Face à l'augmentation des prix de l'énergie, la demande en bois de chauffage explose. Les professionnels peinent à suivre et les délais pour se faire livrer ne cessent de s'allonger. Explications avec le leader du secteur dans le Grand Est.
"Beaucoup de clients sont en panique! Nos lignes téléphoniques sont saturées. On pourrait vendre deux fois plus de bois que ce qu'on fait actuellement !". Maxence Piskorski, responsable du développement de l'entreprise meusienne Piskorski Bois Énergie, n'avait jamais connu une telle situation. Depuis la fin du printemps, le leader du bois de chauffage dans l'Est de la France croule sous les commandes. Ses délais de livraison sont aujourd'hui d'environ trois mois.
"Ça a commencé à partir du mois de mai. Avec la guerre en Ukraine et ses répercutions directes sur les prix de l'énergie, beaucoup de gens ont décidé de relancer leurs cheminées ou leurs poêles pour se chauffer cet hiver en limitant leur consommation de gaz ou d'électricité, explique Maxence Piskorski. Chacun a voulu faire des réserves de bois, la demande a explosé, y compris de la part de clients luxembourgeois et allemands" .
Son entreprise basé à Brieulles-sur-Meuse pourtant capable de produire chaque année 35.000 stères de bois de chauffage séché industriellement, n'a pas pu suivre la cadence.
Avec le bois de chauffage, on ne peut pas ouvrir les vannes comme pour du gaz
Maxence Piskorski, responsable du développement de l'entreprise meusienne Piskorski Bois Energie
"Nous avons limité les commandes à six stères par client. La production de bois de chauffage séché, c'est une grosse machine, on ne peut pas ouvrir les vannes comme ça, puis les refermer, détaille le Meusien. Il faut acheter du bois sur pied, trouver des bûcherons pour le couper, le transporter, le fendre, puis le sécher. Nos séchoirs tournent actuellement à plein régime et ne peuvent pas sortir plus de 2.500 à 3.000 stères par mois".
En commandant aujourd'hui, les clients ne recevront pas leurs bûches avant la mi-décembre et le stère leur coûtera 92 euros. Suite à la hausse des coûts de transport et de l'énergie pour les séchoirs au gaz, les prix ont augmenté de 12% depuis le mois de juin.
Attention aux arnaques
Chez certains petits exploitants forestiers de la région, les prix peuvent être plus bas et les délais plus courts, mais les réserves de bois constituées l'hiver dernier s'amenuisent et la rupture totale de stock menace.
Cette tension sur le marché peut inciter certains particuliers à acheter du bois de chauffage sur internet. Mais attention aux arnaques ! Commandes payées en ligne qui n'arrivent pas, livraisons de bois vert ou de mauvaise qualité... l'UFC-Que choisir a recensé de nombreuses plaintes depuis quelques semaines.