paradoxe qui chagrine

Mais ce qui chagrine vraiment les défenseurs de cet arbre.  C'est le paradoxe de cet éco-lycée. Le saule pleureur est très beau spécimen, "le plus beau de l’établissement dans un état magnifique et résistant, en place depuis 30 ans voire plus. Un bâtiment a été construit à coté. Dans un moment où l'écologie prend de la place dans la société, le combat eco citoyen et écologique devrait l'emporter, d'autant qu'on est dans un établissement de plus de dix hectares bétonné, avec des espaces de verdures restreints. Mais c'est pourtant un éco lycée, engagé, qui propose des actions régulières, éco citoyennes, dans une démarche active en faveur du climat. Dans l’établissement, on sensibilise aux espaces verts, au tri des déchets"
 


La secrétaire pédagogique, Maryline Margo qui a empêché in extremis l'abattage, abonde dans ce sens. "C'est incohérent, cet abattage, les racines gênent la canalisation qui sont à côté de l'arbre, selon la Région. Nous, on voulait être sûr qu’on ne puisse pas trouver une autre solution. Le conseiller régional a compris qu’on voulait sauver cet arbre. Même les élèves qui sont là depuis trois ans, y sont attachés. Mais il a gardé en tête sa mission, qui le force à trouver des solutions". Prochain épisode à la fin de l'été. 


La réponse de la Région

Contacté, le conseiller régional Thibaut Duchêne (ça ne s'invente pas) nous a expliqué sa vision du sujet. Mettant la polémique dans son contexte. "En effet c’est un cas particulier, dit-il, car certains habitants de Vitry sont traumatisés par l'abattage récent de 31 arbres sur l’avenue Carnot. Les lycéens ont décidé de se mettre en branle par rapport à une décision d’abattre cet arbre. J’ai été informé par le proviseur. Face à l’émotion, en ayant appris cette nouvelle j’ai demandé un report de l’abattage prévu aujourd’hui. On a au lycée une problématique de minéralisation des espaces, alors que c’est un grand lycée. Il s’agirait de le verdir car on a cette capacité de le faire"
 

Voilà pour le constat. La suite est plus complexe. "Pour le saule, j’ai échangé avec les services techniques de la Région qui me disent qu’il y a un vrai problème. Les services de la Région sont entrés dans une phase de concertation. Il va y avoir une expertise en profondeur. mais le saule va chercher de l’eau loin dans le sol. Cela pose des soucis d’entretien. On va donc voir si c’est possible de protéger les canalisations ou pas". 

Car, le souci vient du fait que le local des personnels de la Région qui travaillent au lycée doit être refait. "Evidemment l’émotion est légitime. Pour l’instant il n’y a pas à dire est ce que l’arbre est sauvé, il s’agit juste de savoir si le problème est incontournable". Pour l'élu régional, la polémique doit être envisagée à l'aune d'une instrumentalisation politique du sujet par la mairie sortante et réélue depuis. "Les élus ne sont pas pas venus manifester quand 31 arbres ont été abattus. C’est du greenwashing", dénonce Thibaut Duchêne. Le lycée selon lui a été informé en amont. Lui, a pris connaissance de ce sujet hier matin. "Là il y a un sujet et un engagement des services techniques". Et une deuxième phase de concertation fin août. 
 
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