A 17 ans, Mazarine Carbonare a déjà fabriqué 5 violons, et travaille sur sa sixième pièce.
Originaire des Vosges, elle vit à Mirecourt avec son père Alain Carbonare, luthier depuis 30 ans.
France 3 l'a rencontrée ce jeudi 15 février au Salon des Métiers d'Art, à Vandoeuvre-lès-Nancy.
"Celui-là, je l'ai appelé Givenchy",dit-elle en nous montrant son dernier modèle, un violon fabriqué il y a quelques mois. "Je leur donne des noms, car je les considère comme mes bébés. Comme je suis passionnée de mode, je leur donne souvent des noms de marques."
A dix-sept ans, Mazarine Carbonare n'en est pas à son coup d'essai. La jeune fille a déjà fabriqué cinq modèles, et ne compte pas s'arrêter là. Elle est présente, ce jeudi 15 février 2018, au Salon des métiers d'arts à Vandoeuvre-lès-Nancy.
La lutherie, une histoire de famille
La lutherie est une affaire familiale chez les Carbonare. Son père, Alain, est luthier ,basé depuis trente ans à Mirecourt.
Il a fabriqué des instruments pour les solistes du monde entier, et conçu des violons pour l'orchestre de Céline Dion, lors de son spectacle "A New Day" en 2003 (à Las Vegas).
Dès la petite enfance, Mazarine manifeste la même passion que son père.
J'étais toute petite quand j'ai touché mes premiers outils. J'ai fabriqué mon premier violon en 2013, à l'âge de 13 ans
Un premier essai offert à une fondation de charité russe, qui favorisait l'accès à la musique des enfants dans des pays défavorisés. Deux autres modèles ont été donnés depuis, et un a été vendu.
Elle ne sait pas encore si elle va vendre le petit dernier, Givenchy. Il faudra que l'acheteur soit "extrêmement passionné". Elle nous montre les personnalisations réalisées, comme une fleur de lys sur le cordier (pièce en bois noir qui maintient les cordes, située en bas du violon).
Le luthier recherche généralement à fabriquer l'instrument qui donnera le son parfait, le plus pur possible. "Chaque violon est différent et a son propre caractère. On cherche à avoir le son le plus clair et le plus doux possible".
Pour avoir une idée du son qu'elle voulait, Mazarine a étudié le violon pendant deux ans. A l'origine pianiste, l'étude du violon lui a permis de comprendre quelles sonorités elle voulait donner à ses pièces. Elle envisage de passer aux altos, puis aux violoncelles, d'y aller crescendo.
Ses projets pour l'avenir
Elle compte bien continuer sa carrière dans la lutherie, si possible à l'étranger.Je compte beaucoup bouger, je ne suis pas le genre de personne qui achète une maison et un chien. Métro-boulot-dodo, ce n'est pas pour moi! Je suis un peu nomade
La lutherie est un avantage, ce n'est pas un métier qui l'immobilise. Si elle part, elle prend ses outils avec elle.
Voyager est un besoin pour elle, habituée à aller un peu partout depuis son enfance. La Russie, "tous les ans", où son père a des amis, le Maroc, Athènes bientôt...
Mais tout revient toujours à la musique. "Toutes mes activités ont un rapport avec ça. J'organise des soirées, des expos sur le thème de la musique."
"Il faut que j'assure la relève par rapport à Papa", confie-t-elle à la fin de l'entretien. Un défi bien parti pour être réussi.
Le salon Habitat Déco (qui inclut le Salon des métiers d'arts) a lieu du 15 au 19 février 2018, au parc des Expositions de Vandoeuvre-lès-Nancy.
Entrée : 5 euros tarif plein, 2 euros pour les moins de 18 ans
Mirecourt, terre de musique
Le violon apparaît en Italie au XVIe siècle. Dès le XVIIe siècle, on trouve des traces de sa fabrication à Mirecourt, où naissent des grandes familles de luthiers. Les Vuillaume, notamment, contribueront à la réputation de Mirecourt.Surnommés "les Stradivarius Français", ils reproduiront à la perfection les plus beaux modèles Stradivari. La famille vosgienne est toujours considérée comme une des meilleures de tous les temps dans le domaine.
Encore aujourd'hui, Mirecourt est considéré comme le coeur de la lutherie et de l'archèterie.
Un musée et un lycée professionnel (unique en France) leur sont consacrés, confirmant la place unique de la commune dans la fabrication des instruments à corde.