L'ancienne ministre de la Justice sous François Hollande, Christiane Taubira préside la 45ème édition du Livre sur la Place 2023 à Nancy. L'occasion de revenir en cinq images sur cinq moments incontournables de sa vie, de sa carrière politique.
Une femme engagée qui en invite une autre. Pour la 45ème édition du Livre sur la Place, la présidente de l'édition 2023 Christine Taubira sera avec Barbara Hendricks, dimanche 10 septembre à 18 heures sur la scène de l'Opéra National de Lorraine en clôture du salon littéraire. Et tout le week-end, elle présidera la 45ème édition de ce rendez-vous culturel à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Femme de lettres, passionnée de culture, Christine Taubira a écrit de nombreux livres portant sur ses engagements politiques et mémoriels (L'esclavage raconté à ma fille (2002), Combats politiques au long cours (2012), Murmures à la Jeunesse (2016)...) En 2020, elle a publié son premier roman, Gran Balan.
De vendredi à dimanche, il sera donc question d'un peu de politique mais surtout de littérature. L'occasion de revenir, à travers cinq dates, sur la carrière politique, de Christiane Taubira.
1993 : arrivée à l'Assemblée nationale
En 1993, Christiane Taubira-Delannon est élue députée pour la première fois. Économiste de formation mais aussi diplomée en ethnologie, sociologie et agroalimentaire, elle remporte la première circonscription de la Guyane. Mariée à Roland Delannon, elle rejoint la mouvance indépendantiste guyanaise dès 1978 et dénonce l’esclavage dont les peuples colonisés ont été les victimes. Après vingt ans de vie commune et de militantisme, Christine Taubira et Roland Delannon se séparent après avoir eu quatre enfants. Dans Paris Match, en 2013, Christiane Taubira était revenue sur cet épisode de rupture motivée par la décision de son mari de se présenter contre elle, sans l'en informer, aux élections régionales de 1998. "Je me suis battue sans avoir conscience de l'impact sur mon époux, avait-elle expliqué. J'ai sous-estimé le poids du regard social de la société guyanaise. J'ai compris trop tard que cet homme, d'une très grande valeur, m'a appelée au secours cinquante fois. Depuis, j'ai pris conscience de tout ce que j'ai loupé". Depuis, l'hebdomadaire rapporte que son ex-mari, resté en Guyane, l'appelle "Mme Taubira".
1998 : la "loi Taubira"
Elle est à l’origine de la loi dite tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, plus connue sous le nom de "loi Taubira" qu’elle avait déposée en 1998 sous forme d’une proposition de loi avec le soutien du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale présidé par Jean-Marc Ayrault. Le vote de ce texte, à l’unanimité de l’Assemblée Nationale en 1999 et du Sénat le 10 mai 2001, il y a plus de vingt ans, a fait de la France le premier pays à reconnaître l’esclavage et la traite comme des crimes contre l’humanité.
2002 : le choc du 21 avril
En 2002, la carrière politique de Christiane Taubira prend un virage national. Investie par le Parti radical de gauche (PRG), la députée Radical, Citoyen, Vert (RCV) de Guyane est candidate à l’élection présidentielle. En recueillant 2,32% au premier tour, Christiane Taubira se retrouve sous les feux des projecteurs. Illustration de l’émiettement des candidatures à gauche en 2022, de nombreux observateurs politiques ne manquent pas de voir en sa campagne une des raisons de la défaite de la gauche. Lionel Jospin, est éliminé au premier tour. C'est le choc du 21 avril. Au second tour, Jacques Chirac affronte Jean-Marie Le Pen.
En 2020, dans un long entretien dans la revue Zadig, Christiane Taubira était longuement revenue sur sa candidature à la présidentielle de 2002. Elle avait déclaré assumer malgré le reproche d'avoir fait éliminer Lionel Jospin : "J'avais toute légitimité à être candidate à l'élection présidentielle de 2002. Je n'ai aucun regret pour les idées que j'ai défendues et j'ai fait preuve d'une loyauté totale envers la gauche. Je l'ai fait par éthique personnelle... Tout de même, comme candidats à gauche, il y avait en plus de Jospin, Jean-Pierre Chevénement, Noël Mamère, Robert Hue et moi. Et je serais la seule à avoir posé problème, la seule coupable, la seule responsable de la défaite de la gauche? Peut-être la seule femme, et peut-être pas de la bonne couleur... En tout cas la seule à ne pas avoir cogné sur le PS."
2013 : le mariage pour tous
En 2012, le Président François Hollande nomme Christiane Taubira, Garde des Sceaux, ministre de la justice. Elle exercera cette fonction jusqu’à sa démission en janvier 2016, en raison de son désaccord avec le projet de déchéance de nationalité proposé par F. Hollande suite aux attentats de novembre 2015. Ce qui marque son passage au gouvernement, c'est la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, promulguée le 17 mai 2013.
2022 : une victoire et un retrait
Le 17 décembre 2021, elle annonce qu’elle envisage d’être candidate à la présidentielle dans une vidéo diffusé sur les réseaux sociaux. Le 30 janvier 2022, officiellement candidate à l'élection présidentielle, Christiane Taubira remporte sans surprise la Primaire populaire.
Appelant à l'union de la gauche, elle annonce le retrait de sa candidature aux élections présidentielles le 2 mars 2022.