Coronavirus et confinement : "du bon pain à l'ancienne pour les anciens de mon village"

"Le pain des voisins" est une initiative solidaire d'Anthony, employé dans une boulangerie de Nancy. Avec son ami Pierre, il a fabriqué un four à pain à l'ancienne à Chaligny près de Nancy. Tous les deux jours, il distribue son pain encore chaud aux personnes âgées et à mobilité réduite du village.

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"Pendant le confinement, dans le village, de nombreuses personnes âgées ou à mobilité réduite ont vraiment besoin d'aide, il fallait faire quelque chose pour eux!"
Alors il l'a fait.
Anthony Coëplet, 30 ans, habite avec sa compagne et leur deux enfants dans le haut du vieux village de Chaligny (Meurthe-et-Moselle). Employé comme tourier (spécialiste des viennoiseries, des pâtisseries et des plats de traiteur) dans une boulangerie de Nancy, il travaille encore malgré le confinement. Debout tous les jours à 5h, il n'est pas du genre à renter à la maison pour se reposer. Toujours actif et attentif à la santé de son voisinage, il a été secoué par les effets négatifs du confinement. Dans un élan solidaire, il devait agir avec son savoir-faire, un peu d'aide et surtout une belle idée en tête :

Faire du pain sur place, à l'ancienne et pour les anciens !
- Anthony Coëplet, voisin solidaire 

Pierre et le four à pain

Première étape : trouver un four à pain. Anthony demande autour de lui. Pas de four à pain disponible à Chaligny. Le four de sa cuisine est trop petit. La solution arrive en discutant avec Amandine, la copine fromagère qui habite à quelques maisons de chez lui: "Tu sais, Pierre est très bricoleur...". Et Pierre, le chéri d'Amandine, se propose de fabriquer le four à pain. Il est comme ça, Pierre.

En quatre jours, au cours de la dernière semaine de mars, Pierre et ses deux enfants, Lucie (15 ans) et Arthur (11 ans et demi) s'y sont collés. Sur les coteaux, juste à côté du pré des chèvres, il y a un petit terrain disponible, assez pentu mais ça fera l'affaire. Pierre, Arthur et Lucie ont dû creuser la terre assez argileuse: deux bons mètres cube pour travailler comme une sculpture les parois du four. Construire les supports avec des parpaings et des planches, mettre tout ça de niveau, pas évident avec la pente. Et faire tenir le tout grâce à de belles poutres à l'abri de quelques tôles.
Le four à pain de l'ami Pierre était prêt ! Enfin presque, Anthony et Pierre ont testé durant quelques jours l'efficacité du four en y apportant quelques dernières mises au point. Le combustible, c'est le bois d'un vieux pommier du verger.

Pierre est un expert pour la mise en route du feu, moi j'apprends...

Les premières baguettes vraiment consommables sont sorties en fin de semaine dernière.

Pierre a même fait chauffer le four avec ses pizzas, trois heures de chaleur c'était l'idéal pour mes premières baguettes!
- Anthony, nouveau boulanger à l'ancienne

"Tout est local !"

Anthony travaille dans une boulangerie sans être boulanger. Il découvre avec cette expérience toutes les joies et les aléas de la fabrication artisanale. Choix des ingrédients, astuces de pétrissage, durée de repos de la pâte, temps de cuisson, travail en plein air et contrôle des températures assez aléatoires dans un four "fait maison". On ne s'improvise pas boulanger comme ça, mais Anthony se débrouille assez bien: 

Le levain je l'ai fait avec des mirabelles, la farine vient de Lorraine, tous les ingrédients viennent du coin.

Panorama exceptionnel

Le petit terrain qui abrite le four à pain est à deux cent mètres de chez Anthony. Tout en haut du vieux Chaligny, quelques marches en pierre brute à descendre en s'accrochant et hop ! Une vue superbe et surprenante. Tout le village est à nos pieds, le paysage s'ouvre encore plus avec la vallée de la Moselle et du canal de l'Est. Du vert, le l'eau et un horizon bien aéré :

Quand je viens cuire mon pain ici, tout est au top: le plaisir de travailler à l'ancienne, de prendre son temps et le plus, c'est le paysage!

Faire chauffer le four à bonne température, plus de 350 degrés, prend en général une bonne heure. Mais plus le four a chauffé, meilleure sera la cuisson. Chaque fournée - la température doit redescendre à 280 degrés - dure alors un quart d'heure. Anthony essaie d'oublier ses réflexes du boulot où dans un fournil pro, le chronométrage se fait automatiquement, avec des fours réglés à la seconde près.

Ici il faut sans cesse surveiller, je n'arrête pas de regarder.

Enfin le bon pain chaud

Trois heures après notre arrivée, la vingtaine de baguettes à l'ancienne, les quelques "vosgiennes" (aux lardons et à l'emmental, miam!) et quatre brioches sortent enfin du "four à Pierrot". Chaudes et croustillantes. Dorées presque bronzées. Attirantes.
C'est alors le moment de la distribution. Anthony enfile son masque fait maison et part avec sa panière en osier.
Il déposera les baguettes à domicile dans les deux ou trois rues autour de chez lui. Ravi de faire quelques heureux.
Il a atteint son rêve solidaire qui a germé avec le confinement : distribuer du plaisir utile et nutritif.La journée d'Anthony s'achève à vingt heures passées. Il va répéter cette opération tous les deux jours. 
 
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