Jacques Briswalter est autodidacte mais il compte parmi les quelques spécialistes français de la restauration de meubles anciens.
Originaire de Thann, il a parcouru le monde pour restaurer des objets appartenant à des collections privées. Il travaille aussi pour des institutions publiques.
Il le dit tout de go: "je ne suis pas à l'aise avec la télévision. Je suis un grand timide". Et pourtant, devant le retable de l'église de Sewen, il s'avère difficile de l'arrêter. Et pour cause, depuis plusieurs mois, Jacques Briswalter dépoussière, nettoie chaque centimètre carré du maître-autel en bois polychrome daté de 1864 et attribué au sculpteur bavarois Paul Sayer. Jacques Briswalter a choisi ce chantier car il connait bien ce fond de vallée. Il a passé toute son enfance à Thann et s'est découvert récemment une arrière-cousine dans le village de Sewen (une arrière-cousine dont le mari s'avère être un bon bouilleur de cru...).
Ici, il donne l'impression de s'adonner à ce qu'il aime: expertiser une peinture, trouver les bons solvants pour revenir à la couleur ou aux dorures d'origine mais aussi, comprendre les intentions du sculpteur. Et quand quelqu'un rentre dans l'église, il aime partager ses découvertes. Le conseil de fabrique unanime ne tarit pas d'éloges: "Jacques nous a permis de prendre conscience de la valeur historique et patrimoniale de notre retable", déclare enthousiaste André Dietrich, trésorier du conseil de fabrique. Au début, quand j'ai vu le devis de 50 000 euros, je me suis dit que c'était beaucoup d'argent. Mais grâce à lui, je comprends mieux". Pédagogue, bon vivant (les discussions avec les membres du conseil de fabrique se terminent parfois autour d'un petit verre), Jacques Briswalter court aussi plusieurs chantiers à la fois. A l'heure actuelle, en plus du retable de Sewen, il travaille pour un particulier franc-comtois à la restauration d'une pièce de mobilier. Nous n'en saurons pas plus.
Jacques Briswalter travaille régulièrement pour de riches et nobles clients français ou étrangers. Il travaille aussi pour les Monuments historiques: haras nationaux de Strasbourg, Cour du corbeau...Son credo: restaurer pas rénover, redonner au meuble son aspect originel. Pour ce faire, il joue à l'apprenti chimiste, utilise de la colle d'os, du mascara s'il le faut. Jacques Briswalter n'a pas fait de grande école. Il s'est formé auprès d'experts et a décroché les habilitations au fur et à mesure.
Entre deux voyages, on peut le retrouver dans son atelier strasbourgeois, deux pièces extrêmement lumineuses au rez-de-chaussée d'un vieil immeuble. Il y travaille à la restauration d'un coffret ottoman du XVIII destiné à sa fille. On y aperçoit des toiles de peintres alsaciens, des pièces de mobilier des années 50, des cadres cassés, un guéridon oublié, et une armoire alsacienne polychrome. "J'adore les meubles alsaciens rustiques. J'adore m'imaginer la vie de ce meuble: qui l'a acheté? à quel prix? par qui a-t-il été fabriqué? C'est fascinant. Ma famille me reproche toujours de ne pas vouloir voyager mais moi, grâce aux meubles, je voyage tout le temps".