Élections départementales et régionales 2021 : l’abstention expliquée par les jeunes

L’abstention a battu des records pour le premier tour des élections départementales et régionales. La tranche des 18-24 ans est celle qui a le moins voté. Au-delà du manque d’informations, les jeunes regrettent le peu de considération de la part des candidats.

Lors du premier tour des élections départementales et régionales ce dimanche 20 juin 2021, très peu de jeunes se sont rendus dans les bureaux de votes. Les 18-24 ans représentent une génération qui souhaiterait davantage être écoutée.

Pour Louis, ces élections devaient être l'occasion de mettre un bulletin dans l’urne pour la première fois de sa vie. Carte d’électeur en poche, il a pourtant préféré se concentrer sur ses épreuves du grand oral du baccalauréat plutôt que sur le premier tour.

Il ne se sent pas concerné par les discours des politiques : "Est-ce qu’ils viennent vers nous ? Non, je n’ai jamais vu ça. Cela pourrait être bien pour savoir si on vote pour eux ou contre eux. Je pense que les jeunes s’intéressent plus à ce que va devenir le monde plutôt qu’à qui va le diriger."

Dans les rues de Nancy, les jeunes rencontrés confirment ce sentiment d’abandon. Pour Donovan, 21 ans, c’est encore plus grave : "Ce n’est même plus un sentiment d’abandon. Je pense qu’on fait partie d’une tranche d'âge qui ne les intéresse tout simplement pas, à laquelle ils ne prêtent aucun intérêt." Il fait partie des 87% d’abstentionnistes chez les 18-24 ans.

Une année compliquée qui renforce la crise de représentativité

Depuis le début de la crise sanitaire et la crise économique qui suit, Donovan alterne entre emplois de courtes durées et chômage. C’est une période compliquée pour lui. La manière dont les élus la gèrent est "symptômatique" car "aller à notre rencontre, essayer de comprendre nos problèmes, ce n’est plus une possibilité. C'est le moment de prendre des actes, de faire des changements : permettre aux jeunes de trouver un emploi stable, leur permettre après cette crise sanitaire de reprendre correctement leurs études. Il n’y a que les actes qui pourront changer la vie de notre tranche d’âge."

Les échanges sociaux se sont réduits, cela n’ouvre plus le débat comme en temps normal

Nabil, 18 ans

Nabil, lui, s’intéresse à la politique, aux enjeux de la société. Mais la crise sanitaire a empêché le débat d’évoluer dans les groupes d’amis et en cours. "Je pense qu’il y a un rapport entre cette année et l’abstention. Les jeunes avaient d’autres préoccupations. Les échanges sociaux se sont réduits, cela n’ouvre plus le débat comme en temps normal." Jade, étudiante en tourisme, confirme : "Je pense que ça a joué. On a peut-être suivi les informations, tout tourne autour du coronavirus. On ne s’est pas intéressé aux élections cette année."

Une abstention qui ne signifie pas forcément une dépolitisation

Parmi les électeurs de la tranche 18-24 ans rencontrés, seul Gautier, 19 ans, a voté. Cet étudiant en classes préparatoires a des convictions politiques, mais c’est surtout par devoir citoyen qu’il s’est déplacé dans son bureau de vote. "J’ai voté car c’est important. Il y a des gens qui se sont battus pour obtenir le droit de vote. Il faut au moins les respecter", précise-t-il.

Du côté des abstentionnistes, on préfère s’engager autrement, comme le fait Abou, 20 ans : "On est une génération de réseaux sociaux, du coup on veut s’exprimer dessus. On donne notre avis comme ça, donc ce n’est pas la peine d’exprimer notre avis autrement avec les élections."

Un avis partagé par Donovan : "L’engagement sur les réseaux sociaux, c’est quelque chose qui se fait beaucoup. Il n’y a pas non plus de dépolitisation. Évidemment, certains sont dépolitisés, car ils sont de base issus d’une famille qui se désintéresse totalement de la politique. Mais il y en a beaucoup, comme moi, qui connaissent les enjeux, qui connaissent les élus, mais qui ne les croient plus. Tout simplement."

L'organisation des élections, sur un jour et nécessitant de voter en présentiel, ne poserait pas de problèmes aux jeunes électeurs interrogés. Pour eux, le vote électronique ne serait pas une solution pour réduire l’abstention.

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