Il y a 81 ans, 300 jeunes étaient raflés par la Gestapo à Nancy. René Rhein était le dernier survivant de cet épisode tragique. Il est décédé à l’âge de 101 ans, le 20 janvier de cette année. Un hommage lui est rendu le 12 mars 2024 à Nancy, dans le cadre des commémorations annuelles des rafles de mars 1943.
Il était le dernier survivant des rafles de 1943 à Nancy. Artiste aux talents multiples, René Rhein est décédé à Laxou dans sa 102ème année, le 20 janvier 2024. Ses dessins témoignent de la barbarie nazie et de son passé de déporté en camp de concentration. Un hommage lui est rendu ce mardi 12 mars 2024, Place Charles III à Nancy (Meurthe-et-Moselle), à l’occasion des commémorations des rafles de 1943, organisées par les associations FNDIR-UNADIF, FNDIRP et les amicales de Mauthausen et Sachsenhausen.
Des dessins qui témoignent mieux que les mots
René n’a que 20 ans lorsqu'il est arrêté par la Gestapo à Nancy, le 2 mars 1943. Débute alors un voyage en enfer. Celui du camp de concentration de Sachsenhausen-Oranienbourg, situé à 30 kilomètres de Berlin, où il doit effectuer son service de travail obligatoire (STO) jusqu’à la Libération, en 1945.
De retour à Nancy, il réalise de nombreux dessins qui décrivent sa vie, son arrestation, son emprisonnement et sa déportation dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Atteint de la maladie d'Alzheimer à la fin de sa fin, nous avions pu le rencontrer en février 2018, avant que ses souvenirs ne s'éteignent peu à peu. Voici le témoignage filmé de René Rhein.
L’histoire de René ne doit pas tomber dans l’oubli
Jean-Pierre Pesson, président de l’UNADIF 54
Jean-Pierre Pesson, fils de résistant déporté et président de l’UNADIF (Union nationale des associations de déportés et internés de la Résistance et des familles de disparus) de Meurthe-et-Moselle, était un ami proche de René Rhein depuis 2013. “Je lui rendais visite tous les quinze jours, il me manque beaucoup. L’histoire de René ne doit pas tomber dans l’oubli”, insiste le président de la délégation départementale de l’UNADIF.
300 déportés entre les 2 et 5 mars 1943 à Nancy
Ils n’étaient ni résistants ni juifs. Pourtant, entre le 2 et le 5 mars 1943, près de 300 hommes, en âge de travailler, sont raflés à Nancy. Ils pensent être convoqués par la mairie de Nancy, en vue d'un recensement. En réalité, il s’agit d'un STO déguisé (service du travail obligatoire), pour répondre aux besoins en main-d’œuvre de l’Allemagne nazie. La plupart sera déportée dans les camps de concentration de Mauthausen (Autriche) et de Sachsenhausen (Allemagne). Seuls 88 d'entre eux reviendront vivants.
Nous avons confié ses œuvres au musée lorrain
Jean-Pierre Pesson, président de l’UNADIF 54
Les créations de René Rhein racontent, mieux que les mots, les horreurs de la guerre. Indispensables témoins de l'Histoire, ses œuvres d’art poignantes ont été récemment sauvées de l’oubli par l’Amicale des anciens déportés d'Oranienburg-Sachsenhausen, la ville de Nancy et le département de Meurthe-et-Moselle.
Vitraux, peintures, témoignages déssinés et écrits, l'ancien déporté a laissé derrière lui de précieux documents. “Nous avons confié ses œuvres au musée lorrain (palais des ducs de Lorraine), à Nancy, dont la réouverture est normalement prévue fin 2029. Elles rejoindront un espace consacré à la Seconde Guerre mondiale”, explique Jean-Pierre Pesson, le président de l’UNADIF de Meurthe-et-Moselle.
Un autre hommage aux victimes des rafles de Nancy est prévu en fin de semaine, 80 ans après une autre rafle, celle du 2 mars 1944, qui a conduit à l'arrestation et à la déportation des derniers Juifs vivant encore dans la ville.