Un phénomène appelé "rivière atmosphérique" traverse la France ce jeudi 22 février. Il apporte son lot de précipitations et de vents forts.
C'est comme un cours d'eau, mais dans les airs. La France est traversée par ce qu'on appelle une rivière atmosphérique, ce jeudi 22 février 2024.
Elle se cumule à la tempête Louis, qui agite le quart nord-est du pays. La vigilance orange au vent (jusqu'à 110 km/h prévus) a été décrétée dans les départements des Ardennes et de la Marne (Champagne-Ardenne), ainsi que dans la Meuse (Lorraine), jusque 22h00.
Météo-France, jointe par France 3 Champagne-Ardenne, décrit le phénomène simplement comme "une image donnée pour expliquer le transport d'eau sous forme de vapeur d'un côté à l'autre de l'océan Atlantique". Son flux ressemble donc au tracé d'une rivière. Mais on peut chercher à en savoir plus.
La chaleur des Caraïbes, les dépressions en Atlantique
"La source est une forte évaporation dans les eaux chaudes du golfe du Mexique ou des Caraïbes, souvent due à un cyclone ou une tempête tropicale. L'air se charge de vapeur d'eau, et plus l'air est chaud, plus il est capable de contenir d'eau sous forme de vapeur. Cet air très humide, gorgé d'eau, est ensuite repris dans la circulation générale de l'atmosphère qui se fait d'ouest en est."
"Parallèlement, dans l'Atlantique Nord où la circulation est plus rapide, des dépressions se creusent et circulent elles aussi d'ouest en est. Elles vont venir aspirer l'air chaud chargé d'humidité plus au sud pour le faire aller au nord, tout en se déplaçant vers l'est. En se refroidissant, l'air perd sa capacité à contenir de l'eau sous forme de vapeur et il doit lâcher du lest : il pleut. C'est un peu comme une éponge gorgée d'eau qu'on presserait et qui ne peut plus contenir autant d'eau." Le réchauffement climatique (avec celui des océans) ne rend pas ce phénomène plus fréquent (ça arrivait déjà avant), mais contribue à renforcer les précipitations qui en découlent.
Le refroidissement est induit par une ascension d'air chaud par-dessus l'air plus froid rencontré. Et l'ascension est favorisée par les montagnes. "La côte Atlantique en est bien fournie. De l'Atlas marocain à la Norvège en passant par le Portugal, les Cantabriques, les îles Britanniques. Chez nous, ce sera le Massif central, les Alpes, et même les petits massifs comme le Massif armoricain, les collines normandes..."
"Plus proches de nous, on a le Morvan, les Ardennes, les côtes de Meuse, les Vosges. Des endroits à la climatologie souvent humide comme aujourd'hui." Et où l'on peut s'attendre à d'importantes précipitations.
Se préparer aux fortes pluies
À Strasbourg (Bas-Rhin), Christophe Mertz est le fondateur d'Atmo-Risk. Ce météorologue dispense de fréquentes analyses du climat et de la météo. Sollicité par France 3 Champagne-Ardenne, il décrit ce "long ruban d'humidité long de plusieurs centaines de kilomètres" comme responsable de "pluies fréquentes et régulières, avec peu d'accalmies à prévoir jusqu'au soir" du soir du mercredi 21 février jusqu'aux dernières heures de ce jeudi.
Ce ne sera pas un déluge, mais "les cumuls devraient atteindre entre 20 et 50 millimètres de pluie, localement un peu plus, sur la totalité de l'épisode. En soirée, on aura des averses encore plus soutenues, avec des précipitations très intenses, mais assez brèves. L'accalmie arrivera dans la nuit." Ces cumuls devraient être "assez homogènes" sur le Grand Est mais il va pleuvoir un peu plus sur les Ardennes et le nord de la Marne (déjà 30 millimètres tombés à la frontière belge en une soirée), En Lorraine, le nord de la Meuse et le secteur des Vosges seront un peu plus concernés. Les versants ouest des Vosges agiront comme un bouclier et protègeront particulièrement la plaine d'Alsace (10 à 15 millimètres attendus).
C'est surtout entre 19h00 et 22h00 qu'il va pleuvoir le plus. Ce sera beaucoup plus calme après minuit, "avec seulement quelques averses résiduelles". Il faudra tout de même compter sur "l'équivalent de trois semaines de pluie en 24 heures" lors de cet épisode. Les prochains jours resteront "assez instables", avec "un ciel de traîne, assez changeant pendant tout le week-end, avec une ou deux giboulées et du grésil, de manière très éparse". Il tombera encore un peu de pluie entre l'après-midi du dimanche 25 février et le lundi suivant.
Faites attention
En milieu de matinée, la mairie de Châlons-en-Champagne (Marne) a procédé à la fermeture de ses jardins municipaux. L'autorité municipale à Reims (Marne) lui a emboîté le pas vers midi et l'a fait savoir à la population via les réseaux sociaux.
Les vents violents peuvent occasionner des chutes de branches. Ces dernières peuvent se révéler dangereuses pour le public. D'où ces mesures de précaution.
La préfecture de la Marne, de son côté, avertit sur les risques pesant sur les lignes électriques et téléphoniques, les toits, les cheminées, les voitures (par chute de branches épaisses). Il est conseillé de rentrer le mobilier de jardin et les pots se trouvant en extérieur.
De même, il convient de reporter ou limiter ses déplacements, et de rouler moins vite. Les sorties en forêts sont à éviter. En cas de chute de fils électriques, n'y touchez surtout pas.