Parmi les 240 maires dont les communes ont été touchées et meurtries par les émeutes, André Corzani la maire (LFI) de Joeuf. Sa maison a failli être incendiée dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet . Son analyse après l'entrevue avec le Président
Joint par téléphone dans le taxi au retour de ce rendez-vous inédit à l'Elysée entre 240 maires et le Président de la République, André Corzani, le maire de Joeuf en Meurthe-et-Moselle est revenu sur les principales séquences et annonces faites par le Président.
Rappelons tout d'abord que si André Corzani était présent, pardon invité aujourd'hui, c'est parce que sa maison a failli être la proie des flammes vendredi soir.
Sa commune, dans l'ensemble, a été préservée, contrairement a de nombreuses autres villes dans le secteur nord lorrain.
D'après l'édile : ''c'est bien par ce que ces voyous n'ont pas pu vandaliser des bâtiments publics, grâce aux dispositifs de protection mis en place dans la ville, qu'ils se sont retournés par dépit ou frustration vers mon domicile, incendiant une haie d'une vingtaine de mètres et une partie de mon garage''
Sans cette haie protectrice le maire souligne que les dommages auraient pu être beaucoup plus conséquents car l'incendie aurait gagné la maison et plusieurs habitations proches. Par chance également personne n'était à l'intérieur
C'est ma propriété privée qui a été visée
André Corzani, maire de JoeufF. Rosaci France 3 Grand Est
Lorsqu'il a reçu l'invitation lundi soir, André Corzani a donc décidé de rejoindre les plus de deux cents autres maires de France, et parmi eux de nombreux maires lorrains.
André Corzani évoque un démarrage franc et rapide et rapide du Président de la République qui a affiché la ferme intention de rétablir l'ordre républicain et exprimé sa gratitude à l'égard des maires, compte tenu du rôle qui a été le leur dans cette séquence.
Puis il a poursuivi en faisant part aux maires de sa conviction que le pays est confronté à des questions profondes qui vont demander des réponses sérieuses et de vraies mesures.
Et c'est précisément sur ces points qu'il y a eu beaucoup" d'échanges et de débat. ''Un peu comme dans un match de rugby: franc et direct''.Tous les élus voulaient parler, il y avait autant de mains levées que de gens présents dans la salle.
Le maire de Joeuf a trouvé le président combatif, pugnace
Il a développé, c'est vrai, une capacité d’écoute qui est réelle, mais est-ce que sa capacité à entendre l’est tout autant ? C’est ça la question... Et sur ce point j'ai un doute.
André CorzaniF.Rosaci France 3 Lorraine
Si le maire de Joeuf reste dubitatif, c'est parce que le président de la république est selon lui, beaucoup resté sur le registre du : ''nous avons déjà fait, beaucoup fait même et dégagé des moyens dans tous les domaines'' En effet lors de ce débat, tout le monde s'est accordé à dire qu'il ne s'agit pas seulement d'une question d'argent et qu'il faut aborder le problème, ou les problèmes d'une autre manière. Mais laquelle?
D'après André Corzani, le président envisage un dispositif où, dans les prochaines semaines, les préfets vont travailler de concert avec les maires pour leur faire connaître les intentions de l'état et les solliciter pour connaître leurs avis et leurs réponses...
C'est lors de cet échange qu'Emmanuel Macron a annoncé la loi d'urgence devant permettre la reconstruction de ce qui doit l'être dans des délais les plus brefs possible.
Dont acte.
Pour autant le maire de Joeuf, qui se revendique de La France Insoumise, redit à notre micro ce que beaucoup ont évoqué lors de cette rencontre avec le Président de la République: si beaucoup de maires se sont ainsi retrouvés en première ligne c'est parce qu'ils sont les derniers représentants de la République sur les territoires. Les autres pouvoirs se sont retirés
Quand la République a besoin d'être défendue, souvent ce sont les élus locaux qui sont en première ligne.
Pour André Corzani, si beaucoup de maires ont été victimes d'agression c'est parce qu'en réalité les autres pouvoirs de la République se sont éloignés des citoyens. Les maires seraient victimes de cette grande proximité. Une proximité qui évite aussi souvent d'éviter le pire et de dégager des solutions...
Certains maires comme André Corzani auraient voulu faire passer d'autres messages hier au Président de la République : la trame profonde du malaise qui s'est exprimé lors de ces émeutes, c'est d'abord et surtout cette grande, cette extrême misère sociale qui s'installe et s'enracine sur de grandes parties du territoire. Or les maires ne sont pas responsables de cette misère sociale.
Le maire attend désormais la suite, et notamment un prochain rendez-vous avec le Président qui pourrait survenir au début de l'Automne... À suivre.