La Fédération française des motards en colère organise son propre tour de France, celui des “vaches à lait”. Ce relais à travers tout le pays a fait étape à Nancy, le 7 juin, pour dénoncer la mise en place du contrôle technique obligatoire pour les deux-roues.
Alors que la flamme olympique fait le tour du pays pour annoncer la venue des JO, la Fédération française des motards en colère (FFMC) organise le tour de France des vaches à lait pour “interpeller différemment, tout en maintenant la pression sur le gouvernement”. Débuté à Évreux (Eure), lundi 3 juin, ce relais atypique a fait escale à Nancy (Meurthe-et-Moselle) quatre jours plus tard, afin de dénoncer la mise en place du contrôle technique obligatoire pour les usagers à deux-roues.
Un appel au boycott du contrôle technique
Il est 16 heures, vendredi 7 juin 2024, quand le premier petit groupe de motards lorrains de la FFMC de Meurthe-et-Moselle et de Meuse débarque sur le parvis de la préfecture, en plein centre-ville de Nancy. Une bonne demi-heure après, il est rejoint par la délégation champenoise, venue de l’Aube, pour le passage de relais. Exit la torche olympique, ici, c'est le pot au lait qui sert de flambeau. Cohérence avec le thème de ce tour de France oblige, le costume de vache laitière est de rigueur chez certains.
On sait que l’on met notre vie en jeu sur une moto, donc on est très vigilant
Thierry Vacavant, motard depuis plus de 30 ans
Alors que le contrôle technique est obligatoire pour les véhicules légers depuis le 15 avril 2024, la FFMC ne compte décidément pas céder. “Nous appelons au boycott car on nous prend pour des vaches à lait. Ce nouveau contrôle technique ne sert à rien, sauf à ponctionner de l’argent sur le dos des motards. D’après les premiers retours, il y a très peu de refus sur les motos de plus de 125 cm³. Les vérifications faites par les centres de contrôle technique sont déjà effectuées par les motards eux-mêmes et les garagistes. On sait que l’on met notre vie en jeu sur une moto, donc on est très vigilant”, lâche Thierry Vacavant, motard depuis plus de trente ans et l'un des coordinateurs de la FFMC 54-55.
De manière générale, les tarifs du nouveau contrôle technique obligatoire pour les motos, et plus largement les véhicules légers motorisés, vont de 60 à 85 euros. “Il y a 3 millions de motards en France, et chaque contrôle technique coûte au minimum 50 euros, souvent bien plus. Faites le calcul, c’est une taxe déguisée au profit des privés”, fustige Thierry Vacavant. Une injustice pour Babeth, motarde depuis plus de vingt ans. “Je vais payer 70 ou 80 balles pour que l’on passe quelques minutes à peine à regarder ma moto et que l’on me dise au final que tout va bien, qu’elle est en excellent état”, ironise la Nancéienne.
Seulement 0,3% des accidents impliquant un motard sont actuellement dus à un souci d’entretien de la moto
Serge Bounaix, motard depuis 49 ans
Même son de cloche pour tous les autres motards présents. “À l’époque où le contrôle technique a été mis en place pour les voitures, 17% des accidents étaient imputables à l’entretien du véhicule. À l’inverse, selon diverses études européennes, seulement 0,3% des accidents impliquant un motard sont actuellement dus à un souci d’entretien de la moto. Par contre, 30% de ces accidents sont causés par l'état de la route. Il faut donc revoir les priorités. On attend que l’État se saisisse vraiment du problème de la sécurité routière en travaillant sur l’état des routes et la sensibilisation”, insiste Serge Bounaix, 67 ans, coordinateur de la FFMC 54-55 et motard depuis près d’un demi-siècle.
En cas de contrôle technique non effectué, les motards s'exposeront bientôt à 135 euros d’amende. L’addition pourrait même atteindre les 750 euros, s’ils sont condamnés par un tribunal de police. Mais pas question de lâcher pour Fédération française des motards en colère. “On continue le combat car aucune étude n’a jamais démontré que le contrôle technique augmente la sécurité routière sur les deux-roues”, conclut Serge Bounaix.
Le tour de France des vaches à lait rejoindra Épinal (Vosges) le 8 juin à 14 heures, avant de poursuivre sa route vers Strasbourg (Bas-Rhin) le 9 juin, en pleines élections européennes. Il s'achèvera à la fin du mois, avec une arrivée prévue à Paris, le 29 juin 2024.