ENTRETIEN. Retraites : vers une radicalisation de la contestation ?

Au lendemain du rejet des motions de censure et de l’utilisation du 49.3, la grogne contre la réforme des retraites ne redescend pas. Pour Adrien Ettwiller, le secrétaire régional de la CFDT Grand Est, "ces mobilisations spontanées sont le résultat du mépris du gouvernement". Le syndicaliste craint des débordements.

Au lendemain des motions de censure évitées de justesse par le gouvernement, la colère monte et les opposants à la réforme des retraites continuent de se mobiliser. Pour tenter de reprendre la main, Emmanuel Macron s’exprimera dans les journaux télévisées de 13 heures, sur France 2 et TF1, le mercredi 22 mars. Pour Adrien Ettwiller, le secrétaire régional de la CFDT Grand Est, il ne fait aucun doute que l’utilisation du 49.3 a mis le feu aux poudres.

  • Qu’espérez-vous de l’intervention d’Emmanuel Macron dans le journal télévisé de 13 heures, après des semaines de silence ?

Adrien Ettwiller : On n’attend pas grand chose de l’intervention d'Emmanuel Macron. On verra bien si elle est de nature à apaiser ou à tendre encore plus la situation. Un mépris s'exerce depuis des mois vis-à-vis des mobilisations, pourtant massives. L’idéal serait que le gouvernement fasse marche arrière ou au moins qu’il revienne autour de la table pour de vraies négociations. Ce sont des interlocuteurs qui ne sont pas fiables, mais on est toujours pour le dialogue. Ça ne sert à rien de dire “je vous écoute” si on ne nous entend pas.

  • Qu’attendez-vous de la journée de mobilisation de jeudi ?

Adrien Ettwiller : Il faut qu’il y ait du monde dans la rue, on veut réussir cette mobilisation du jeudi 23 mars. Nous continuerons d’organiser des manifestations, dans le respect des biens et des personnes, tant qu’il le faudra, et nous organiserons tous les recours possibles. Nous avons développé tous les arguments pour prouver que cette réforme est complètement injuste et qu'il existe de vraies alternatives. Il y aura bien sûr une intersyndicale à la suite du rassemblement, jeudi soir, pour décider de la suite. 

  • Craignez-vous des débordements suite à l’échec des motions de censure ?

Adrien Ettwiller : C’est un peu compliqué car la situation est très tendue. On a toujours encadré nos manifestations et prôné le dialogue, mais s’il y a des dérapages c’est du fait de nos dirigeants politiques qui mettent de l’huile sur le feu. Le malaise continue de s'accentuer à cause de la posture du gouvernement qui continue de cracher à la figure des travailleurs. Ces gens qui gèrent leur vie avec peu de contraintes vont obliger les plus modestes à rester au travail plus longtemps. Rien ne bouge, ils restent droits dans leurs bottes, et les gens se sentent méprisés. Ce n’est pas prêt de se détendre, je crains encore une radicalisation. 

  • Que pensez-vous des divers rassemblements spontanés ?

Adrien Ettwiller : Les gens sont en colère, il y a une rupture de confiance entre le gouvernement et le peuple. Ces mobilisations spontanées sont le résultat du mépris du gouvernement. Il faut éviter les débordements, ça doit rester des combats d'idées avant tout, mais il est sain que les gens se rassemblent spontanément. Tant mieux si les Français se sentent concernés. Qu’est ce qu’un pays où l’expertise serait seulement du côté du gouvernement ? Cette réforme est injuste et la grande majorité du peuple est contre. Emmanuel Macron ne peut pas continuer de gouverner sans son peuple et contre son peuple.

Des mobilisations intersyndicales sont prévues dans toute la région ce jeudi 23 mars 2023. En Lorraine, plusieurs cortèges se sont formés spontanément, à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et Metz (Moselle) notamment, depuis le déclenchement du 49.3 par Élisabeth Borne.

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