L’instauration d’un congé menstruel à titre expérimental, proposé par les écologistes, a été rejetée par la majorité de droite et du centre du Conseil régional Grand Est. Une déception pour celles et ceux qui se sont positionnés en sa faveur.
La proposition de l’instauration d’un congé menstruel à titre expérimental pour les agentes de la région Grand Est, soumise par le groupe Les Écologistes pendant la Commission permanente du Conseil régional du 19 avril 2024, a été rejetée par le groupe de la Majorité régionale (Les Républicains, Centristes et Indépendants). Une déception pour les écologistes qui estiment que “la majorité fait la sourde oreille face aux enjeux de santé publique et de qualité de vie des femmes au travail”.
Lever le tabou des règles au travail
En France, l'endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touchent environ 10 % des femmes en âge de procréer, soit plus de 2 millions de personnes concernées. Par ailleurs, une femme sur deux souffre de douleurs menstruelles, appelées dysménorrhées. Dans ce contexte, la Métropole de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a déjà mis en place un congé menstruel pour ses agentes et l’Eurométropole de Strasbourg (Bas-Rhin) va mettre en œuvre, à titre expérimental, un congé de santé gynécologique dès la rentrée prochaine.
Au vu des enjeux majeurs de santé publique, d’égalité femmes-hommes et de qualité de vie au travail, il s’agit de prendre en compte la santé menstruelle des femmes au travail
Géraldine Krin, militante EELV et conseillère régionale Les Écologistes en Grand Est
Selon un rapport d’étude de l’IFOP sur les difficultés à vivre ses règles au travail et l’attrait des salariées pour le congé menstruel, 35 % des salariées menstruées déclarent que leurs règles ont un impact négatif sur leur travail et 66 % seraient favorables au congé menstruel. “Au vu des enjeux majeurs de santé publique, d’égalité femmes-hommes et de qualité de vie au travail, il s’agit de prendre en compte la santé menstruelle des femmes au travail”, estime Géraldine Krin, militante EELV et conseillère régionale Les Écologistes en Grand Est.
Une motion "illégale", selon la majorité
Malgré les différents éléments mis en avant par les écologistes pour défendre l’instauration d’un congé menstruel à titre expérimental pour les agentes de la région Grand Est, la majorité régionale a finalement rejeté la motion, lors de la Commission permanente du Conseil régional du 19 avril 2024. Une argumentation “fallacieuse” pour les écologistes, qui rappellent que le congé menstruel est d’ores et déjà mis en place dans de nombreuses institutions, au titre du “droit à l'expérimentation des collectivités territoriales, garanti par l’article 72 de la Constitution”.
Ces collectivités (Métropole de Nancy, Eurométropole de Strasbourg, etc.) ont fait un choix qui ne respecte pas le code du travail, elles sont dans l'illégalité
Valérie Debord, vice-présidente du Conseil régional du Grand Est (LR)
Pour Valérie Debord, vice-présidente du Conseil régional du Grand Est (Les Républicains), il s'agit d'une motion illégale. “Ces collectivités (Métropole de Nancy, Eurométropole de Strasbourg, etc.) ont fait un choix qui ne respecte pas le code du travail, elles sont dans l'illégalité. Nous restons dans l'attente d'un cadre législatif avant d'appliquer de nouvelles directives (...) en attendant, nous ne nous mettrons pas en difficulté de ce point de vue. C'est un vrai sujet mais nous souhaitons l'aborder dans un cadre légal”, assure quant à elle, Valérie Debord, également, présidente du groupe de la Majorité régionale du Grand Est, lors de la Commission permanente du 19 avril 2024.