Après 55 jours de confinement les enfants commencent à retrouver le chemin de l'école depuis mardi 12 mai avec souvent une appréhension. Comment gérer ce stress post-confinement, nous avons posé la question à une psychologue.
Un mélange de joie à l’idée de retrouver les copains et leurs professeurs et une petit boule au ventre, voilà comment les écoliers de la région ont souvent vécu cette reprise après de longues semaines de confinement. Leur quotidien depuis deux mois: l’école à distance avec les parents sur le dos et une balade de temps en temps pour se dégourdir les jambes.
Retrouver le chemin de l’école c’est déjà un pas énorme à franchir.
Alexia Aleksanyan est psychologue et psychothérapeute à Nancy, elle suit de nombreux enfants dans ses consultations, elle nous délivre quelques conseils pour aider les plus jeunes (et leurs parents) à gérer leurs angoisses.
Comment rassurer les enfants pour cette reprise?
Ils se sont sentis à l'abri dans leur cocon familial pendant deux mois loin du coronavirus, comment les préparer à en sortir?
Tout dépend de la façon dont les parents expliquent les choses aux enfants, c'est fondamental. Il faut leur parler d'une voix paisible, calmement et trouver le bon moment pour le faire.
Si l'adulte est stressé, il va transmettre son stress à l'enfant qui absorbe les émotions. Il faut donc que les conditions soient réunies et expliquer les choses très simplement, en les abordant de façon positive, c'est très important. Il faut leur expliquer qu'ils peuvent évidemment guérir du Covid-19 s'ils l'attrapent et que les enfants sont moins touchés par la maladie.
Certes le virus est invisible mais toute l'année on vit avec des virus et avec des gestes simples on peut les éviter. Ne pas en faire des victimes par avance c'est important ça leur donnera de la force mentale et ça les aidera à surmonter cette phase.
On peut aussi leur expliquer que cette situation ne durera pas toujours, qu'elle est exceptionnelle. Leur parler avec tolérance et bienveillance est essentiel.
Il ne s'agit pas de décrire un monde de bisounours mais il faut leur donner de l'espoir, toujours, sans rentrer dans la psychose.
Comment leur faire accepter ce nouveau contexte?
Marquages au sol, distanciation en classe, à la récréation, à la cantine quand il y en a, port du masque pour les enseigants et pour certains enfants (il n'est pas obligatoire), cela peut créer un climat anxiogène pour les écoliers comment aborder ces questions de façon positive?
Il faut leur expliquer que ces dispositifs ont été mis en place pour les protéger. Plutôt que de leur dire ne touche à rien, fait attention à tout ce qui peut les stresser, il est préférable de leur dire que l'école veut les protéger au mieux, de la même manière que les enseignants, c'est pour cela qu'il faut se laver les mains régulièrement et rester à distance.
Il ne faut pas sous-estimer les capacités d'adaptation de l'enfant. Il ne faut pas non plus les prendre pour des imbéciles, le mieux c'est de les responsabiliser de leur expliquer qu'ils sont responsables de leur comportement.
Et en respectant les gestes barrières ils protègent les autres, à l'école ils protègent leurs camarades par exemple. Dédramatiser en les responsabilisant ça me paraît être le plus sage.
Ils ont aussi droit à l'erreur, il faut éviter de les culpabiliser si une fois ils ont dépassé la ligne, ce sont des enfants.
On peut leur expliquer aussi que ce qu'il font aujourd'hui en acceptant ces règles, c'est construire le monde demain où nous pourrons nous retrouver vraiment.
Que faire en cas de bouffées d’angoisse?
Il y a un exercice tout simple à faire faire à votre enfant s'il panique.Il faut fermer les yeux et respirer profondement par le nez et expirer par la bouche plusieurs fois. L'idée c'est de dévier l'attention de votre cerveau qui va se concentrer sur le comptage.
Le cerveau est oxygéné et on peut voir l'évènement stressant différement.
Cela permet de faire la part des choses et de réfléchir autrement. C'est très simple et ça marche sur tout y compris avec les adultes!
Evidemment en cas de grosse crise de panique cela risque de ne pas être suffisant. Dans ce cas il faut parler, pour l'école avec l'enseignant, il peut être nécessaire de consulter un médecin, un psychologue et si cela s'aggrave il ne faut pas hésiter à aller aux urgences mais il ne faut pas sous estimer la force de la communication paisible et de la respiration.
Si les parents montrent qu'il y a des solutions, ça aidera les enfants à surmonter leurs peurs.