Un grand élan de solidarité traverse l’Europe face à la situation des réfugiés ukrainiens. En Lorraine, les associations et les communes se mobilisent pour trouver des hébergements et pour apporter une aide humanitaire à ceux qui restent en Ukraine.
Depuis le début du conflit, 500.000 réfugiés ukrainiens ont quitté le pays d'après le HCR (l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés). L'agence estime à quatre millions le nombre de personnes qui pourraient fuir l'Ukraine vers les pays voisins si la situation venait à s'aggraver encore.
Il y a des personnes qui mettent à disposition une résidence secondaire, d’autres qui me disent, je n’ai pas grand-chose, mais j’ai une chambre de libre
Françoise, coordinatrice de l'association "La Belle Porte"
Les associations de Lorraine se mobilisent à l’image de "la Belle Porte" à Nancy (Meurthe-et-Moselle), qui croule sous les inscriptions depuis deux jours. L’association recense les volontaires pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Françoise, la coordinatrice est très émue. Elle nous raconte : "Ce matin, j'ai versé une petite larme. Je suis touchée par cet immense élan de générosité". Elle ajoute : il y a des personnes qui mettent à disposition une résidence secondaire, d’autres qui me disent, je n’ai pas grand-chose, mais j’ai une chambre de libre. Françoise a même reçu un appel du Loiret, d’une personne qui souhaitait mettre à disposition un champ pour des caravanes ou des tentes". Faute de trouver une association dans son département, elle a contacté l'association nancéienne.
On ne sait plus où donner de la tête. On ne s’attendait pas à une telle solidarité de la part de la population
Nataliya, Association "Echanges Lorraine Ukraine"
À Metz (Moselle), l’association "Échanges Lorraine Ukraine", mobilisée depuis le début de la crise pour relayer les informations envers les expatriés ukrainiens en Lorraine et pour les familles en Ukraine, n’en revient pas. "On ne sait plus où donner de la tête. On ne s’attendait pas à une telle solidarité de la part de la population" nous explique Nataliya. L’église Saint-Martin, où les gens viennent apporter des médicaments, des couvertures et des choses de première nécessité, croule sous les cartons et les sacs. "C’est énorme. Tout le monde se sent concerné. C’est une tragédie européenne. Tout le monde prend conscience que Poutine est un fou. On a demandé au maire de Metz, François Grosdidier, un local pour tout ce que les gens apportent". En Moselle, la ville d'Hettange-Grande, elle aussi, participe à la collecte.
Beaucoup de volontaires proposent un hébergement d'urgence. L'association n'arrive plus à gérer : "Nous avons d'ailleurs transféré sur les communes de Moselle dont Metz, qui est très volontaire pour l’accueil des réfugiés, toutes les propositions d'hébergement. Les communes nous ont dit qu’elles allaient répertorier les propositions. Nous, on organise les collectes". Attention, il faut s’en tenir aux listes disponibles sur le site de l’association ou sur sa page Facebook : liste de médicaments et de produits de premier secours. Liste de matériel médical, en particulier. "C’est beaucoup de travail pour trier. Il faut absolument regarder les listes". Pour ceux qui souhaitent faire un don financier, là aussi, les informations sont sur le site avec des liens directs pour être efficace.
La ville de Nancy lance mardi 1er mars, une collecte solidaire. Cette collecte se poursuivra mercredi et jeudi. Pendant ces trois jours, le local sera ouvert de 12h à 19h. Les dons récoltés seront acheminés vers la Pologne pour les réfugiés ukrainiens, nombreux à y trouver refuge. La Ville de Nancy met également en place un numéro d'appel dédié aux habitants qui souhaitent participer à cette mobilisation et apporter leur aide, de quelque nature qu'elle soit : 03 83 85 33 30. La mobilisation de la Ville de Nancy s'inscrit dans un mouvement plus large, à l'échelle des villes du Sillon Lorrain, avec Metz, Thionville et Epinal.
Accueillir des réfugiés, pas si simple
Accueillir des réfugiés n’est pourtant pas si simple comme nous l’explique le président de l’association Belle Porte à Nancy, dont c’est la mission toute l’année : "Les services de l’État sont saturés que soit en matière d'hébergement d’urgence ou de location.
Il faudra organiser la scolarisation des enfants et l’insertion des adultes. Il ne s'agit pas de les laisser dans un logement.
Jean-Louis Pierquin, Association la Belle Porte
Une partie de la réponse peut venir des particuliers, mais elle ne suffira pas". En professionnel, le président évoque immédiatement le statut administratif des réfugiés. "Les lois européennes indiquent que toute demande d’asile doit se faire dans le pays d’arrivée. Il faut que l’Europe s’entende pour que les réfugiés soient en règle de ce point de vue. Ensuite, les profils vont être différents de ceux que nous rencontrons habituellement. Les personnes, qui arrivent actuellement en Pologne, sont des femmes avec enfants, pas des familles complètes. Il faut tenir compte de ce point. Ensuite, on ne connaît pas encore le nombre. Il faut s’attendre à beaucoup de monde. On parle de 500.000 personnes qui ont fui l'Ukraine au moment où on se parle". Enfin, nous explique-t-il : "un hébergement d’urgence peut suffire dans un premier temps. Mais, cela peut durer. Il faut alors se poser aussi la question d’un hébergement à plus ou moins long terme. Il faudra organiser la scolarisation des enfants et l’insertion des adultes. Il ne s'agit pas de les laisser dans un logement."
À Nancy, les associations vont se regrouper en collectif : la belle Porte, le Secours Catholique et d’autres vont travailler ensemble. "Il va falloir beaucoup d’énergie. Nous avons écrit au préfet ce week-end pour lui dire que nous nous tenons à sa disposition pour participer à l’organisation de cet accueil. On a commencé vendredi. On va créer ce collectif, car il faut aller vite".
La préfecture de Meurthe-et-Moselle nous a confirmé, par mail, qu’elle mobilisera les moyens à sa disposition pour accueil des réfugiés ukrainiens. Elle précise aussi que les Ukrainiens déjà en France verront leurs droits prolongés.
Mobilisation dans les Vosges
Dans les Vosges l’association Liouba Lorr'ukraine, elle aussi s’organise. Cette association d’échanges culturels qui accueille régulièrement des enfants ukrainiens habituellement, est prête à accueillir des réfugiés dont les familles de ces enfants. Le président de l’association, Daniel Beddelem indique que plusieurs familles de la région se sont manifestées pour être volontaires. Il espère voir arriver les premières familles cette semaine.
La France veut donner "l’asile à tous les Ukrainiens qui arriveront en Europe", confie Gérald Darmanin à Caroline Roux sur France Télévisons ce lundi 28 février 2022 au matin.
Les fournitures médicales et celles de première nécessité sont acheminées par les associations, par camion jusqu'en Pologne. Des réfugiés fuyant la guerre en Ukraine ont déjà commencé à arriver en Allemagne.