Déconfinée depuis le 11 mai, comment va Madame Monnier, ma voisine centenaire de Vandoeuvre-lès-Nancy ? J'ai traversé la rue pour lui poser la question. Et cette fois-ci, nous avons pu bavarder autour de la table de sa cuisine. Presque comme avant.
Pendant l'épidémie de coronavirus je vous avais raconté le quotidien de ma voisine centenaire, confinée à Vandoeuvre-lès- Nancy. Aujourd'hui, pour vous donner de ses nouvelles, je suis retournée la voir.
En poussant la porte de Colette Monnier, certaines choses ont changé. Comme cette affiche punaisée sur le mur du vestibule rappelant aux visiteurs les précautions d'usage en cette période de crise sanitaire.
Une boîte de 50 masques fournie par le petit-fils de la centenaire ainsi que du gel hydroalcoolique campent un nouveau décor rappelant à chacun qu'il faut faire attention. Très attention. Le virus rôde toujours. Madame Monnier est vulnérable.
J'ai revu mes petits-enfants. J'étais contente.
- Colette Monnier
Masquée, mains lavées, me voilà installée à la table de la cuisine de cette dame bientôt centenaire le 31 août prochain, bavardant de notre vie respective. Comme avant. Avec depuis le déconfinement, quelques changements pour Colette Monnier. "J'ai revu mes petits-enfants. J'étais contente. Mais je ne voulais pas qu'ils viennent de peur de leur faire prendre des risques", explique la centenaire. "Hubert est venu à l'Ascension. Il a fallu que je lui envoie une copie de ma carte d'identité pour qu'il puisse prendre le train de Paris, pour venir me voir. Je ne voulais pas qu'il vienne. Je ne voulais pas lui faire prendre de risques. Imaginez qu'il contracte le virus dans les transports ?" s'interroge Colette Monnier.
Un justificatif était alors exigé pour venir rendre visite à un proche vulnérable, au-delà d'une distance de 100 kilomètres. Le Grand Est était alors toujours en zone rouge.
Quinze jours plus tard, une autre petite-fille résidant elle aussi, en région parisienne, vient rendre visite à sa grand-mère. "Arianne est venue passer le week-end de la Pentecôte avec moi. Ça m'a fait plaisir. On a pris du bon temps, on a discuté, Arianne m'a fait des courses, est allée au cimetière sur la tombe de sa mère. Moi, je n'ai pas la force d'aller sur la tombe de ma fille. Je ne peux m'imaginer qu'elle soit là !" ajoute émue Colette Monnier.
Colette Monnier s'est habituée à vivre seule, loin des siens. Son quotidien est rythmé par les visites quotidiennes de son infirmière et par celles, chaque deux jours, de son aide à domicile. Mais aussi et surtout, par les appels quotidiens de ses petits-enfants et arrières petits-enfants. Avec là encore un changement de taille depuis le déconfinement.
J'ai une plaque !
Maintenant, je peux les voir ! Ça me fait du bien !
"Hier soir, je les ai vu à table, ils m'ont montré la piscine. Je peux parler à plusieurs personnes à la fois. Ça me fait beaucoup de bien. Et ça change du téléphone. Ah oui, c'est mieux. Et je n'ai qu'à faire glisser mon doigt sur la plaque (comprenez la tablette). C'est facile!" raconte Colette Monnier. "Maintenant, je pourrai les voir tous les soirs, comme si j'étais avec eux".
C'est Hubert, le petit-fils de Colette Monnier qui a installé cette tablette offerte à sa grand-mère lors de sa dernière visite. Un outil d'aujourd'hui qui va permettre à cette dame de maintenir un lien essentiel, pour ne pas dire vital avec ses proches. Eux qui lui préparent une surprise pour ses 100 ans, le 31 août prochain. "Je ne sais pas ce qu'il prépare mais je sais qu'il y aura quelque chose. Vous serez invités ! Vous viendrez ?" m'interroge Madame Monnier.
Oui bien sûr, Madame Monnier. Avec cet immense plaisir de l'avoir enfin retrouvée ce matin. En forme, vaillante, et toujours bienveillante. Presque comme avant.
Sans avoir pu toutefois l'embrassée aujourd'hui en lui disant au revoir.