"Il faut savoir rêver", collégiennes et scientifiques mettent à mal les clichés sexistes

À l'occasion d'une journée "Filles, mathématiques et sciences", le lycée Henri-Loritz à Nancy, a invité cent collégiennes à découvrir les métiers de la science, mardi 20 février 2024. Ingénieure, biologiste ou future mathématicienne, les intervenantes ont partagé leur quotidien pour mieux déconstruire les stéréotypes de genre.

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“J’ai une anecdote pour vous : face à une offre d’emploi, un homme qui estime avoir 60% des compétences demandées va postuler. Une femme ne le fera que si elle pense être à 100% qualifiée. Résultat, j’ai attendu dix ans avant d’oser candidater à un poste de scientifique titulaire.”

Chercheuse en biologie à l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE), à Champenoux (Meurthe-et-Moselle), Clémence Bonnot a mis de côté ses travaux, ce mardi 20 février 2024, pour partager son quotidien avec des collégiennes. "Moi, à votre âge, j’avais envie de faire de la science pour sauver le monde. Il faut savoir rêver."

1 800 élèves, dont 18% de filles

Une rencontre organisée par le lycée Henri-Loritz, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), à l'occasion d'une journée "Filles, mathématiques et sciences ". Le but : permettre aux collégiennes du Grand-Nancy de découvrir les métiers de la science et mettre à mal les clichés qui les entourent. Cette année, une centaine d'entre elles ont fait le déplacement, contre quarante l'année dernière.

Parmi elles, Louise, élève au collège Edmond Bloncourt. "Ça fait quelques années que je m’intéresse beaucoup à l’informatique, j’aimerais en faire mon métier plus tard. Principalement, le codage, j’adore ça. C’est tellement vaste, on peut créer à peu près n’importe quoi !" Soutenue par son entourage dans ses choix d'orientation, l'adolescente connait "peu de filles intéressées par les sciences”.

"Notre établissement accueille 1 800 élèves, dont 18% de filles, abonde Romain Martin, proviseur adjoint de l’établissement. Elles sont souvent en tête de classe et veulent faire des études ambitieuses : ingénieur, médecine… Il faut convaincre les jeunes filles de se tourner vers des métiers scientifiques.” 

Déconstruire les stéréotypes de genre

Selon le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, plus de la moitié des jeunes femmes sont diplômées de l'enseignement supérieur (54%), contre seulement 47% des jeunes hommes. Mais elles restent largement sous-représentées dans les filières scientifiques post-bac.

La faute, entre autres, aux stéréotypes de genre qui persistent, selon Marie Dodeville. Étudiante en master 2 de Mathématiques et recherche à Nancy, elle est venue échanger avec les collégiennes sur son parcours. "Même si les filles sont très bonnes en maths, elles vont se dire que c’est une matière de garçons et qu’elles n’y arriveront pas. Ce qui est totalement faux."

Au fil de son parcours universitaire, la jeune femme n'a que rarement été confrontée aux préjugés de genre. "Cette année, dans ma classe, nous sommes huit, et je suis la seule fille. Mes camarades et l'équipe enseignante sont très contents qu'il y ait de la mixité, poursuit Marie Dodeville. Donc si on pouvait être plus, ce serait très bien !"

S'éclater dans les sciences, "c'est possible"

Même son de cloche pour Clémence Bonnot, chercheuse à l'INRAE. "Mon image du chercheur, c'était Einstein. Une personne solitaire, surdouée. Ça ne me correspondait pas du tout, se souvient la chercheuse. La vraie qualité d’un scientifique, c'est la curiosité. Il faut savoir rêver et s’oxygéner. Vous n’êtes pas obligées de travailler cinquante heures par semaine pour être scientifique."

Réussir ses études tout en "s'éclatant dans les sciences, c'est possible", souligne Nadine Antonaccio, IA-IPR de Mathématiques de l'académie Metz-Nancy et co-organisatrice de la journée. "Souvent, les jeunes filles n'osent même pas envisager des études scientifiques. Elles ne se permettent pas le droit à l’erreur, or les sciences et les mathématiques, c'est indispensable !"

Élève au collège Frédéric Chopin, Lina souhaitait "voir si les métiers de la science m’intéressaient vraiment". Si elle ne sait "pas encore" vers quelle branche se tourner, elle "a appris beaucoup de choses : à utiliser plusieurs machines comme une imprimante 3D, une cisailleuse, et à faire des expériences chimiques." De quoi envisager l'avenir sous un autre angle.

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