Attaque au couteau dans un lycée d'Arras : un spécialiste explique comment prévenir ces actes individuels de terrorisme

Un homme armé d'un couteau a tué un professeur, Dominique Bernard, 57 ans, à Arras. Le principal suspect, Mohamed M., d'origine tchétchène est radicalisé et fiché S. Mais comment prévenir les actes individuels ? Jean-Paul Tissier, assistant spécialisé dans la prévention des actes de terrorisme à Nancy répond à nos questions.

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Samedi 14 octobre, nous sommes tous bouleversés par le visage de ce professeur, Dominique Bernard, 57 ans, assassiné par un terroriste. Il était père de trois filles et marié à une enseignante. Mohamed M., le principal suspect, 20 ans, est de nationalité russe et d'origine tchétchène. Il vivait toujours sur le territoire français malgré le rejet de ses demandes d'asile.

Jean-Paul Tissier est assistant spécialisé dans la prévention des actes de terrorisme à la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de Nancy (Meurthe-et-Moselle). "Mon rôle c'est de faire le lien entre le volet administratif et judiciaire, entre la préfecture et le procureur".

Un fanatique d’origine russe

Mohamed M. est de nationalité russe à majorité musulmane d'Ingouchie. Il est actuellement en garde à vue. Son père a été expulsé en 2018. Il s’agit d’un ancien élève de l'établissement d'Arras. Il faisait l'objet d'un suivi de la part de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui l'avait interpellé jeudi "pour vérifier s'il n'avait pas d'arme sur lui" et "regarder son téléphone", notamment "les messageries cryptées".

Mais alors comment prévenir les actes individuels ? "On ne peut pas éradiquer le risque. On surveille les personnes qui se sont radicalisées. Mais en France, la radicalisation n’est pas une infraction. Dans un certain nombre de religions on a des personnes qui pratiquent la radicalisation et la difficulté c’est de prévoir le passage violent qui reste pénalement répréhensible", explique Jean-Paul Tissier, joint par téléphone par France 3 Lorraine.

On est dans le droit administratif et pas dans le droit judiciaire. La difficulté dans le terrorisme c’est la frontière entre les deux. La procédure pénale et la mise en place d’une enquête judiciaire et l’administration.

Jean-Paul Tissier, assistant spécialisé dans la prévention des actes de terrorisme

En fait, ce qui apparaît clairement, c’est que nous sommes démunis face au terrorisme et à l’islamisme. Cette famille devait être expulsée en 2014. Elle ne l’a pas été avec l’appui des associations. Pourtant elle semblait radicalisée.

L’ensemble de notre dispositif administratif et juridique est-il trop tourné vers la protection des droits individuels ?

Pourquoi l'assaillant n’a-t-il pas été expulsé ? "Mohamed M. était autorisé à rester sur le territoire français. Il est arrivé en France avant 13 ans et surtout on est dans le droit administratif et pas dans le droit judiciaire. La difficulté dans le terrorisme c’est la frontière entre les deux. La procédure pénale et la mise en place d’une enquête judiciaire, et l’administration".

Une série de mesures sécuritaires

L'attaque met le gouvernement sous pression. Plus de 7.000 militaires sont déployés. Ainsi, sur la situation terroriste, Europol rappelle que la France reste le pays de l’Europe le plus visé.

Le risque terroriste reste difficile à éradiquer en France ? "depuis les attentats de Mohammed Merah, on a revu la procédure judiciaire et les services de renseignement. On a donné plus de pouvoirs au préfet. Il a maintenant à sa disposition des possibilités de mesures individuelles sur les contrôles administratifs et de suivi. Dès que l’on a des doutes, on fait un dossier au procureur mais on n’a pas le droit d’enquêter sur tout le monde".

On ne peut pas éradiquer le risque. On surveille les personnes qui se sont radicalisées. Mais en France, la radicalisation n’est pas une infraction.

Jean-Paul Tissier, prévention des actes de terrorisme à la JIRS de Nancy


La France est passée vendredi soir en alerte "urgence attentat", niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate. Le terrorisme reste l'onde de choc des réseaux sociaux.

Internet ne crée-t-il pas lui-même des risques parfois liés au contexte international, comme les événements au Proche-Orient ? "Oui, et internet peut surtout jouer un rôle de recrutement. Mais c’est difficile car en France on a bien sûr la liberté d’aller et venir. C’est pour cela qu’il y a dix ans on a créé l’infraction d’entreprise individuelle à caractère terroriste".

Neuf personnes sont désormais en garde à vue dans le cadre de l'enquête.

Gabriel Attal, le ministre de l'éducation, annonce un "moment d’union et de recueillement." Une minute de silence sera observée lundi après-midi dans les collèges et lycées.

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