Drogue : " la justice est désarmée face à la criminalité organisée" déplorent les magistrats en colère

Les personnels du Tribunal judiciaire de Nancy ont organisé jeudi 16 mai 2024 une opération "portes ouvertes" destinée aux élus et à la presse. Une mobilisation inédite pour dénoncer le manque de moyens humains et matériels face au volume des affaires à traiter.

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Les personnels du Tribunal judiciaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle) ont organisé jeudi 16 mai 2024 une opération "portes ouvertes" destinée aux élus et à la presse. Cette mobilisation inédite veut dénoncer le manque de moyens humains et matériels face au volume des affaires à traiter, "pour rendre une justice de qualité".

Une affiche à l'entrée du hall où sont accueillis les invités donne le ton : "Criminalité organisée -Justice désarmée". Les magistrats dénoncent donc le manque de moyens face à la criminalité organisée qui elle n'en manque pas, déplorent les magistrats.

Le Tribunal judiciaire de Nancy abrite une des huit juridictions interrégionales spécialisées (JIRS) de France. Ce sont des pôles de compétences mis en place depuis 2004 afin de lutter plus efficacement contre la criminalité organisée et la grande délinquance économique et financière.

Le crime organisé de plus en plus puissant

Cette mobilisation vise à alerter sur l'incapacité du tribunal à poursuivre son travail pour juger les affaires de criminalité en bandes organisées, comme les dossiers de proxénétisme et de trafics de stupéfiants.  Eric Bocciarelli, du Syndicat de la Magistrature, dresse un constat d'impuissance : "pour pouvoir juger ces affaires, nous n'avons pas eu d'effectifs dédiés. Or, il faut trois juges et des juges spécialisés qui ne fassent plus que ça. Nous ne les avons pas donc pour compenser, nous prenons des juges des autres services de la juridiction". 

Toujours selon Eric Bocciarelli, vingt ans après sa création, la JIRS de Nancy est confrontée à des bandes organisées de plus en plus puissantes : " la professionnalisation en quelque sorte du crime organisé fait que ça devient de plus en plus complexe et difficile pour les magistrats de traiter ces contentieux. Pour juger, il faut des compétences particulières. Il faut du temps. Il faut une équipe que nous n'avons pas". 

La Direction des services judiciaires du ministère de la Justice est attendue à Nancy à la fin du mois de juin. Les représentants syndicaux des magistrats demanderont à être reçus afin d'obtenir la création de trois postes de juges à la JIRS de Nancy et un poste à la JIRS civile.

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