Après l’annonce récente de la fermeture de plus de 200 magasins appartenant au groupe Vivarte (La Halle, Dim, André, Kookaï…) et la suppression de 1700 postes, les salariés de la seule usine du groupe basée en Lorraine, - la Compagnie vosgienne de la chaussure - sont inquiets.
Le groupe Vivarte a annoncé récemment la suppression de près de 17OO postes dans ses enseignes " La Halle aux vêtements", les magasins André, Kookaï. Un plan social qui va également impacter notre région, car outre les enseignes implantées en Lorraine, la seule usine régionale du groupe - la Compagnie vosgienne de la chaussure - basée à Champigneulles, sera vraisemblablement aussi concernée par le plan de restructuration et la suppression de postes annoncée.La Lorraine touchée, 150 salariés inquiets
Pour l’instant, rien n’a encore été défini, mais les syndicats ne se font pas d’illusions. D’après un délégué syndical CGC, Francisco Rodrigues, " la Lorraine sera touchée, il y aura sans aucun doute des suppressions de magasins avec des licenciements secs à la clé, mais on va essayer de négocier un accord de méthode au niveau du groupe, concernant d’éventuelles possibilités de reclassement ".
Même si les ventes ne représentent que 1 % du chiffre d’affaires global dans l’usine de Champigneulles, les 150 salariés sont dans l’attente de la décision de la direction.
Fermeture de 244 enseignes partout en France, le groupe HBI également menacé
De leur côté, les syndicats annoncent la fermeture de 244 magasins partout en France et mercredi 1er avril dans un courrier, ils ont alerté la direction du groupe : ils réclament la mise en place d’un projet valorisant le "made in France " .
La fermeture de ces magasins partout en France menacerait également 400 emplois dans le groupe HBI (Dim, Playtex, Wonderbra), de très mauvaises nouvelles donc également pour les salariés du textile.
La direction du groupe Vivarte, qui emploie plus de 17 000 salariés en France a annoncé cette suppression de 1700 postes lors de comités centraux d'entreprise (CCE) dans les enseignes, a-t-on indiqué à l'AFP (sources syndicales).
La principale enseigne touchée, " La Halle aux Vêtements ", l'une des plus importantes du groupe, subira la fermeture de 174 magasins sur 620. Mais 23 magasins supplémentaires pourraient aussi baisser le rideau, faute de repreneurs.
Soit au total près de 1700 postes supprimés (magasins, logistique, siège) dans une enseigne qui emploie 4000 salariés. Chez le chausseur André (environ 500 salariés), 37 magasins vont mettre la clé sous la porte, avec une centaine de suppressions de postes.
Kookaï également concerné
Un porte-parole du groupe parle, lui, de 1344 postes supprimés à " La Halle ", sans compter ceux menacés par l'éventuelle fermeture de 23 magasins. Kookaï verrait 32 postes supprimés, a-t-il ajouté.
Vivarte regroupe 16 marques dont La Halle, André, Naf Naf, Minelli, San Marina, Kookaï, Caroll, Pataugas. Le groupe totalise 4500 points de vente, pour un chiffre d'affaires annuel d'environ trois milliards d'euros.
Au-delà des annonces, les syndicats soulignent que le nombre de salariés touchés pourrait être beaucoup plus important, du fait " des emplois à temps partiel ", explique Karim Cheboub, secrétaire adjoint CGT au comité de groupe. " En équivalent temps plein, ça pourrait concerner 10 à 15% de salariés en plus". Même inquiétude à la CFDT : " Ce n'est qu'une annonce, je pense que ce sera beaucoup plus massif ", dit son représentant Jean-Louis Alfred.
" Le groupe est à la merci de fonds de pension anglo-saxons qui sont spécialisés dans la spéculation et n'ont pas l'esprit entrepreneurial du tout ", dénonce-t-il.
" On va essayer de nous faire croire que c'est uniquement pour des raisons économiques (...) alors que c'est uniquement la politique des actionnaires ", renchérit son homologue FO, Gérald Gautier, en faisant valoir le " plus d'un milliard d'euros d'intérêts " qui leur a été versé.
Des salariés " choqués et trahis "
Confronté au recul de ses ventes depuis plusieurs années, Vivarte a récemment changé de direction après avoir restructuré une dette de 2,8 milliards d'euros.
Le groupe avait dû changer d'actionnaires de référence, en faisant entrer les fonds Alcentra, Babson, GoldenTree et Oaktree au sein de son conseil d'administration.
Pour expliquer les difficultés de Vivarte, les syndicats mettent aussi en avant la volonté de l'ancienne direction de repositionner " La Halle " et André vers la moyenne gamme. " On s'est éloignés de notre clientèle habituelle populaire ", explique M. Cheboub. " La montée en gamme s'est faite de façon drastique. En un an. Mais les clients n'étaient pas prêts", observe Gérald Gautier. Une stratégie "pas opportune" compte tenu de " la baisse du pouvoir d'achat ", reprend le représentant CGT.
Un positionnement sur lequel le groupe va faire marche arrière. Pour assurer son redressement, il entend désormais " revenir à une clientèle familiale populaire qui vit en périphérie ", avec " des produits d'appel à des prix compétitifs ", selon son porte-parole. Il prévoit aussi " une accélération du développement dans le digital " (commerce en ligne).
Dans un communiqué commun, les syndicats de La Halle (CFE-CGC, CFTC, CGT, FO et Unsa) se disent " choqués et trahis " par l'ancienne direction, qui a " menti du début à la fin " sur la réussite de son projet. " Ce sont encore les salariés qui vont payer les pots cassés ", déplorent-ils.
Toujours dans le textile, mais côté fabricants, les salariés français du groupe américain HanesBrands (HBI), propriétaire des marques Dim, Playtex et Wonderbra, sont eux aussi sous la menace de suppressions de postes.
400 emplois seraient concernés, selon Le Parisien, " dont 160 au minimum à Autun (Saône-et-Loire) ", où Dim a été fondé en 1956, indique le quotidien. " Une douche froide " pour les syndicats, qui l'ont appris par la presse, même s'ils s'attendaient à " des annonces mi-avril ", notamment sur l'emploi.