Coronavirus : ma voisine centenaire confinée, un petit plat et des sourires

Comment va et comment fait Madame Monnier, notre voisine d’en face? Bientôt centenaire, toujours autonome, elle réside seule chez elle. Que devient-elle ?  Et surtout comment va-t-elle? Pour le savoir, nous avons traversé la rue, à Vandoeuvre, avec un petit plat, en respectant les consignes. 

Restez chez vous. La consigne est claire. Y compris pour les journalistes. Sauf qu’on est deux, travaillant tous les deux pour la même boîte: France 3 pour vous servir. Nous voilà donc en télétravail, mon mari et moi-même. L’un plutôt branché image, l’autre écriture. Comme rien n’est franchement normal en ces temps de virus, vu que nous sommes confinés, ce matin,  je me suis demandé: mais comment va notre voisine d'en face?

"Vous voulez du bœuf braisé?"  

Après un coup de fil en fin de matinée, me voilà rassurée. Madame Colette Monnier va bien. Confinée comme tout le monde. Pas franchement angoissée par le coronavirus.

Ça ne change pas grand-chose pour moi à part que je me lave les mains plus souvent.
- Colette Monnier

"Non pas qu’elles soient sales, mais par précaution", explique Mme Monnier. "Je regarde la télévision, il faut faire attention avec ce virus. D’ailleurs, l’infirmière qui vient me voir chaque jour, porte un masque, et se lave les mains très souvent. Ce qui est plus inquiétant, c’est que la personne de l’ADMR qui vient pour me faire des courses, elle, ne porte pas de masque. Elle n’en trouve pas."

Le seul problème, c’est que je ne peux plus voir mes petits-enfants.
- Colette Monnier

"Mais je les ai au téléphone chaque jour. Ah ça oui, ils s’inquiètent tous pour moi, ils sont tous très gentils. C’est sûr qu’on aimerait se voir mais je ne veux surtout pas qu’ils viennent. C’est beaucoup trop dangereux. "Il est presque midi, cela fait une demi-heure que l’on papote toutes les deux.  Je propose alors à Madame Monnier du bœuf braisé. Mais attention. Rendez-vous est pris!

 

"Attention j’arrive !"

Me voilà, traversant la rue, pour apporter le plat.
Opération bœuf braisé terminée! Mais c’est sûr... Qu’on aurait aimé discuter plus longtemps. Alors comme convenu, je rappelle Madame Monnier. Retour maison et rediscussion sur le temps, le boucher, les voisins, mes enfants, ses petits-enfants, la vie de quartier quoi... Un échange qui en temps normal nous aurait pris au moins une heure ou deux autour d’un café! Sauf que là, non!


100 ans en août

Madame Monnier n’aurait jamais imaginé vivre 100 ans. Elle les aura le 31 août prochain.

Je suis née le 29 août 1920. C’était un samedi. Mais mes parents ne m’ont déclarée en mairie que le 31.
- Colette Monnier.

"Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que c’était fermé le samedi! Peut-être parce qu’ils étaient chamboulés, j’étais la première", sourit Mme Monnier. "Ah c’est sûr qu’avant, c'était pas pareil. J’habite dans cette rue, dans cette maison depuis 1941. Tout le monde se connaissait. On ne fermait pas les portes à clé, les garages étaient grand ouverts, les enfants jouaient dans la rue, c’était animé! C’était presque un village. Maintenant, c’est chacun chez soi!"

"Mais j’ai des voisins gentils. Tenez, l’autre voisin d’en face m’appelée hier pour me demander si j’avais besoin de quelque chose, il y a aussi madame Vincent... Mais là, elle ne peut plus venir me voir. Mais je suis quand même souvent toute seule, mais au moins, je suis chez moi. Je ne me plains pas."


Et pendant la guerre, c’était comment le confinement ?

On était un quartier tout le temps bombardé : il y avait plein de casernes autour de la maison.

"A chaque bombardement, tous les voisins allaient à la cave. Moi j’avais peur. Vraiment peur. On mettait même des journaux entre les fenêtres et les volets pour masquer la lumière de peur d’être bombardé! Cétait pas la même peur, qu’aujourd’hui. Vous voyez. Mais quand on n’était pas bombardé, il y avait une bonne ambiance. Ça n’a plus rien à voir aujourd’hui! Les gens travaillent tous, à deux bien souvent, ils ont leurs enfants, ils n’ont plus le temps de se voir entre voisins. On ne se connaît plus."

Au revoir Madame Monnier. A demain. Seule chose positive à ce virus, c’est qu’aujourd’hui, j’ai du temps pour prendre des nouvelles de cette dame absolument charmante, d’une gentillesse hors du commun, toujours à l’écoute des autres,  disponible et bienveillante. Promis Madame Monnier, je repasse demain. Ce sera couscous.
 
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