Dans le cadre de l'Année internationale du verre, Nancy accueille, sur le site Alstom, du 15 au 18 juillet, quarante verriers pour la 6e édition du Flame’Off, le Festival international du verre au chalumeau. Rencontre avec le Vosgien Eddie Legus, son fondateur.
L'ONU a décrété 2022, Année internationale du verre. La Ville de Nancy, berceau de l'Art Nouveau, terre de création qui a vu s'élever de grands verriers dont Emile Gallé, s'est saisie de cette thématique en dédiant, elle aussi, cette année au verre. Elle y propose des rendez-vous pour tous les publics et accueille du 15 au 18 juillet 2022, sur le site Alstom, quarante verriers pour la 6e édition du Flame’Off, festival international du verre au chalumeau.
Un événement dédié à l'excellence : qualité dont pourrait se vanter son créateur.
"On ne va pas faire un étalage. Mon premier titre, je l’ai eu en 1994 en verrerie artistique et le dernier en 2000, comme concepteur designer dans les métiers de la terre et du verre", raconte Eddie Legus. "Je suis trois fois Meilleur Ouvrier de France, mais le dire une fois suffira."
Le Flame’Off est une vieille idée qui lui trottait dans la tête depuis la création de l’AEVA, l’Atelier Ecole de Verrerie d’Art, en 2014 à Plombières-les-Bains.
"A l’époque, les élèves ont souhaité d’abord exposer les pièces qu’ils avaient réalisées pendant la durée de leur stage et, ensuite, travailler devant les gens pour leur montrer ce que sont les métiers du verre", explique le maitre verrier. "En fait, l’idée du Flame'Off est née comme ça, sur un noyau de quelques verriers régionaux, des amis pour la plupart, qui intervenaient soit comme professeurs et qui sont des satellites de la verrerie parce qu’ils tournent dans ce monde-là."
Le premier Flame'Off s’est déroulé à Plombières-les-Bains, en 2014, avec une quinzaine de verriers au chalumeau qui se sont dit "pourquoi pas recommencer" et le festival est devenu une institution en quelques années.
Un long apprentissage
"La verrerie au chalumeau est une technique ancienne. On a tendance à penser que, parce qu’on travaille avec des chalumeaux, c’est un métier récent, mais c’est un métier qui est quand même très ancien. On travaillait à la lampe à l’époque", ajoute Eddie Legus. "Moi je suis tombé amoureux de ce métier-là parce qu’il permet d’être un support d’expression artistique qui était absolument infini. Il se plie à toutes les exigences, à toutes les formes. Le souci, c’est que la technique en général et puis les contraintes, qui sont liées à la matière, demandent un apprentissage assez long."
La verrerie au chalumeau comprend la verrerie scientifique, la fabrication des appareillages de laboratoire, le verre filé, qui lui est à l’origine du métier de sculpteur au chalumeau, la perle d’art, les gens qui fabriquent des perles au chalumeau avec du verre de Murano…
Représentés pendant le festival, tous ces métiers ne s’apprennent pas en quinze jours. Pourtant, l’Education Nationale a supprimé les diplômes de verrerie d’art au chalumeau.
"C’est un métier qui a été mis de côté par la verrerie dans son ensemble : quand on parle de verrerie aux gens, la première chose qu’ils imaginent, c’est le verrier avec une canne qui souffle et qui fabrique un vase. Son avantage, c’est qu’on peut le pratiquer à un coût qui est quand même moins élevé que celui de verrier à la canne", conclut le trois fois MOF.
"Il y a donc une espèce d’engouement depuis une vingtaine d’années, qui a commencé par les américains, qui ont peu à peu inclus la verrerie au chalumeau dans les écoles. La verrerie au chalumeau a fini par supplanter la verrerie à la canne dans l’enseignement aux États-Unis. Il y a à peu près cinq mille verriers au chalumeau pour deux cents verriers à la canne, alors qu’en France, c’est l’inverse. Mais la tendance est en train de s’inverser."
Le Festival International du verre au chalumeau n’est pas simplement un salon d’exposition avec des pièces à vendre. Il y a une âme. C’est comme une grande famille. Les verriers, qui y participent, se connaissent tous, mais n’ont pas l’occasion de se voir à cause de l’éloignement. L’esprit du Flame'Off, c’est un échange de savoir-faire entre de grands spécialistes des métiers du verre.